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   Quelques minutes de course après, je m'effondre sur le sol glissant du couloir de l'allée principale de mon nouveau lycée. Je sue énormément alors que je n'ai fait d'efforts physiques que pendent une maigre poignée de minutes. Je suis incapable de traverser plus de quelques mètres à cause de mon poids, c'est si problématique...

   Je me relève ensuite et essuie la sueur collante qui ruisselle sur mon front, signe de ma fatigue évidente et de mon surmenage atroce. Je dirige mes yeux autour de moi et aperçoit à quelques pattés un petit banc disposé dans la cour de récréation, son emplacement est parfait : sous un arbre, à l'ombre. Je prends mon courage à deux mains et me dirige difficilement vers le dit-banc sur lequel je m'affale une fois arrivé. J'ouvre alors ma sacoche et en sort une bouteille d'eau que je finis en moins de temps pour le dire afin de m'hydrater.

   Ma main glisse le long de mon visage hideux, encore une fois, je me sens minable, détestable au plus haut point. Je n'ai pas d'hygiène de vie, j'aimerais tellement pouvoir changer ça, me dire que finalement, je ne suis pas si différent des autres mais cette maladie me consume, fragmente mon amour propre un peu plus chaque jour. Mon seul souhait serait de me dire que je m'aime tel que je suis, que je me contre-fous des avis d'autrui, de leurs regards sur ma personne, que je suis quelqu'un de confiant et d'assuré...mais non, ça reste impossible tant que ma plus grande conviction n'est pas achevée.

   Épris par mes pensées emmêlées, je ne remarque pas immédiatement que je ne suis plus seul, jusqu'à ce qu'un poids supplémentaire vienne s'avachir sur le banc à mes côtés. Mon champ de vision rencontre une touffe de cheveux châtaigne et mon coeur se met à battre plus vite qu'à la normale. 
C'est Kim Taehyung, mon pire cauchemar, en chair, en os et en toute beauté. 

   Aucun de nous deux n'ose parler pendant une bonne poignée de minutes, jusqu'à ce que sa voix masculine atteigne mes petites oreilles, il m'interpelle. 

- Jimin ? 

   Mon regard effrayé se tourne lentement vers le sien, ses belles iris noires me transpercent totalement, je n'arrive pas à articuler ne serait-ce qu'une seule phrase, hypnotisé par sa beauté presque irréelle. Sortie de ma transe, j'hoche la tête vigoureusement et reporte mon attention sur ses paroles. 

- Pourquoi t'es-tu enfuis tout à l'heure ? Il demande, se sentent forcément coupable. Si c'est à cause de moi, je m'excuse sincèrement et—

- Ce n'est pas de ta faute, Taehyung. Je prononce bizarrement son prénom, un malaise hors du commun prenant soudain possession de mes cordes vocales.

- Tu sais, il reprend. Je suis conscient de ce que je t'ai fais vivre durant nos années collège et...

   Il frotte activement les ongles de ses doigts contre son cuir chevelu, probablement tout aussi malaisé que moi puis, prenant son courage à deux mains, il reprend : " C'est une bonne chose que l'on se soit retrouvés. Je pourrai m'excuser proprement pour tout le mal que je t'ai causé...Si tu veux bien ? "

   Il me sourit en tendant la main, signe d'amitié. J'hésite un moment puis saisis ses fines dactyles entre mes doigts-saucissons et son sourire précédemment minime s'agrandit en une fraction de secondes pour en former un à la forme carrée particulièrement adorable.

- Mais, j'ai une question d'abord. Je me lance, me sentent plus serein. Pourquoi m'avoir si longtemps insulté, maltraité et j'en passe ? 

   Son visage se décompose instantanément et je regrette presque ma question. Sa grande main lâche brutalement la mienne et son regard il y a quelques instants plus assuré fuit le mien, jetant des œillades timides autour de lui. J'insiste et il me fait promettre de ne jamais le répéter.

- Tu sais, j'étais comme toi avant, peut-être même 'pire'. Il débute tout juste et je n'en crois déjà pas mes oreilles. Je souffrais de surpoids extrême et je me revoyais en toi. Il soupire et reprend : " Je me haïssais, mon corps, il s'arrête quelques instants, je lui faisais subir des horreurs. Tu sais, on ne devient pas facilement ce que l'on veut être, les efforts avant le réconfort comme on dit.

- Mais comment ? Comment faire pour aboutir à la réussite ? Le but a l'air si loin et je ne me sens pas capable d'accomplir ma conviction personnelle. Je baisse les yeux, déprimé par mes propres dires plus pessimistes qu'autre chose.

- Voilà ton problème, Jimin. Il pose une main sur mon épaule et m'observe attentivement, détaillant chaque parcelle de mon faciès rond. Tu dois croire en tes capacités et arrêter de procrastiner. Ne penses plus, fonces. 

   Je réfléchis quelques instants à ses paroles avant d'être interrompu par la cloche annonçant la fin des cours. Il se relève et je le suis dans son mouvement. Nous nous saluons et il me donne son numéro de téléphone. 

Je crois que moi, bouboule, viens de devenir ami avec un Monsieur-Parfait pas si parfait que ça. Comme quoi, tout le monde n'est pas méchant...

YES COACH. +jikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant