Maxime

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Assis sur mon lit, le dos calé contre mes coussins, je plie les feuilles et les remet dans l'enveloppe. Chaque fois que je lis l'une de ses lettres, mon cœur bat plus vite. Rien qu'avec ce simple échange, elle arrive à me retourner complètement et à faire naître un sourire béat sur mon visage. Ça fait bien longtemps que je n'ai plus ressenti ce bien-être par rapport à une fille et qui plus est, avec qui aucun contact physique ne se fait.

Je n'ai pas pu faire autrement que d'attendre le soir pour lire sa lettre, ayant eu une grosse journée et un entraînement intense en fin d'après-midi. Le match approche et toute l'équipe est à cran, cela se sent à leur façon de jouer. Je ne vois pas pourquoi je devrais être fébrile. On va jouer, se souder, utiliser nos techniques qui changent régulièrement et point, ce sera dans la poche. Je suis confiant, je le suis toujours et ce n'est pas maintenant que je vais commencer à paniquer avant un match.

Je me penche sur le côté et ouvre mon tiroir pour y mettre l'enveloppe, avec les autres. Il est inutile que je cache quoi que ce soit, personne ne viendra fouiner, encore moins ma mère qui n'entre jamais dans mon antre sans ma permission. On ne peut rien me reprocher et c'est moi qui m'occupe du rangement et du nettoyage de ma chambre.

Un coup est frappé contre ma porte. Pendant que je me redresse, elle s'ouvre pour laisser place à ma mère à la longue crinière noire. Comme toujours, elle affiche un doux sourire, que je lui rends.

— Bonsoir Maxime.

— Bonsoir maman.

— Je suis désolée pour ce soir, je venais juste voir si tu voulais que je te prépare quelque chose à manger.

— Ne t'inquiète pas, je me suis préparé un petit quelque chose en rentrant.

— C'est vrai que tu n'as pas vraiment besoin de moi pour ça, cela m'attriste un peu car bientôt tu suivras le même chemin que ton frère et tu quitteras la maison...

— Maman, ne te fait pas de mal ainsi, je suis encore là, non ?

— Oui, mais parfois je me dis que tu partiras toi aussi...

— Et ce jour-là, tu seras surprise que Jimmy te donne un petit enfant et tu deviendras grand-mère !

— Ne dis pas ça voyons ! rougit-elle. Mon Dieu, si ton frère t'entendait...

Je m'esclaffe en imaginant mon frère avec un bambin dans les bras. Non, je ne peux y arriver, c'est chose impossible ! Je ne vois vraiment pas Jimmy sous ce jour-là, mais au moins, je viens de faire rire ma mère. J'apprécie beaucoup nos moments de complicité.

Lorsqu'elle se calme, elle s'assit à côté de moi, au bord du matelas.

— Sinon, ça va les cours ?

— Tout baigne, maman.

— Et les entraînements ?

— Comme d'habitude, on dirait vraiment que je parle à une amie là !

— Mais non, rigole-t-elle. Je m'intéresse seulement à ta vie. Tu as été voir ton frère au fait ?

— Oui, je ne loupe jamais nos rendez-vous et avant que tu me le demandes, il se porte bien !

— Ah, mais je le sais, je l'ai vu ce matin !

— Pourquoi tu me demandes si je l'ai vu alors que visiblement, tu connaissais déjà la réponse ?

— Pour te faire parler.

— Et ça marche, quel abruti je suis quand même ! Et papa, il n'est pas là ?

— Non, aujourd'hui c'est soirée entre collègues !

— Ah, voilà pourquoi tu cherches un sujet de conversation avec moi.

— Mais non...

— Je pense que je vais descendre pour mater un film, lancé-je.

J'ai très bien compris qu'en réalité, ma mère ne veut pas rester seule.

— Moi je vais préparer le pop-corn !

Qu'est-ce que je disais... Elle se lève d'un bond et quitte ma chambre en courant. J'éclate de rire. Depuis le début de notre conversation, c'était ce qu'elle voulait.

Le sourire ne me quittant pas, je me lève. Ma mère est une femme à part et pour rien au monde je ne veux en changer. Elle est ainsi et c'est comme ça que je l'adore.

Mon regard s'attarde sur mon tiroir fermé. J'aurais pu avoir le temps ce soir, mais la réponse à Angeline se fera demain. Les heures à venir, je vais les passer avec ma mère, même si écrire une nouvelle lettre à Angeline me brûle les doigts.

Pour ne pas céder à la tentation, je quitte ma chambre, bien décidé à aller rejoindre ma mère qui doit trépigner d'impatience sur le fauteuil, plat de pop-corn sur les genoux, la télécommande dans une main.

Je vais la rejoindre, mes lèvres s'étirent. Elle est exactement comme je l'avais imaginé. Je la connais si bien... Je ne l'a fait pas attendre plus longuement et m'installe à côté d'elle et prend une poignée de pop-corn pendant qu'on regarde ce qu'on pourrait bien visionner sur Netflix.

Parle-moi d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant