Chapitre 27- Chapitre Final

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Je prends une grande respiration, puis j'allume mes flammes. D'ordinaires d'un bleu azur, elles sont maintenant teintées de gris, dû à la présence de l'autre dans mon esprit.

-« Bien, très bien! Laisse-le te contrôler Blue, il est bien plus fort que toi! »

Je secoue la tête. Je dois me battre contre cet autre moi. Je le sens vouloir prendre la place mais je le chasse. Rien ni personne ne m'empêchera de tuer ce monstre. Je me tourne vers Sarka. Elle est en danger là où elle est, je ne veux pas qu'elle soit blessée par accident. Je passe un bras sous sa tête et l'autre sous ses genoux. Je la prend dans mes bras puis je me dirige vers Groen. Je dépose Sarka près de lui et j'en profite pour vérifier l'état de mon ainé. Il respire encore et une vilaine entaille décore sa joue. Le plus grave semble être sa jambe, je m'attendais à bien pire. Flammes toujours allumées, je me retourne vers mon père. Je m'avance vers lui et je lui souris.

-« À nous deux. »

Il sourit à son tour, mais le sien est cruel. Tout ça n'est qu'un jeu pour lui, nous sommes les souris et lui le chat. Et je suis le seul qui est encore en état de l'amuser. Je lève les yeux vers le ciel et je remarque que la nuit commence à tomber. Seules nos flammes nous éclaireront. Mon père profite de ce moment d'inattention pour lancer ses flammes dans ma direction. Je parviens presque à les éviter, mais elles m'effleurent le bras. Je sers les dents, des cloques d'eau se forment sur ma blessure. J'ignore la douleur puis j'attaque à mon tour et j'atteins mon père au ventre. Il recule de quelques pas sous l'impact puis il éclate de rire.

-« Là, on commence à s'amuser!», dit-il en éteignant les flammes qui commencent à brûler son chandail.

Il s'accroupit et pose sa main sur la terre. Des flammes jaillissent de celle-ci et nous voilà entourés de flammes. Je ne sais pas trop pourquoi mais elles sont d'une couleur orangée alors qu'elles devraient être noires. Je hausse les épaules, au moins on va pouvoir voir quelque chose. Les flammes nous séparent de Sarka et de Groen, ils sont protégés de nos attaques. Je reporte mon attention sur mon père, une boule de flammes noires est en train de se former dans ses mains. Je le bombarde de boules de feu. Des éclairs bleus jaillissent autour de moi au rythme que j'attaque mon père. Au bout d'un moment j'arrête, puis j'attends. Avant même que j'aille le temps d'éteindre mes flammes, une boule de flammes venant du monstre m'atteint à la poitrine. Sous la force de l'impact, je tombe à la renvers et ma tête frappe violemment le sol. J'essaie de me relever mais j'ai la tête qui tourne. Je retombes et une douleur sourde s'empare de ma poitrine. Je relève difficilement la tête, mais je la laisse retomber au moment où je vois l'étendu des dégâts. Mon chandail est brûlé et ma poitrine est recouverte de brûlures. C'est affreux et ça fait un mal de chien. La douleur est tellement intense que ma vue se trouble. Je vais bientôt m'évanouir, ça c'est sûr. Je sers les dents. Je suis totalement vulnérable en ce moment, je déteste cette sensation. J'entends des pas se rapprocher de moi. Mon père s'agenouille près de moi, puis il secoue la tête.

-« Je te l'avais dis, tu n'es pas assez fort pour me vaincre. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi? Ou de cette jolie petite rousse?», ricane-t-il en mettant sa main sur ma blessure.

