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Mercredi, 14:30.

   C'était enfin le jour-j et j'étais terriblement anxieux. Je savais au plus profond de moi que je ne devais pas abandonner, encore moins avant même avoir commencé, c'était hors de question. Alors, prenant mon courage à deux mains, j'enfilai un sweat-shirt large par-dessus mon débardeur blanc, ainsi qu'un pantalon baggy bleu afin de cacher mon short noir. Une tenue de sport que je m'étais improvisé pour ma première séance.

Allez mon grand, tu vas faire fondre tes kilos en trop d'un claquement de doigts !

   Debout devant mon miroir ovale, je me motivais intérieurement tout en pensant à mon futur corps de rêve. J'en avais envie, j'étais déterminé et rien ni personne ne pouvait m'arrêter. J'attrapai alors mon téléphone portable et relisait le dernier message que m'avait envoyé Jungkook la semaine dernière; les règles que je me devais de suivre pour que mon "entraînement" soit une réussite.

   Il avait été ferme sur ce point-là: je me devais de les apprendre par cœur et de les appliquer. Il m'avait clairement fait comprendre que si je ne me voyais pas capable de respecter les deals, nous pouvions tout de suite tout arrêter. Et je ne voulais pas de ça, c'était la dernière chose que je souhaitais.

   Depuis, j'avais écrit au feutre indélébile sur mes murs les quelques phrases suivantes :

- Aime-toi et ne te rabaisse jamais.

- Prends soin de ton corps, c'est une perle rare.

- Aies confiance en toi et en tes capacités.

- Sois fort. Dépasse tes limites. Ne laisse pas ton corps te commander. 

   Au début, j'avais trouvé ça étonnant. Il n'y avait aucune phrase de type 'ne te goinfre pas comme un porc tout la journée' ou encore 'évite de grignoter entre les repas', 'pense fort à toutes les nanas que tu chopperas'... Non, rien de tout ça. Ce n'était que des mots extrêmement encourageants et qui, étonnamment, avaient gonflé ma confiance en moi-même. J'étais prêt à tout affronter et à défier mon pessimisme omniprésent au côtés, bien sûr, de mon coach sportif. 

- Jimin ! Une voix bien trop familière m'interpella, me rappelant que mon ami était encore entrain de squatter chez moi. Tu vas finir par être en retard, grouille-toi bon sang !

Taehyung sortit de ma salle de bain, les cheveux et le bas du corps enroulés dans des serviettes blanches. Je l'observais s'avancer vers moi, son smartphone scotché à ses magnifiques dactyles ornées de bagues. Il me jaugea immédiatement de haut en bas, veillant à bien détailler toutes les parcelles de mon corps. Mes joues s'empourprèrent malgré moi, n'étant pas encore tout à fait à l'aise avec mon physique. Mon ami remarqua, à ma plus grande déception, la teinte rosée qu'avaient prit mes joues, et n'hésita pas à me taquiner ouvertement, faisant revenir ma timidité insupportable encore une fois.

Il s'éloigna ensuite vers la cuisine en riant, tandis que je pris mon sac-à-dos tout en enfilant mes baskets. Taehyung revint ensuite avec deux bouteilles d'eau fraîches qu'il glissa rapidement dans la poche arrière du backpack rouge. Je lui souris, touché par son geste, avant de me faire étreindre chaleureusement. 

- Bonne chance Chim' ! 

   Après notre accolade, je me dirigeai vers la porte d'entrée, m'apprêtant à l'ouvrir sauf que, d'un coup, elle me claqua au visage. Trop occupé à frotter mon nez rougi, je n'avais pas remarqué la silhouette de mon grand frère se découper dans l'embrasure de la porte et pénétrer à l'intérieur. Son air renfrogné ne prévoyait rien de bon et le souvenir de la chemise trouée me revint directement à l'esprit. Une boule se forma alors dans ma gorge lorsqu'il me fusilla du regard.

- Où comptes-tu t'en aller comme ça ? Son timbre vocal était mauvais, et je sentais les ennuis arriver à la vitesse de la lumière. T'as une chemise à m'payer, bouboule.

_ Mais Chanyeol je dois y aller et- 

   Mon frère me coupa, se saisissant des pans de mon sweat-shirt qu'il déchira en deux, à l'aide de ses mains seules. Il s'approcha de moi, son visage se rembrunit à la seconde. Il prit mon haut déjà délabré, décidé à en finir pour de bon. Il émietta le tissus vert devant mes yeux, alors que les battements de mon cœur doublaient dû à la peur et à l'angoisse nouvelles qui s'étaient installées au fond de moi.

- N'essayes même pas de nier. Y'a qu'toi qui est capable de faire éclater une chemise en mille morceaux, sombre merde. Il me cracha ces quelques mots à la figure, provoquant en moi un sentiment de destruction intérieure totale. Aussi, oublie tes délires de coach sportif, t'en es clairement pas capable. Tu ne perds que du temps et de l'argent.

   Chanyeol quitta les lieux sur ces dernières paroles qu'il avait lâché stupidement. Il ignorait cependant que ces trois phrases avaient achevé d'effacer toutes les précédentes convictions que je m'étais faite. J'étais retombé dans mon cynisme originel, comme si tous les minimes progrès que j'avais fait s'étaient évanouis d'un coup, emmenant tout brin d'espoir avec eux. 

Moi, bouboule, devait prouver à mon grand frère que j'étais capable d'être aussi fin qu'une branche et ce, par tous les moyens possibles et envisageables.

YES COACH. +jikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant