Chapitre 1

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Il ouvre les yeux, une lumière éclatante l'aveugle. Elle lui brûle les yeux. Il les ferme quelques instants puis les ouvre en clignant des yeux pour qu'ils s'habituent à cette lumière. Où est-il? Il n'en a aucune idée. Les murs sont blancs, étrangement blancs. Il y a des armoires avec toutes sortes de produits louches à l'intérieur. Des fioles contenant des produits rouges, mauves ou même vert. Blue essaie de se lever, mais ses poignets sont attachés par des bandes de cuivre. Il essaie de se libérer en secouant les bras, mais ça ne fait que mettre sa chair à vif. Il baisse les yeux sur ses vêtements et son sang ne fait qu'un tour. Un chandail bleu et rouge, des pantalons gris. Les vêtements qu'il portait lorsqu'il s'est fait enlever. Il panique, il sait avec exactitude ce qui va se passer. La porte s'ouvre et il se met à trembler. Des gens sans visages s'approchent de lui et l'observent. Blue tremble de plus belle, secoue la tête en priant que ce cauchemar cesse. Un d'entre eux ouvre une des armoires et en sort une fiole contenant un liquide vert. Il aspire une petite quantité de ce liquide à l'aide d'une seringue, puis la dirige vers l'épaule à Blue. Il secoue la tête, les suppliant de d'arrêter. Ignorant les gémissements de Blue, l'inconnu sans visage lui plante une seringue dans le bras. Il hurle de douleur, une atroce chaleur se propage dans ses veines...

Il se réveille en hurlant. Il se redresse, haletant et en sueur. Une chance que les murs sont bien isolés, sinon tout l'orphelinat se serait réveillé. Blue se passe les mains sur son visage, espérant que ce seul geste effacera les images de son cauchemar qui tournent en boucle dans sa tête. Lorsqu'il ouvre les yeux, une lueur bleue attire son attention. Ses mains et ses bras sont en flammes. Il les observe, penseur. Il essaie de les garder allumées le plus longtemps possible. Étrangement, elles ne le brûlent pas. C'est plutôt une douce chaleur, comme celle d'un feu de camp lors d'une froide soirée d'automne. Il attend que le rythme son cœur redevienne normal et que sa respiration se calme pour regarder l'heure. 4h45 du matin. Il pousse un long soupire; dans son état, il sait qu'il ne pourra pas se rendormir. Comme à toutes les nuits, il essaie de contrôler ses flammes. Le problème, c'est qu'il n'arrive pas à les allumer volontairement. Une fois qu'elles sont éteintes, elles le sont jusqu'à la nuit prochaine, ou jusqu'au prochain cauchemar. Il ne sait pas pourquoi il s'acharne ainsi. Il soupire une nouvelle fois en secouant la tête. Il est déterminé à contrôler son étrange pouvoir, et cela, cette nuit.

Il se laisse retomber sur le lit. Allongé sur le dos, les bras dans les airs, il éteint les flammes bleues qui dansaient sur ses bras et il essaie de les rallumer. Depuis qu'il a découvert son pouvoir, quand il avait 10 ans, il n'a jamais réussi à les allumer par lui-même. Il ne pense qu'à une chose: les allumer par sa simple volonté, comme si quelqu'un poussait un interrupteur. Il se concentre, une goutte de sueur perle sur sa joue. L'effort se lit sur son visage, une veine sort de son front. Il ferme les yeux, puis ...rien. Absolument rien. Il grogne, rageur, puis donne un coup de poing dans son lit. C'est vraiment si compliqué contrôler son pouvoir? Il ferme les yeux et il prend une grande respiration, il faut qu'il reste calme. Il essaie une autre fois, mais toujours rien. Blue essaie une dizaine de fois. Les yeux toujours clos, il sent une chaleur entourée ses bras. Il ouvre un œil, craignant qu'elles ne disparaissent avant qu'il ait eu le temps de les voir. Il ouvre l'autre, une lueur bleue éclaire sa chambre. Des flammes dansent sur ses bras. Il éclate de rire, d'un rire de soulagement. Il a enfin réussis à contrôler son pouvoir. Il les éteint et les allume une dizaine de fois. Sourire aux lèvres, il décide d'essayer de se rendormir. Cet exercice est peut-être simple, mais il lui a pris le peu d'énergie qu'il a gagné en 5 heures de sommeil. En entendant que le sommeil lui tende ses bras, son regard balaie la chambre. Un lit vide, des murs jaunes, deux commodes où la peinture est écaillée...C'est moche. Très, très moche. Il s'endors en pensant à la laideur de sa chambre, un sujet qui l'ennuie au plus haut point.

Les coups frappés à sa porte le réveillent. Il ouvre péniblement les yeux, son regard tombe sur l'horloge. Il est 10h du matin. Blue se redresse, presque en panique, il ne s'est jamais réveillé aussi tard. Devant son inactivité, les coups redoublent d'insistance.

- Oui, oui, j'arrive!, grommelle-t-il en se battant avec les couvertures de son lit.

Les cheveux en bataille, la bouche pâteuse, torse nu, les yeux à demi-fermés, il ouvre la porte. Madame Grey se tient devant lui, un paquet de feuilles dans les mains. Son regard tombe sur son torse et elle se recule. Blue a un mouvement de recul en la voyant, il la déteste autant qu'elle le déteste. Depuis qu'il est arrivé à l'orphelinat, elle ne fait qu'être sur son dos. Plus jeune, elle lui criait dessus devant tout le monde, seulement car il avait renversé de l'eau à la cafétéria. Blue sert la mâchoire, il s'attend à des représailles, mais non. Elle lui dit d'un ton pressé de ranger sa chambre, qui est déjà propre depuis des lustres, et de faire son lit. Blue hausse un sourcil.

- Pourquoi je dois faire tout ça? , lui dit-il.

- Seulement car tu auras un, ou plutôt une, colocataire.

- Quoi!? On m'a dit que les filles n'avaient pas le droit d'être dans la même chambre que les gars ?

- Oui je sais, soupire-t-elle en levant les yeux au ciel, mais il n'y a plus de chambre de libre et tu es seul dans ta chambre qui est faite pour deux, je te rappelle. Trêve de bavardage et range ta chambre au plus vite! Elle arrive dans moins d'une heure. , dit-elle en tournant les talons.

Blue lève à son tour les yeux au ciel, il l'a déteste encore plus. Pour qui elle se prend pour lui parler d'un air supérieur ? Elle a un travail seulement car des enfants comme lui ont été abandonnés par leurs parents. Il ferme la porte avec son talon et il commence à ranger. il ramasse les quelques morceaux de linge qui traine sur le sol et les mets pêle-mêle dans sa commode. Après avoir fait le tour de la chambre, il se place devant sa porte, mains sur les hanches, pour inspecter son travail. Il balaie la chambre du regard quand il tombe sur son lit. Blue saisit le drap qu'il a brûlé, puis il échange rapidement les deux draps. Il se retrouve avec celui qui est brûlé et qui est le plus laid. Blue grimace, il est vraiment affreux. Il est blanc avec des pois bleus et jaunes. On dirait qu'un enfant de 2 ans a barbouillé sur le drap. Il balaie une nouvelle fois la chambre du regard, ses yeux figent sur les traces de brulés sur les murs. Quand il était plus jeune, il a fait un cauchemar tellement intense que ses flammes se sont dirigées dans tous les sens, brûlant ainsi les murs et le drap. Il a dû éteindre les flammes avec ses mains. Le lendemain, il avait les mains couvertes de cloches d'eau et pourtant, aucun intervenant ne l'a aidé. Il a enduré une douleur constante aux mains pendant presque trois jours. C'est suite aux moqueries des autres enfants, ils le traitaient de crapaud, qu'il a décidé de rester dans sa chambre. Il secoue la tête pour chasses ces pensées, puis il prend rapidement quelques dessins qu'il a faits à temps perdu et il les accroche sur les traces de brûlé. Il soupire, toutes traces laissant croire qu'il a un pouvoir ont disparues, du moins pour l'instant. Une pensée surgit dans sa tête, ses yeux s'agrandissent. Avec ses flammes qui s'allument lorsqu'il dort et sa difficulté à les contrôler, ça va être chaud, et c'est le cas de le dire.

Blue [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant