Angeline

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Un doux sourire orne mes lèvres tandis que je termine ma lecture. Comme la fois précédente, je presse les feuilles contre ma poitrine.

J'adore vraiment les courriers de Max'. Il me permet de m'évader, de penser à autre chose et ça me fait un bien fou. J'ai même envie de lui répondre immédiatement ! Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon.

Je me lève de mon lit, mais je me fige en entendant des éclats de voix. Ça crie fort. Je fronce des sourcils. Que peut-il bien se passer ?

Je range ma lettre dans le tiroir de ma table de nuit, juste au-dessus des autres et me dirige ensuite vers la porte de ma chambre que j'ouvre. Je sors dans le couloir et avance en direction des escaliers. Plus je m'approche, plus mon pouls s'affole. D'après ce que je peux entendre, mes parents sont en train de se disputer avec mon frère. Mais pourquoi ?

A pas de loup, je descends jusqu'au milieu des marches. Je m'accroupie pour me cacher le plus possible et observe ce qui se passe dans le salon qu'on peut apercevoir depuis la cage d'escalier.

Corentin est face à notre père qui a l'air très énervé et maman pleure. En voyant ça, ma poitrine se compresse atrocement, ce qui me fait mal. Je ne me manifeste pas, écoutant plutôt ce qui se dit.

— Bon, Corentin, tu vas te calmer maintenant.

— Me calmer ? Tu te fiches de moi, papa ?!

— S'il te plaît mon chéri..., tente maman en séchant ses larmes.

— Mais bordel, quand est-ce que vous allez vous bouger pour Angy ? Elle souffre ! Je ne peux plus supporter ça !

— Elle va bien ! clame papa.

— Non ! Lorsque son cœur s'arrêtera de battre pour de bon, tu feras quoi ? Rien, parce qu'il sera trop tard ! Et il est hors de question que je reste là à rien faire, que je l'enterre, vous m'entendez ?!

— Elle ne va pas mourir, on va tout faire pour.

— Mais oui, s'il faut, je peux faire en sorte qu'elle suive les cours à la maison !

Non maman, tout sauf ça !

— Mais tu veux vraiment la tuer, maman ? Tu ne comprends pas qu'elle a besoin d'air ? Vous l'étouffez !

— C'est pour son bien, répond papa toujours énervé.

— Tu parles, elle doit faire des examens, ça la sauvera !

— Non, pas question.

— Mais tu es buté ! Le chirurgien que j'ai vu m'a bien certifié qu'il pouvait nous aider à nous diriger.

— Tu as été voir un chirurgien ? s'alarme maman.

— Exactement, et je lui apporterais Angy pour un checkup.

— Pas question !.

— Ce n'est plus toi qui décides papa, je ne veux plus que ça continue ainsi et si je dois passer au-dessus de vous pour sauver ma sœur, je le ferai !

— Tu es devenu complètement fou !

Je quitte ma cachette et tous se tournèrent vers moi.

— Je..., commencé-je.

— Ma chérie, il est tard, tu devrais aller te coucher, me dit maman.

— Je vais le faire...

— Quoi ?

— Je vais aller voir ce médecin, avec Corentin.

— Pas question ! s'oppose papa. Tout va bien, il n'y a rien d'alarmant.

— C'est vrai, ton frère s'énerve pour rien...

— Mais je veux savoir..., murmuré-je.

— On ira, clame Corentin. Et ce n'est pas à discuter.

Papa serre les poings, cela se voit qu'il est irrité. Je dois également le vexer d'aller contre leur avis, m'opposer à eux, ce qui est compréhensible, je ne l'avais jamais fait jusqu'à aujourd'hui. Moi qui dis toujours amène à tout, sans jamais élever la voix.

Maman pousse un long soupire et je n'ose même pas la regarder.

Corentin s'approche de moi et pose un bras sur mes épaules. Je le regarde, il m'offre un sourire rassurant, ce qui m'apaise un peu. Il fixe ensuite durement nos parents.

Sans un mot, on remonte.

Dans ma chambre, Corentin m'aide à m'allonger et me borde. Pour ne pas changer, il est aux petits soins avec moi. Il agit comme d'habitude. Cependant, je peux percevoir ce qui habite ses prunelles que j'aime tant. Il est perturbé, fâché, triste...

— Corentin...

— Tout va bien Angy, mais maman a raison, tu dois te reposer.

— J'avais encore un truc à faire...

— Ça attendra demain, d'accord ?

— Hum... pour ce qui s'est passé en bas...

— Je vais t'emmener voir un médecin, il faut un nouveau bilan de santé et si tu dois te faire opérer, on le fera.

— Mais papa et maman...

— Angy, tu n'es pas stupide, n'est-ce pas ? Tu sais qu'ils t'ont mis à l'écart de la vérité ?

— Oui.

— Pourquoi tu ne te rebiffes jamais ? Tu en as le droit pourtant.

— Je ne veux pas leur faire de peine...

— J'en suis conscient, soupire-t-il. Mais ça te fait souffrir, je le vois bien.

— Ne t'inquiète pas, ça va.

— Et ta poitrine ? me demande-t-il en posant sa main à l'emplacement de mon cœur.

— J'avais un peu mal là tout de suite, mais ça va mieux.

— Fais attention.

— J'avais de la peine quand je vous ai entendu vous criez dessus.

— Je suis désolé, c'est ma faute, mais je compte faire bouger les choses. Je n'ai pas su t'aider comme il fallait jusqu'à présent, je compte changer la donne.

— Tu m'aides déjà beaucoup tu sais, répondis-je en bâillant. Sans toi, je ne sais pas ce que je ferais.

— Repose-toi maintenant, demain tu as cours.

— Je n'ai pas envie d'étudier à la maison Corentin...

— Ne t'inquiète pas, ça n'arrivera pas, je m'y opposerais.

— Merci, dis-je en fermant ses paupières.

Il me caresse le dessus de la tête dans un geste affectueux. J'ai beau vouloir résister, mais je suis bien trop fatiguée. Je m'endors instantanément, apaisé et rassuré par la présence de Corentin.

Parle-moi d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant