Lettre

869 84 23
                                    


Bonjour Max',

Je dois bien avouer que j'ai été surprise de savoir que tu n'étais pas Quentin. J'avais d'abord cru qu'il m'avait répondu et je n'ai pas pu lire ta lettre avant le soir, une fois dans ma chambre. J'ai été un peu déçue, mais la surprise a pris le dessus. Tu devais sûrement t'y attendre que je le sois. Ensuite, j'ai hésité à te répondre. J'ai d'abord pensé à un canular, une farce que des garçons me faisaient. Je sais, j'imagine un peu tout et n'importe quoi, mais c'est logique, non ? On ne se connaît pas, tu as entre tes mains la lettre destinée à Quentin et tu me réponds. J'ai ensuite lu plusieurs fois ta lettre et je me suis dit, pourquoi pas ? On verra ce que ça donnera.

Je voulais connaître ton prénom pour savoir à qui j'avais affaire, mais après une nuit de sommeil, je me suis dit que ce n'était pas plus mal que je ne sache pas pour l'instant, je vais donc t'appeler Max' comme tu me l'as suggéré. Plus tard, si j'en ai le courage et si je constate que tu es vraiment sincère avec moi, je te demanderais qui tu es vraiment. Mais tu as raison sur un autre point, ne pas mettre un visage sur ton prénom m'aidera peut-être à te parler. Je suis quelqu'un de timide et si je sais qui tu es je n'oserais peut-être plus te parler. C'est assez paradoxal ce que je dis, non ?

Mes amis m'appellent Angéline, mes parents et mon frère Angy, alors je te laisse le choix, appelle-moi comme tu veux. Pour les salutations, je suis de ton avis.

Faire au feeling, ça me va, on verra bien ce que ça donnera.

Il est vrai qu'on ne doit pas vraiment faire attention au comment les gens nous saluent. Maintenant qu'on en parle, j'y fais moi-même attention.

Des filles s'approchent de toi pour te sourire, j'imagine que tu dois être mignon, enfin, les filles qui s'approchent des garçons avec quelque chose derrière la tête doivent forcément trouver le garçon beau, non ? Tu ne t'intéresse donc pas aux personnes que tu ne connais pas ? On dirait un point en commun qu'on a, mais je l'interprète peut-être mal. Je crois que ça nous interpelle une fois qu'on en parle car en temps normal, on ne réalise pas vraiment.

Je ne pensais pas être observée, en tous les cas, je n'ai jamais rien remarqué. Maintenant que tu me le dis, je ne peux m'empêcher de regarder autour de moi, tu dois vraiment être discret. Je ne pensais même pas pouvoir intéresser qui que ce soit, moi qui me fais pourtant si transparente. C'est certain que si tu m'avais approché de la façon dont tu le décris, je me serais encouru. C'est bien la première fois qu'on me dit que j'ai tapé dans l'œil de quelqu'un, ça ne m'était même jamais arrivé. Qu'est-ce que j'ai pour que tu t'intéresses à moi ? Pourquoi m'observer ? Me détailler ? Tu es bien la seule personne qui fait attention à moi, en dehors de ma famille bien sûr. Il y a bien Ambre, car effectivement, je la connais. Elle est assez spéciale, je crois qu'elle veut m'enrôler dans sa façon de vivre, mais je suis bien trop réservée pour ça.

J'ai entendu parler de la façon dont elle a abordé Quentin, elle en rigole d'ailleurs, c'est le genre de fille qui n'a pas froid aux yeux, tout mon contraire. Elle n'est pas restée sur le fait qu'il l'ait gentiment éconduit, elle a déjà jeté son dévolu sur quelqu'un d'autre. C'est ça, l'amour ? On est rejeté par quelqu'un alors on cherche une autre personne ? J'ai toujours pensé que le sentiment d'amour, lorsqu'on aime vraiment une personne, ça devait être quelque chose de fort, qu'on ne pouvait pas tourner la page facilement.

Tu dois te demander de quoi je parle. Alors que moi-même j'ai voulu me déclarer à Quentin avec ma lettre, n'est-ce pas ? En fait, je ne sais pas si je suis amoureuse de lui, comme je l'ai dit dans ma première lettre qui était adressée à lui, mais que tu as lu, je mentionnais que je croyais l'aimer et c'est un sentiment qui me bouffait un peu. Peut-être que c'est un béguin ? Tu sais, le genre de petite amourette parce qu'on vénère quelqu'un ? Qu'on l'admire ? Je crois que le sentiment « aimer » est assez compliqué en soi.

Parle-moi d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant