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   Sur le chemin du retour, je marchais dans une quiétude hors norme, profitant de la fraîche brise annonçant l'arrivée prochaine du printemps. Écouteurs implantés dans mes oreilles, chantonnant les paroles d'une de mes pistes favorites, j'étais comme qui dirait dans mon monde. Je me sentais tout léger, la musique envahissait mes tympans et me procurait une douce ivresse non-nocive, une ivresse bienséante que je ne pouvais qu'apprécier.

   Mais malheureusement et à mon plus grand dam, le lycée n'était qu'à quelques pattés de chez moi ce qui ne me permettait donc pas de pleinement profiter du beau temps et de ma musique. Je devais refaire face aux membres de ma famille, aux miroirs ornant murs et plafonds, à Chanyeol mais également à ma grosse bêtise...

   En effet, je me devais au plus vite remplacer dans sa garde-robe la chemise de Chanyeol, que j'avais transformé plus tôt ce jour-là en gruyère, avant son retour très probable ce soir pour fêter la décroche de son dernier contrat sinon il ne se gênerait pas du tout pour me découper en morceaux et me transformer en charcuterie et, si vous voulez mon avis, il en aurait eu assez pour nourrir un peuple tout entier.

   Aussitôt dit, aussitôt fait. Une fois dans ma chambre, je me dirigeai vers mon petit coffret personnel et l'ouvris grâce à une clef que je gardais précieusement cachée à l'intérieur de mon sac-à-dos. Mes yeux saignaient déjà.

Toutes mes économies...

   Pourquoi ne pas acheter une contre-façon ? Me diriez-vous. En réalité, j'y ai pensé mais j'ai tout de suite renoncé. Chanyeol est mannequin et --même si ça me tue de l'admettre-- est très connaisseur de tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec la mode et les fashion trends donc le duper à ce sujet là est tout bonnement impossible. Il est carrément capable de consulter le créateur lui-même afin de prouver qu'il a raison et pour être honnête, j'ignore encore si c'est un défaut ou une qualité.

   Sans trop réfléchir d'avantage, je pris les liasses de billets si durement gagnées et les en fonçais dans la poche de mon jean avant de sortir faire les boutiques, mais dans une tournure beaucoup moins amusante.

   Je n'aurais jamais cru dire ça mais je suis ravi d'avoir accepté ces sorties forcées totalement débiles avec mon frère car heureusement, j'avais retenu le nom et l'emplacement de tous ses magasins de vêtements favoris.

   J'avais marché plus d'une vingtaine de minutes et arrivais enfin en face de la vitrine d'un store qu'il adorait. Je m'en étais rappelé à cause de l'effigie particulièrement dérangeante de la marque. Sans attendre, je m'engouffrai à l'intérieur de la boutique de vêtements déjà très bondée de Monsieur-Madames-Parfaits-Parfaites.

   Je n'arrivais pas à m'en empêcher, c'était plus fort que moi. J'avais la désagrable impression que l'énorme être que j'étais s'était introduit par effraction au saint d'une guilde de corps aux courbes avantageuses et aux arabesques parfaites. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de toute cette foule déambulant activement à travers les rayons de fringues colorées, à motifs ou encore ternes et simples.

   Au fur et à mesure que le temps passait, je ne pouvais dissuader mes idéaux de s'envoler haut et loin, à tort et à travers. J'avais le sentiment étrange que toutes les paires d'yeux étaient actuellement rivées sur moi, sur mon anatomie désavantageuse, riant à gorge déployée.

   Je le sentais venir, s'emparer de ma raison toute entière, le tournis me prenait de court et ma respiration se faisait suffocante. Mes jambes vacillaient, mes mirettes se refermaient et ma vision se floutait simultanément. Le mouvement et l'accumulation autour de moi semblaient se dissoudre, inconnaissables. Le chahut des voix m'entourant parvenait à mes oreilles sous forme de bribes incompréhensibles et finalement, mes membres lâchèrent et ma tête cogna le sol froid.

- Jimin ? Oh mon Dieu !

YES COACH. +jikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant