Chapitre 5

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Mais comment je vais faire pour travailler avec lui ... Je serai incapable de me concentrer. À l'annonce du groupe que je dois former avec Aaron, mes joues rougissent instantanément. Je regarde dans sa direction, il m'ignore complètement. Visiblement, ce sera à moi de venir vers lui.

Lorsque tout le monde quitte la salle, je prends un rythme de marche rapide pour le rattraper. Je pose ma main sur son bras afin qu'il se retourne. Il prend un air contrarié.

Bon, du coup on est ensemble pour ce travail. Comment veux-tu qu'on s'organise ?
— Je suppose que l'on devra passer du temps ensemble ?

Ça a l'air de fortement le déranger. Je suis vexée et ça se lit sur mon visage.

— Tu sais, si ça te déplait tant que ça, pourquoi as-tu levé la main ?

— Je n'avais pas compris que c'était toi qui était seule, dit-il en haussant les épaules.

Non mais il le fait exprès ? 

— Je vois... Et bien on peut faire ça à distance si ça t'ennuie tant que ça que l'on passe du temps ensemble !

Je tourne les talons, déterminée, mais il me rattrape par le poignet en le serrant.

Ça n'est pas ce que j'ai voulu dire. C'est juste que je ne veux pas qu'on fasse ça après les cours. Je passe déjà toute ma journée sur une putain de chaise à écouter des gens parler, il est hors de question que je bosse les cours le soir.

— Ok, soupiré-je. Alors que proposes-tu ?
— On fera ça le week-end. Vendredi soir 19h dans TA chambre, lâche-t-il en me tournant le dos pour repartir.

Pardon ? M'exclamé-je. Tu ne m'imposeras sûrement pas le jour et l'heure. Ça ne va pas non ? 

Il se retourne vers moi la mâchoire serrée, et avant qu'il ne puisse répliquer, je reprends fièrement :

— Et puis, j'ai déjà quelque chose de prévu vendredi soir.
— Ah ! Tiens donc ! Et je peux savoir ce que tu as à faire de mieux ?
— Ça ne te regarde pas Aaron.

Il se met à rire avec un regard dédaigneux.

— Tu dis ça juste pour m'emmerder et me tenir tête Sienna.

— Et bien non ! Puisque tu veux tant le savoir Aaron, je dîne avec Dan vendredi soir. Tout ne tourne pas autour de toi.

Son visage change d'expression. Il a l'air ... Étonné ?

Bon, continué-je en adoucissant le ton, est-ce que samedi ça t'irait ? Disons 16h ?
— Va pour samedi 16h crache-t-il en tournant les talons.

Je soupire bruyamment d'exaspération. Je sens que ça va être sympa de travailler avec lui !

Les derniers cours passent et je rentre dans ma chambre. Je pose mes affaires et lis un mail de ma mère :

" Ravie que tout se passe bien pour toi. Ton père a décroché le contrat de la nouvelle école de Bastide."

Je calcule l'heure qu'il est en France, 12h. J'ouvre mon ordinateur et lance Skype afin de discuter un peu avec mes parents. Ça fait deux semaines que je ne leur ai pas parlé, et malgré le fait qu'ils ne me manquent pas vraiment, j'aime savoir ce qu'il se passe là-bas.

Une fenêtre s'ouvre dévoilant ma mère dans son éternel tailleur.

— Oh Sienna je préfère que nous planifions des appels comme celui-ci. Tu sais que je n'ai pas beaucoup de temps.
— Bonjour à toi aussi maman !

Elle soupire.

Bonjour ma chérie excuse-moi. Je pars au tribunal pour l'affaire Fradin cette après-midi, je suis préoccupée.
— Oh c'est aujourd'hui ! Bon courage alors. Ça va papa et toi ? Et grand-mère ?
— Oui la routine tu sais, rien de nouveau. Ta grand-mère est encore tombée la semaine dernière. On envisage sérieusement de la mettre en maison de repos.

Nous continuons à discuter pendant quelques minutes de Bordeaux et de la famille.

Après avoir raccroché, je me rends compte qu'elle ne m'a même pas demandé comment ça se passait pour moi ici. Pas une seule question sur les cours, Philadelphie et la vie ici.
Voilà... c'est ça ma mère. Elle ne s'intéresse absolument pas à moi.
Même si elle ne me l'a jamais vraiment confirmé, je sais que je suis un "accident", que je n'étais pas forcément voulue et que si elle avait pu, elle n'aurait jamais fait d'enfant.
Elle n'est, de toute façon, pas faite pour ça. Elle n'a pas du tout l'instinct maternel, n'a jamais aimé passer du temps avec moi.

Cependant, concernant les devoirs, elle était très stricte. Quitte à avoir une fille, autant qu'elle ne lui fasse pas honte ! Alors je devais toujours être la meilleure de la classe, la plus jolie, et surtout ne jamais me faire remarquer ! 


Nous sommes vendredi et Dan passe me prendre dans une heure pour m'emmener dîner. Je suis toute excitée et en même temps stressée. Ça me fait toujours cet effet lorsque j'ai un rendez-vous avec un garçon.

Je lisse mes longs cheveux blonds pour éviter les petits frisottis. J'applique du mascara et un rouge à lèvres Bois de Rose sur ma bouche.
Je choisis une jolie robe noire qui moule mes formes et m'arrive juste au-dessus des genoux. J'enfile une paire d'escarpins noirs tout simples et me parfume légèrement.

Je sursaute lorsque l'on toque à la porte. Je prends une profonde inspiration, et ouvre à Dan.

Il est super beau dans sa chemise blanche et son pantalon bleu marine.

— Tu es ... tu es très jolie Sienna, dit-il tout bas.

Je rougis face à ce compliment et prend mes affaires pour le suivre à l'extérieur.

Dans la voiture nous écoutons de la musique et en apprenons un peu plus l'un sur l'autre. Il est fan de rap américain et uniquement de rap américain tandis que moi, j'ai des goûts très éclectiques. Il adore les films d'horreur, et je les déteste. Je constate nous n'avons pas vraiment de points communs, mais pas de quoi me décourager !

Nous arrivons très vite devant le charmant restaurant où Dan a réservé une table pour nous deux. En poussant la porte, je suis émerveillée face à la décoration chaleureuse. Nous nous installons à une petite table ronde en bois dont les pieds sont en fer forgés. Un chandelier orne la table. Le tout est très romantique.

Nous commandons nos plats et discutons de tout et de rien à la fois. Nous faisons connaissance, parlons de la vie de chacun, de ce que l'autre aime.

Tu sais Sienna, ton accent m'impressionne beaucoup. Je ne suis pas sûr que j'aurai deviné que tu étais française !
— Oh c'est gentil. J'ai toujours adoré apprendre les langues étrangères. C'est comme un hobby pour moi ! En tout cas, je voulais sincèrement te remercier pour ton invitation à ce dîner, ça m'a fait très plaisir.

Je t'en prie. Ça fait deux semaines qu'on se connaît, et j'avais envie d'en savoir plus sur toi, de partager des moments que tous les deux. 

Un sourire se plaque sur mes lèvres. Il lève furtivement les yeux vers moi avant de baisser le regard sur son assiette.

— Je crois que tu me plais en fait, lâche-t-il en riant de nervosité.

Je suis gênée mais très heureuse de savoir que je lui plais aussi.

Et c'est réciproque Dan. Je t'aime vraiment bien ...

Mais il se rembrunit et fronce les sourcils. Je m'aperçois qu'il regarde derrière moi. Je me retourne, stupéfaite.

Tiens ! En voilà un heureux hasard ! S'exclame Aaron, les mains dans les poches debout devant moi.

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