Parle-moi d'amour

Angeline

Après que j'ai lu la lettre de Max, un petit sourire se forme sur mes lèvres. Ce garçon avec qui je parle par courrier a l'air d'être quelqu'un de très attendrissant, j'ai même l'impression qu'il met son cœur dans tout ce qu'il écrit. C'est une sensation assez étrange. Après tout, c'est un garçon, je n'aurais jamais pensé que le sexe opposé pouvait être des personnes de confiance, attendrissantes, gentilles... Je ressens tout ça pour lui. Déjà sa première lettre m'a traversée de toute part, mais celle-ci bien davantage.

Je presse les feuilles tout contre moi, à l'emplacement de mon cœur, souriant béatement. Je les range ensuite dans mon sac.

Je me trouve à la bibliothèque du lycée, le peu d'élèves qu'il y a ne fait pas attention à moi, comme d'habitude. J'aperçois Ambre qui traverse la salle. Elle s'avance vers moi.

Ambre est vraiment très jolie avec sa taille de guêpe, sa longue chevelure, son visage fin et ses yeux d'un vert incomparable.

Je ne peux me comparer à elle. A côté d'elle, je suis quelqu'un de terne.

Ambre prend place face à moi. Elle me sourit. Je ne sais jamais ce que cache un tel sourire, s'il est sincère ou non, moqueur, aguicheur. Tout ce que je peux dire, c'est que je le trouve doux.

— Angeline...

— Oui ?

— C'était quoi ce que tu avais dans les mains l'instant d'avant ?

— Oh... juste des cours..., répondis-je en sentant mes joues s'enflammer.

— Hum... Je voulais te voir pour quelque chose en particulier.

— Ah bon ?

— Oui, il y a un match bientôt.

— Ah...

— Un match de basket Angeline, nos joueurs favoris vont se mesurer à une autre équipe, comme souvent, mais ça va se passer ici, dans le gymnase.

— Ah... c'est bien, répondis-je, ne sachant pas trop quoi dire.

— Tu viendras ?

— C'est un samedi, non ?

— Oui et après on fait une petite teuf chez moi, j'aimerais que tu sois des nôtres.

— Je... désolée... mais...

— Ah non ! Tu ne vas quand même pas refuser, sort de ta coquille un peu, ça te fera du bien de te mêler un peu aux autres.

— Je ne peux pas...

— Baliverne !

Elle soupire, je l'exaspère. Je peux la comprendre, je l'éconduis toujours. Ce n'est pas la première fois qu'elle m'invite, mais je n'accepte jamais.

Son visage s'éclaire, je tourne la tête à l'approche des personnes qui se présentent à nous. Ils sont trois et mon pouls s'affole subitement. Je baisse la tête tandis qu'Ambre leur fait signe.

— Quentin ! Quelle surprise !

— Salut Ambre, tu connais ma copine, Marion ?

— Bonjour.

— Oui bien sûr qu'on se connaît, comment vas-tu Maxime ?

— Depuis quand tu es si familière avec moi ?

— Hum...

— Tu nous présentes ton amie ? propose Marion.

— Oh bien sûr ! C'est Angeline. Oh, Angeline..., chuchote Ambre à mon intention.

Je redresse légèrement la tête, très mal à l'aise à présent. J'aperçois le tendre sourire de Marion. Quentin sourit comme à son habitude. Je me sens rougir et je regarde la personne à côté d'eux, dont je peux sentir ses iris traverser ma peau. Un frisson s'écoule le long de mon échine et je baisse à nouveau la tête, plus gênée que jamais.

Ce regard sombre m'a toujours ébranlé. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je croise ces prunelles, il peut lire en moi, ce qui est assez déstabilisant.

Ambre soupir et je peux la voir secouer la tête. Je me renfrogne davantage. Personne ne dit rien, mais je sens leurs regards sur moi, surtout le sien. Sombre, intense.

Ambre toussote pour se racler la gorge.

—On parlait justement du match, lance-t-elle.

— Super ! s'exclame Quentin. Plus on a de supporteurs, mieux c'est.

— Oui, c'est vrai, approuve Marion. Vous venez toutes les deux ?

— Je..., marmonné-je.

— Bien sûr !

Je fixe mon amie avec beaucoup de peine, elle me sourit, comme pour me provoquer de la démentir devant témoin. C'est un coup bas, ça !

Je baisse à nouveau la tête, à la limite de me mettre à pleurer. Mes paupières me brûlent, mon cœur se fait gros, lourd. Jamais je ne pourrais y aller et je n'aime pas être prise au piège de la sorte par Ambre.

Que vais-je faire ?