Je hurle de douleur tandis qu'il continue d'appuyer sur ma blessure. Entre mes hurlements, je l'entends rire. Non, non! Il ne restera pas en vie! C'est hors de question que ce monstre vive encore une journée de plus, peu importe si je meurs avec lui. Au point où j'en suis, je m'en fiche. Je me redresse sur un coude et je lui empoigne le cou. Je sers le plus fort possible et je vois du coin de l'oeil qu'une lumière blanche illumine ma poitrine. Mon père essaie en vain de retirer sa main, elle semble fusionné à cette lumière. De petites flammes blanches s'échappent de ma poitrine. Certaines d'entre elles rentrent entre en contact avec la main de mon géniteur et il hurle. Je resserre ma prise sur son cou en grognant. Si je meurs, il vient avec moi. Hors de question qu'il continue à torturer Groen et Sarka. La lumière blanche s'intensifie au point de nous aveugler. Les hurlements de mon père se joignent aux miens. Je hurle de colère, de désespoir. Je vais mourir, je ne verrai plus jamais mon frère ni la fille que j'aime. Je ne pourrai jamais sentir ses lèvres contre les miennes. Je ne pourrai jamais voir la femme et peut-être même les enfants de Groen. Des souvenirs tourbillonnent dans mon esprit. Des larmes s'échappent de mes yeux alors que je tiens encore mon père par le cou. La dernière chose que je vois avant de perdre conscience, c'est mon père, hurlant de douleur, consumé par des flammes blanches, par mes flammes...

Des mains me secouent vivement. J'entends que quelqu'un crie mon nom. J'ai l'impression d'être dans l'eau, je suffoque. Je m'étouffe puis j'ouvre les yeux, mais je les referme aussitôt, aveuglé par la lumière du jour. Toujours les yeux fermés, je me redresse difficilement sur mes coudes. Des lèvres se plaquent sur les miennes. J'entrouvre les yeux et tout ce que je vois c'est une mèche de cheveux roux et des taches de rousseurs. Sarka...Elle recule un peu, et ses beaux yeux émeraudes me regardent attentivement. Je passe une main derrière sa tête et je m'approche d'elle. Je dépose une autre fois mes lèvres sur les siennes. Une de ses mains s'accroche à mes cheveux. Je souris et je continue à l'embrasser. Quelqu'un toussote un peu plus loin, Sarka s'éloigne de moi en rougissant. Je tourne la tête et je vois Groen, adossé sur un arbre. Il sourit, les bras croisés.

-« Je le savais, j'ai toujours sû qu'il se passait quelque chose entre vous! », dit-il en riant.

Je souris et je me relève, chancelant. Sarka m'aide à me faire tenir debout. Je baisse les yeux sur ma poitrine et j'ouvre la bouche pour la refermer, surpris. Aucune brûlure, aucune cicatrice, rien. Les seules traces du combat d'hier sont le trou dans mon chandail et le cercle brûlé sur le sol. Aucune trace de mon père, seul un tas de cendre se trouve au milieu du cercle. Tant mieux. Je me tourne vers Groen, puis je regarde sa jambe.

-« Ça fait mal? », je lui demande.

-« Sarka a réussi à la remettre droite, ça a fait atrocement mal, mais là ça va. Oh, et désolée petite soeur de t'avoir traité de tous les noms possibles... », dit-il en passant une main derrière sa tête.

-« C'est rien, j'ai fait la même chose quand tu m'a enlevé la puce, répond-t-elle en souriant. Blue, tu te sens en état de retourner à la cabane? Il va falloir tenir Groen. »

Je hoche la tête. Je m'accroupis près de lui, il passe un bras sur mes épaules. Je me relève difficilement et il s'appuie sur moi. Je ferme les yeux, un peu étourdi. Nous empruntons le sentier qui mène à notre cabane, Sarka ouvre la marche. Elle a ramassé nos deux arcs, le mien est à moitié carbonisé. Je regarde une dernière fois derrière nous, pour être sûr qu'il ne reste aucune trace de mon père. J'enlève la montre radar de mon poignet et je la jette par terre. J'hésite à la brûler, de toute façon, personne ne saura à quoi elle sert, puisque mon père est mort. Je hausse les épaules. Groen s'appuyant sur moi, Sarka ouvrant la marche, je souris. Nous trois, nous formons une petite famille. Nous venons enfin de tourner la page, enfin, j'espère...

Blue [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant