Chapitre 25

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Groen éteins ses flammes et je vois les hommes de mon père figer. Certains essaient de tirer, mais ils n'ont plus de balles. La panique se lit dans leurs yeux. Une idée germe dans ma tête. Et si je les faisais souffrir? Ils vont regretter de s'être alliés avec mon père. Juste pour entendre leurs cris d'agonie...Juste pour me venger...

Je secoue la tête. Non, il ne faut pas que je laisse ma part d'ombre s'emparer de moi encore une fois. J'ai vu ce que l'autre pouvait faire. J'ai vu ce que la colère pouvait me faire faire. J'étais enfermé dans ma tête, la haine contrôlant tout mon corps. Je ferme les yeux et prends une grande respiration. Lorsque je les ouvre, je suis calme comme je ne l'ai jamais été. Je lève les bras tranquillement, paumes vers les sbires de mon père. J'en vois quelques uns trembler, mais je ne me laisse pas déconcentrer. Je sens une chaleur partir du creux de ma poitrine pour parcourir tout mon corps. Je ferme de nouveau les yeux. Des images, des souvenirs me reviennent à l'esprit.

Sarka grimpant sur mon dos à l'orphelinat. Lorsqu'elle volait mon pain dans mon plateau presque à chaque midi. Groen, Sarka et moi entrain de chanter, ou plutôt massacrer, des chansons autour d'un feu de camp. Groen m'apprenant à tirer, et riant de mes lamentables échecs. Sa fierté lorsque j'ai enfin touché la cible sur l'arbre. Tous nos fous rire. Tous nos moments, ensemble.

J'ouvre les yeux, plus déterminé que jamais à sauver mon frère et la fille que j'aime. La chaleur qui parcourait mes veines est maintenant dans mes mains. Une douce lumière blanche les éclaire. Je vois du coin de l'oeil Groen qui me regarde, ébahi. Je rapproche mes mains l'une de l'autre et une boule de flammes totalement immaculées se forme. J'attends qu'elle est atteinte la grosseur d'un melon avant de la lancer vers les hommes armés. Elle continue de prendre de l'expansion même en étant dans les airs. Dès qu'elle rentre en contact avec eux, ils disparaissent, sans laisser aucune trace.

Mes bras redescendent mollement le long de mes bras. Tout s'est tellement passé vite. Je m'effondre. J'ai mal à la tête. Groen me tend sa main et je m'y accroche. Il m'aide à me relever mais je retombe. J'ai dépensé une trop grande quantité d'énergie en peu de temps. Je me relève, chancelant, et je prends appui sur mon frère. Il me soutient en grognant de douleur, il dois forcer avec son bras blessé pour me tenir debout. Je murmure une excuse, puis je réussi à me tenir sur mes deux jambes sans aide. J'ai un vertige, mais je ne tombe pas.

Mon regard se fixe sur mon père, toujours dans son fauteuil roulant. Il retire l'appareil qui l'aide à respirer, puis il sourit. Ce n'est même pas un sourire, mais une espèce de déformation de replis de peau. C'est répugnant. Je frissonne, il fait peur.

-« J'étais si fier de toi quand j'ai vu tes superbes flammes noires..., dit-il du voix rauque en se levant, Puis quand j'ai vu les blanches, j'étais dégoûté. Ta mère avait les mêmes. Tellement naïve. Je suis colérique, tu as hérité ça de moi, et à chaque fois que je faisais une crise de colère elle croyait qu'elle pouvait me changer. Qu'elle pouvait me calmer. Elle croyait que je pouvais redevenir cet homme dont elle est tombée amoureuse, un homme calme, généreux...Pathétique. Et puis un jour elle s'est enfuie avec toi sans rien dire. Ça m'a mit dans une colère noire. J'ai mis tout en place pour vous retrouver. J'ai engagé des hommes, j'ai dépensé presque tout mon argent. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus, j'étais obsédé. Pendant des semaines j'ai essayé, encore et encore. Puis un jour, je vous ai retrouvés Enfin. Ta mère et toi étiez cachés dans un chalet. Elle t'a laissé là, à l'abri, en "sécurité", dit-il en faisant des guillemets avec ses doigts, puis elle est sortie dehors. Tu aurais dû la voir, tellement déterminée à te protéger... »

Je sers les poings. Comment ce monstre ose-t-il parler de ma mère comme il le fait!? Il va mourir. Cette fois je ne le laisserai pas en vie. Je tremble de colère. Je sens une main sur mon bras. Je tourne la tête et je vois Sarka. Elle a réussi à se détacher et à se lever. Ses blessures ont arrêté de saigner. Je passe ma main sur certaines d'entre elles et je regarde Sarka, surpris. La plupart de ses blessures sont déjà guéries.

-« Les expériences que ton père a fait sur moi ont fait en sorte que je guéris plus vite, murmure-t-elle en souriant faiblement, Ne te laisse pas déconcentrer par ce monstre, c'est ce qu'il veut. »

Je vois dans ses yeux une haine tellement profonde, mais pourtant rien n'y laisse croire. Elle est calme. Je regarde à ma gauche. Groen est là, tenant son bras blessé. Son visage est de marbre, mais je sais qu'il est en colère. Avec Sarka et lui à mes côtés, je sais que je peux enfin nous débarrasser du monstre qui se tient devant nous.

-« Enfin, notre famille est réunie, dit-il en se frottant les mains. Groen, viens à mes côtés, veux-tu? Il ne faut pas les laisser croire qu'ils peuvent gagner encore plus longtemps. »

Blue [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant