Chapitre 23

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La porte claquant contre le mur me réveille en sursaut. Je me lève sur mes coudes avant de retomber, étourdis. Je me suis endormi? Je passe une main sur mon visage avant de lever la tête. Je voit Groen, une perdrix à la main, la colère peinte sur son visage. Je tourne sur moi-même et je me retrouve en étoile sur le sol à regarder le plafond. Je ferme les yeux, je sais ce qu'il va me dire.

-« Aaaarg! Tu te prends pour qui? Je t'ai demandé qu'une seule chose et toi tu t'endors! Va falloir attendre pour manger putain! », dit-il en laissant tomber son arc sur moi.

Je soupire et je fais mine de rien. Je le laisse s'énerver tout seul. Il est même pas mort, le feu. Et puis, c'est pas un problème avec nos pouvoirs. Je me relève en grognant, un sol en bois n'est pas la place la plus confortable pour dormir. J'ai mal aux bras, aux jambes, au dos, bref, partout. J'avais moins mal lorsque j'étais dans le camion avec Sarka.

Sarka...À cette pensée, mon cœur se serre. Elle me manque. Son rire, sa voix, ses yeux, tout d'elle me manque. Une larme solitaire s'échappe de mon oeil. Je l'essuie rageusement. Non, ce n'est pas le temps de pleurer. On va aller la sauver. Peu importe s'il faut que je meurs. Je vais la retrouver, même s'il faut que je tue des gens. Pour elle, la personne qui compte le plus pour moi, je ferai tout.

On mange rapidement la perdrix que mon frère à chasser avant de partir. Groen prend son arc, qui était encore par terre, et ses flèches. Mon regard baisse sur mes mains, je n'ai pas d'armes sauf mes flammes. Groen le remarque et me désigne du menton l'armoire du fond. Je le regarde, pis je regarde le meuble. J'ouvre une des portes en bois et je fige. Je me retourne vers lui et il ne fait que sourire. Un autre arc, et d'autres flèches. Je sais à peine m'en servir, Groen m'a montré comment pour chasser, mais je reste un débutant. Ma main passe sur le bois. Il a gravé des courbes dessus, lui donnant une allure elfique, comme dans les films.

-« Merci. », je lui dis.

Il ouvre la porte et il me laisse passer. Arc à la main, le radar de l'autre, je prends une grande respiration. Le point n'a pas bougé  depuis hier, c'est une bonne chose. Mon instinct me hurle que c'est un piège. Peut-être, mais je vais revoir Sarka.

Le chemin se fait en silence la plupart du temps. Certains arbres ont des brûlures, ce qui nous indique le chemin à suivre en plus du radar. À chaque petit craquement de branche, Groen brandissait son arc. Je regarde le radar pour au moins la vingtième fois depuis qu'on est parti. Je crois qu'on se rapproche. J'ai toujours cette voix en moi qui me hurle que c'est un piège, que le radar n'a pas été laissé là par hasard, que nous courrons tout droit vers notre mort. Je m'approche de Groen pour lui faire part de mon malaise quand il fige. Je me déplace un peu pour voir ce qui l'a ainsi ébranlé et mon sang ne fait qu'un tour.

Sarka est étendue par terre, dans une flaque de sang, de son sang. Ses bras et ses jambes sont attachés ensemble par une corde qui semble beaucoup trop serrée. Je fais un pas vers elle quand Groen m'arrête en me retenant le bras.

-« Attends..., murmure-t-il. C'est une clairière, c'est parfait pour une embuscade, on va être à découvert»

Je ne tiens pas compte de son avis. Je me libère de son emprise et je cours vers la fille que j'aime. Je me laisse tomber à ses côtés et je la secoue doucement. Elle respire à peine. Ils l'ont bien amochée. Elle a du sang partout. La plupart du sang a déjà séché, ce qui veut dire qu'elle est là depuis un moment. À cette pensée, je sens une boule de colère monter dans ma gorge. Cette fois, personne ne s'en sortira vivant. Personne. Je lève la tête en grognant et je regarde autour de moi. C'est calme. Beaucoup trop calme. Dans une forêt, les oiseaux gazouillent non? Mais là, pas un seul son.

Groen hurle de douleur. Je me retourne vivement vers lui et je le vois, à genoux par terre, une main sur son épaule. Du sang coule de sa blessure et ruisselle sur sa main. Son visage est déformé par la douleur. En prenant conscience qu'il venait de se faire tirer dessus, je me lève, mes flammes plus allumées que jamais. Ils ne me le prendront pas. À force de serrer les poings, mes blessures se sont ouvertes encore une fois. Je hurle de colère, de douleur, de désespoir. Pourquoi ils s'acharnent sur nous?! Pourquoi voudraient-ils venger mon père, ce monstre!? À moins que...Non, c'est impossible. Je l'ai vu cramé devant moi. Il ne peut pas être vivant!

-« Blue, Blue, Blue...Tu ressembles de plus en plus à ton père comme ça! Les flammes noires te vont bien mieux que tes misérables flammes bleues!», ricane une voix féminine derrière moi.

Blue [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant