Only Once

Chapitre 66

Je tends le dos en entendant la voix de mon père à travers le téléphone. Son timbre est rauque, et je devine qu'il a pleuré.

- Salut ma puce.

Je ne veux pas. Je ne veux pas lui parler, j'ai trop peur de ce qu'il a à me dire. Je veux raccrocher, ouvrir les yeux et me retrouver dans ma chambre à Bordeaux, me disant que tout ça n'était qu'un rêve et que je vais retrouver ma mère aussi distante qu'elle l'a toujours été.

Mais je n'ai pas le choix. Je suis bel et bien à Philadelphie, à des kilomètres d'elle, et mon père est bien en larmes au téléphone.

- Je t'en prie papa ne pleure pas, soupiré-je, essayant de contenir les miennes.
- Je suis à l'hôpital Sienna.

Je ne peux plus retenir mes larmes et je pleure comme une petite fille. June, qui est toujours à mes côtés, prend ma main dans la sienne et la sert très fort, pour me montrer qu'elle est là, pour moi.

Mes sanglots m'empêchent de parler. De toute façon je ne sais pas quoi dire à mon père.

- Ma chérie, on a dû l'hospitaliser d'urgence, elle était vraiment en mauvaise état...

Je souffle un bon coup essayant comme je peux de reprendre mes esprits.

- Est-ce que... est-ce que c'est fini ? Lui demandé-je.
- Les médecins essayent de la sauver mais là... Écoute Sienna je ne vais pas te mentir, c'est vraiment pas bon.

Et je pleure de plus belle, ce qui pousse June à me serrer un peu plus fort. J'ai les yeux rivés sur nos mains jointes et n'ose plus bouger la tête.

- Tu veux lui parler ? Dit-il.

J'acquiesce et entends des chuchotements lointains.

- Coucou ma puce, murmure ma mère.
- Oh maman..., pleuré-je. Maman...
- Shhhhhh. Calme-toi ma puce ça ira ! Je suis forte tu sais. Je vais m'en sortir, j'en suis sûre.
- Ne me laisse pas maman.
- J'ai tellement de choses à te dire, commence-t-elle à pleurer elle aussi.
- Tu me diras tout ça en vrai.
- Non, attends. Tu sais, j'ai bien conscience de ne pas avoir été une bonne mère. Et si tu savais comme je m'en veux...

Je l'entends sangloter et mon cœur se comprime de plus en plus. Je ne veux pas qu'elle me dise ça. Je veux que tout redevienne comme avant.

- Je regrette à un point que... Que je te promets que je rattraperai tout ça. Toutes les sorties mère-fille que je ne t'ai jamais offertes, toutes les discussions sur tes amies et tes amours que l'on n'a jamais eues... Ça va changer je te le jure.
- Maman...
- Parce que je t'aime Sienna. C'est vrai que je ne t'attendais pas, et que je ne me sentais pas avoir l'instinct maternel, mais tu es sincèrement la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie. Et je remercie dieu de m'avoir permis de tomber enceinte et d'avoir une fille comme toi, parce que tu es une jeune femme extraordinaire. Si j'avais pu décider des éléments de ma vie, je t'aurais prise comme fille. A chaque fois. Dans, chacune de mes vies. C'est moi qui n'était pas à la hauteur, et je ne m'en rends compte que maintenant. J'espère que tu pourras nous pardonner, à ton père et à moi, toutes nos erreurs.

Mes larmes ne cessent de couler pendant de longues secondes suite à son discours. Je ne pensais jamais entendre ça de sa bouche un jour. J'ai tellement rêvé que l'on devienne proches, que l'on partage des choses... J'ai voulu tellement de fois l'entendre me dire ces choses-là, que j'ai l'impression que ça sonne comme un adieu, et ça, il en est hors de question.

- C'est pardonné maman. On rattrapera le temps perdu ne t'en fais pas. Je sais que tu vas t'en sortir, t'es une battante. Je vous aime tellement papa et toi... Ne l'oublies jamais.