Maxime

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Je n'ai pu m'empêcher de venir, étant bien trop inquiet pour Angeline. J'ignore ce que je dois faire, mais je ne peux rester chez moi à me tourner les pouces. Ce besoin de venir sur place est viscéral.

Je m'assois dans la salle d'attente auprès d'un homme qui se triture les doigts. Je l'observe du coin de l'œil, il fait de même.

— Tu es apparenté au docteur Meyer ?

— Je suis son frère, répondis-je.

— Je me disais aussi qu'il y avait un air de famille, souffle-t-il.

Je ne suis pas surprit. Jimmy et moi on se ressemble beaucoup.

— C'est votre sœur qui est avec lui ?

Inutile de me faire un dessin, surtout que je sais qu'Angy est en ce moment même avec mon aîné.

— Oui, elle est malade.

— Du cœur...

— Exact.

— Vous êtes inquiet ?

— Oui, beaucoup.

— Mon frère sait ce qu'il fait.

— Je n'en doute pas, tu as aussi des problèmes de cœur ?

Je ne suis pas offusqué à ce qu'il me tutoie. Je préfère, même.

— Non.

— Tu es donc là en simple visite...

— Oui, c'est grave vous croyez ce qu'à... Angeline ?

— Tu es un ami de ma sœur ?

— Pas vraiment, on est dans le même lycée. Je l'ai aperçue partir avec mon frère.

— Tu l'as donc reconnue de loin...

— Il n'est pas difficile de la reconnaître où qu'elle soit.

— Pourquoi ?

— Parce que sa personnalité est unique, souris-je.

— C'est vrai. On se tutoie ? Ça ne te pose pas de problème ?

— Non.

— Ma sœur va sûrement te reconnaître puisque vous êtes dans le même lycée.

— Je ne sais pas si Angeline sait vraiment qui je suis, elle est très effacée.

— C'est vrai, c'est dans son caractère. Je me trompe ou toi tu l'as repérée ?

Je ne lui réponds pas, mais je fixe un point devant moi, les lèvres étirées.

— Je m'en doutais. Tu n'es pas insensible au charme de ma sœur, je ne pensais même pas qu'elle avait réussi à attirer un garçon !

— Ce n'est pas ce que tu crois.

— Et qu'est-ce que je suis censé croire ?

— Rien, tu n'as pas à t'inquiéter de ce côté-là, je ne lui veux aucun mal.

— Même si je ne te connais pas, je te crois et pourtant, je ne suis pas du genre à donner ma confiance aussi vite.

— Merci, en fait, on ne se parle pas au lycée, je l'ai seulement vu plusieurs fois.

— Ma sœur est très timide.

— J'avais constaté.

— Tu comptes suivre les mêmes études que ton frère ?

— Non, je me dirige vers autre chose.

Les minutes s'écoulent. On parle d'un peu de tout, notamment de mon sport favori. La discussion est facile avec lui, bien qu'il soit tracassé par l'état d'Angy.

J'aperçois Jimmy, Corentin également. Il se lève, j'en fais de même, mais je reste en retrait.

— Il y a un problème ?

— Je ne peux me formaliser pour l'instant. Il faudrait que je lui fasse une échographie cardiaque trans œsophage.

Ce n'est pas ce que tu viens de faire ?

Non, normalement, je ne pouvais pas faire une échographie cardiaque sans l'accord de tes parents, je me suis contenté de ta signature, mais pour l'autre, sans leur accord à tous les deux je ne peux pas la faire.

— Mais tu as déjà une opinion, non ?

— Je dois faire cette échographie pour pouvoir répondre avec exactitude. Il me faut cet accord, Corentin.

— Ils ne voudront jamais...

—Viens avec moi quelques minutes.

— Je ne peux pas laisser Angeline.

— Ne t'inquiète pas, elle t'attendra dans la salle d'attente, nous n'en avons pas pour longtemps.

— Bien, elle restera dans ce cas avec ton frère.

— Mon frère ?

Je me décale pour qu'il me repère et fait un mouvement de tête qu'il me rend.

Il s'éloigne ensuite avec Corentin. Je me rassois.

Peu après, c'est au tour d'Angeline d'arriver tout en se frottant les yeux. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine. Elle est si pâle ! Et semble si épuisée. Je n'ai qu'une envie, la serrer dans mes bras !

Elle s'arrête lorsqu'elle m'aperçoit. Je ne dis rien.

Lentement, elle s'approche et s'assoit à côté de moi, ses mains posées sur ses genoux. Pourquoi prend-elle place à mes côtés ? Je l'ignore, mais tant mieux !

Les minutes s'écoulent, on ne se parle pas. Pourtant, j'aimerais lui dire quelque chose. N'importe quoi ! Mais rien ne me vient à l'esprit. Je ne peux faire une bourde. Elle ignore que c'est avec moi qu'elle échange des lettres et je ne veux pas la mettre mal à l'aise.

Elle se frotte à nouveau les yeux. Sa fatigue m'interpelle. Je me tourne vers elle.

— Ça va ?

— Oui, murmure-t-elle sans me regarder.

— Tu es sûre ? Tu es toute pâle...

— Je... Je vais... bien...

— Ce n'est pas l'image que tu renvoies, tu m'as l'air fatiguée.

— Oui...

— Si tu veux, tu peux te reposer un peu sur mon épaule, osé-je proposer.

Elle relève enfin les yeux vers moi. Dans un chuchotement, elle me remercie, mais ne fait aucun geste vers moi pour autant. Je ne réfléchis pas, je prends les devants. Je soulève mon bras, le passe derrière elle et doucement, l'attire contre moi. C'est un geste osé, inapproprié, j'en ai bien conscience, mais je ne peux rester là sans rien faire.

Elle se laisse faire, rougit même. Mon pouls bat furieusement vite.

Sa tête se retrouve contre ma poitrine, ses mains s'accrochent à mon sweat. Elle est crispée, mais ne se recule pas. Je ne bouge ni ne parle, de peur qu'elle se retire d'entre mes bras. J'aurais préféré qu'elle s'y retrouve dans un autre contexte, mais c'est mieux que rien. Au moins, elle peut se reposer un peu sur moi.

Rien que de l'avoir ainsi contre moi, même si notre position n'est pas des plus adéquates, j'ai l'impression de fondre littéralement sur place. Ce dont je rêve depuis bien longtemps est en train de se produire ; elle dans mes bras, la toucher, la respirer... Je ne désire qu'une chose ; que le temps s'arrête.

Parle-moi d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant