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« Regardez, c'est bouboule! »

« Bien les bourrelets ? »

« Grosse vache ! »

« Hé Chim', t'habites en Grèce ? Vu toute la graisse que tu portes, ça m'étonne pas ! »

« Tu sais où se trouve la Grèce ? Sur ton ventre ! »


   J'ouvre soudain les yeux. J'ai froid, je sue énormément et j'halète presque. Ma couverture est tombée sur le sol tapissé de ma chambre à coucher. Je m'abaisse difficilement pour l'amasser. Mon dos me fait mal et mes membres sont engourdis. Je me rallonge sur le matelas moelleux disposé sur mon lit ; il est si mou que je m'engouffre à l'intérieur.

Arrête de te voiler la face, Jimin.

   Je passe ma petite main boudinée sur mon visage suant à petites goûtes, la glissant tout au long des multiples doubles-montants qui y pendent. Mes petits doigts saucisson se faufilent entre mes sourcils, effleurant mes yeux cernés, laissant quelques bribes de passage sur mon nez tout rond pour enfin venir s'échouer sur mes lèvres gonflées et desséchées.

   Je soupire avant de me redresser sur mon lit en position assise. Il grince et ça m'énerve. Je tourne mon regard vers l'horloge disposée à ma droite pour constater qu'il est encore trop tôt ; cinq-heures trente-trois du matin, et je ne reprends les cours que dans à peu près quatre heures. Je n'arrive plus à me rendormir et je n'en ai plus envie. Ce cauchemar me hante depuis quelques semaines maintenant et le jour que je redoute tant est arrivé, beaucoup trop vite. Mon estomac est noué, j'ai des frissons tout le long du corps et des gargouillis se font à présent entendre. Je comprends bien vite que j'ai faim et me rappelle que je n'ai jusqu'à présent rien avalé.

   Je me lève. Le lit grince encore une fois sous mon poids mais je fais tout mon possible pour l'ignorer. Ça m'insupporte de savoir qu'un objet ne peut même plus me supporter. Je me mets à l'imaginer parler, me priant de m'extirper d'au-dessus de sa pauvre surface souffrant de mes kilos en trop.

   Une fois totalement levé, je me dirige vers mon armoire à vêtements et l'ouvre expressio, évitant pertinemment de croiser mon reflet dans son miroir. L'armoire est énorme et ce qu'elle contient l'est deux fois plus.

   Il n'y a rien de beau, uniquement du extra-large, du XXL, du over-size. C'est déplaisant, mais je ne peux porter que ça. Je souffle, agacé, et me mets à chercher à travers ce brouhaha une tenue ne serait-ce qu'un minimum potable. Et, wouah ! Je tombe finalement sur quelque chose de plutôt pas mal.

" Je suis sauvé ! " pensè-je, criant victoire un peu trop précipitamment à mon goût.

   Mon sourire retombe bien vite lorsque je me rends compte que ce n'est qu'une chemise taille S appartenant à mon frère aîné qui lui, ne souffre absolument pas d'obésité, de sur-poids, d'over-graisse. Il représente pour moi l'équivalant du but inatteignable, il est chose surréelle, il est le standard-même du Perfect Man.

   Alors que moi, je suis juste bouboule, le frère de Park Chanyeol, mannequin internationalement reconnu, qui est la première personne à m'avoir fait me sentir inférieur aux autres, à m'avoir fait perdre estime en moi. Mais, sincèrement, devrais-je lui en vouloir ? C'est pourtant uniquement de ma faute si je suis ainsi : gros.

YES COACH. +jikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant