Lettre

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Bonjour Max',

Je suis ravie de voir que tu me comprennes et que tu trouves normal mon ressenti à ton égard, et je dois bien avouer aussi qu'échanger des lettres avec toi me fait plaisir, ça me fait même du bien et me sort un peu de mon quotidien habituel. Je serais ravie de continuer sur ce chemin-là avec toi, même si c'est par écrit, ça me donne vraiment l'impression que tu es sincère avec moi, chose qui arrive très peu de nos jours.

Mes amis, je ne les prends pas en tant que tel. Je ne sais jamais ce qu'ils pensent, ce qu'ils veulent vraiment et ce que leurs sourires ou leurs regards peuvent cacher. Tu vas me dire qu'on ne peut connaître vraiment une personne et c'est vrai, mais moi, je n'arrive pas à définir si quelqu'un se moque de moi ou non. Peut-être parce que je ne m'approche pas plus que nécessaire de ces gens-là, que je ne leur fais pas assez confiance, ça aussi c'est vrai. Enfin, c'est assez dur à expliquer, je ne sais pas si tu comprends ce que j'essaie de dire.

C'est vrai que j'ai été surprise que tu ne sois pas Quentin, mais si tu veux bien, arrêtons de parler de lui, d'accord ?

Je suis quand même ravie que tu ne me prennes pas pour une folle avec tout ce que j'ai pu imaginer dans ma petite tête. Tout ce que je constate, c'est que tu as l'air d'être quelqu'un de bien et de gentil, même si en disant cela, je me fais passer pour quelqu'un de guimauve, tant pis ! On apprendra certes pas à vraiment se connaître via des lettres, mais c'est un début je pense pour sympathiser et puisque tu n'es pas contre, je ne le suis pas non plus, tant que ça reste correct. Adviendra que pourra, j'aime assez cette formule.

Je suis contente aussi que tu penses comme moi et c'est vrai, pour parler j'ai plus facile à faire ainsi, par écrit, alors qu'on ne se connaît pas. Le jour où tu veux tout arrêter, dis-le-moi et je ne t'écrirais plus.

Tu as questionné ton meilleur ami pour le salut ? Ça a dû te turlupiner les méninges dans ce cas. Figure-toi que c'est pareil avec l'une de mes amies, j'y ai fait attention. Je pense qu'on est tous comme ça, on dit « salut » à tout va.

C'est trop chou la façon dont ta mère te surnomme, si une autre personne t'appelait comme ça, tu réagirais comment ? Je crois que ce serait assez comique de te voir te faire appeler ainsi, tes amis auraient un bon petit fou rire s'ils le savaient je pense. Ça doit sûrement être ton petit secret, ce que je comprends parfaitement. Fiston, c'est commun, mon père dit de temps en temps la même chose à mon frère, sûrement que presque tous les pères appellent leurs fils de la sorte. Pour ton frère, tu me donnes l'impression d'avoir un bon lien avec lui, vous devez être proches.

Tu n'aimes pas que les filles te collent ? C'est bizarre venant d'un garçon, généralement, les mecs qui se trouvent beaux jouent de leurs atouts, comme les filles je crois. Je joins ce que tu affirmes, beaucoup regardent au physique de nos jours alors qu'il faudrait faire l'inverse, mais rare sont les personnes qui le font. Je n'aime pas ceux qui sont intéressés par nous par intérêt, je trouve ça faux. Tu as un caractère qu'on ne pourrait pas soupçonner à l'œil nu je pense, comme beaucoup d'entre nous. Comment tu es avec ceux qui t'entourent ? Souriant comme Quentin ? Plus à l'écart ? Genre je m'en fous ou au contraire ? Je ne cherche pas à savoir qui tu es, mais plus à deviner un peu ton caractère avec ce que tu me dis.

Pour être discret tu dois l'être, je n'ai jamais vu quelqu'un m'observer et tu as raison, je ne dois pas me prendre la tête avec ça. Autant me fier à tes lettres et toi aux miennes. On ne m'avait encore jamais dit que j'étais mignonne à part mon frère.

Ma tristesse, j'ai du mal à la cacher, c'est peut-être pour ça que tu l'as remarqué et si toi tu l'as vu, beaucoup d'autres ont dû voir la même chose. C'est peut-être pour ça aussi que je suis parfois rabaissée ou qu'on se moque de moi, mais je n'y fais pas gaffe, je m'en fous à vrai dire. Je préfère rester enfermée dans ma petite bulle bien à moi, sans faire attention au regard des autres, même si parfois, certaines mesquineries font mal. Je pense que c'est le lot de tous adolescents, et ce, pour quoi que ce soit, pour ce que l'on est.

Parle-moi d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant