Maxime

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Je plie les feuilles pour les ranger dans mon sac de sport, dans une pochette sur le côté.

Assis sur un long banc entre les casiers dans les vestiaires, je n'ai pas encore été prendre ma douche pour pouvoir me retrouver seul un moment après l'entraînement. Depuis que j'ai vu l'enveloppe calée dans la fente de mon casier sur le temps du midi, je n'ai eu qu'une envie : pouvoir la lire. Mais les cours ont débuté et l'entraînement a suivi. Je n'ai donc pas trouvé un seul moment pour lire, sauf à l'instant.

Les autres vont revenir, je peux entendre les rires qui fusent dans la pièce d'à côté. Moi, je ne pense qu'à tout ce qu'Angeline a retranscrit dans sa lettre et qui tournoie dans ma cervelle.

Cet échange de courrier me plaît beaucoup, même si ce n'est pas courant. Ça me fait du bien, et je peux discuter avec une personne de tout et de rien, pas comme ces pimbêches qui rampent à mes pieds ou à ceux de Quentin pour attirer notre attention.

Angeline m'a intéressé au premier coup d'œil. Jusqu'à maintenant, je n'ai pas pu trouver comment m'en approcher. Maintenant que c'est chose faite, je veux en apprendre le plus possible sur elle et qu'elle apprenne à me connaître, même si c'est à travers des lignes écrites sur du papier. Je me moque que ce ne soit pas habituel, c'est notre secret, rien qu'à nous et peut-être qu'un jour, on se verrait, l'un en face de l'autre, pour se parler, boire un verre...

Pour l'instant, je préfère en rester aux lettres et voir ce que ça va donner. Je ne dois pas brûler les étapes. Je le ressens, avec Angeline, il faut y aller en douceur.

Il faut que je me renseigne sur ce qu'est un souffle au cœur et ce que l'on peut faire pour soigner cela. Si je peux ne fut-ce que venir en aide à Angeline avec des informations et bien je vais le faire. C'est mieux que rien. Puisque ses parents la surveillent et que moi j'ai les mains libres, je peux faire ça pour elle. Ensuite, je lui dirais ce que j'ai découvert et après, je verrais bien. Mon frère me dit souvent : chaque chose en son temps.

Je dois justement le voir aujourd'hui. Je vais en profiter pour lui demander ce qu'il sait sur cette maladie. Il faut que je vois également Cyrill et le connaissant, il ne peut être que dans un seul endroit à ses heures perdues : la bibliothèque.

Une tape sur mon épaule me tire de mes pensées et je lève mes prunelles sur la personne qui prend place à côté de moi. Vêtu seulement d'un pantalon, une serviette autour du cou, les cheveux humides et en bataille, mon meilleur ami me sourit. Cependant, je peux percevoir une certaine inquiétude dans ses iris. Quentin est ainsi, toujours à s'en faire pour les autres. Il ne changera jamais et j'aime cette qualité qu'il possède.

— Tu es dans la lune, Max'.

— Ne dis pas de bêtise.

À d'autres, quelque chose t'ennuie, je le vois bien. Tu aurais pris ta douche en même temps que nous, sinon.

— Je voulais un moment de calme, rien de plus.

— Mouais...

— Bon, j'y vais de ce pas d'ailleurs.

— On rentre ensemble ?

— Comme d'hab', répondis-je en se levant.

Je pars vers les douches pendant que d'autre membre de mon équipe reviennent dans les vestiaires en rigolant. J'ai bien conscience que c'est une forme de fuite ce que je viens de faire, mais je ne peux rien dire à Quentin. Angeline est mon secret.

***

Comme je l'aie pensé, je trouve Cyrill à la bibliothèque. Je m'avance vers lui. Il n'est pas loin de dix-sept heures et finalement, je ne suis pas parti avec Quentin comme convenu. Il s'est désisté au dernier moment en me faisant les yeux doux. Il désirait accompagner Marion en ville pour un achat qu'elle avait envie de faire. Comme j'avais moi-même des projets, je n'ai pas rechigné et lui ai donné une tape sur l'épaule. Je lui ai assuré que ce n'était rien, qu'il pouvait partir avec sa copine.

Parle-moi d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant