~ Première convocation ~

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 PDV Lauren


          Le mercredi suivant la rentrée, je donnai mes deux dernières heures de cours de français à ma classe de Terminal dont j'étais la prof principale. Je fis lire quelques-uns de mes élèves sur un texte que je venais de leur distribuer. Tandis qu'une jeune lût, j'observai l'ensemble de la salle et remarquai qu'une élève n'écoutait absolument pas et préférait dessiner sur son cahier.

"Je n'ai que deux adversaires ; je ne dirai pas deux vainqueurs, car avec la persistance je les soumets : c'est la distance et le temps. Le troisième, et le plus terrible, c'est ma condition d'homme mortel. Celle-là seule peut m'arrêter dans le chemin où je marche, et avant que j'aie atteint le but auquel je tends : tout le reste, je l'ai calculé."

- Qui peut m'expliquer ce que cela veut dire ?

          Plusieurs élèves levèrent la main. J'interrogeai donc Ariana, une petite rousse, assise au premier rang, près de la fenêtre.

- Il dit juste qu'il a peur de la mort parce qu'elle l'empêchera de vivre éternellement, essaya-t-elle d'argumenter.

          Au moment où j'allais demander ce que pensait les autres de sa réponse, j'entendis un discret ricanement de désapprobation venant du fond.

- Elizabeth, puisque sa réponse vous fait rire, expliquez-nous votre point de vue.

- Il n'a pas peur de la mort, grogna-t-elle à l'entente de son vrai prénom. C'est juste qu'il regrette de ne pas être immortel pour ne pas pouvoir aller au bout de ses projets et de ne pas...

            Elle prit une grande inspiration et soupira avant de finir sa phrase.

- Et de ne pas pouvoir profiter éternellement des gens qu'il aime.

          Oups, le cours avait touché une de ses cordes sensibles. Elle se renferma dans sa bulle et pour une fois, je ne l'entendis plus. Je ne comprenais pas pourquoi son comportement passait d'un extrême à un autre. A 13h, la cloche retentit. Lorsque tous furent sortis, je fermai la porte de la salle à clef et allai chercher mon bébé chez la nourrice avant de rentrer. Après avoir, moi-même mangé et m'être changée, j'emmenai Taylor au parc. Je la poussai en peu à la balançoire puis elle alla au toboggan. Je m'assis donc sur un banc où je sortis mon journal de classe pour préparer mes prochains cours. Ma petite Taylor revînt après un moment à jouer. Elle était accompagnée d'une fillette dont les yeux me parlaient.

- Maman, Maman, s'excita Taylor.

- Oui, ma princesse ?

- Sofia peut venir dormir à la maison, ce soir, s'il te plaît ?

- Ce week-end, pourquoi pas mais pas ce soir. Demain, tu as école comme Sofia.

- D'accord Maman.

- D'ailleurs, ma belle, où es ta maman ? M'informai-je auprès de la petite en asseyant Taylor à mes côtés.

          Elle leva le bras en pointant son doigt vers le ciel.

- Et ton papa ?

          Elle refit le même geste. J'étais la pire des gaffeuses sur ce coup mais elle avait l'air de le vivre bien mais je comprenais la réaction de mon élève plus tôt dans la journée. Je la pris alors sur mes genoux.

- Tu es venue avec qui alors ?

- Ma deuxième maman et mes deux tatas.

          Elle les désigna du doigt. En les voyant, je reconnus instantanément deux de mes élèves. Je reposai Sofia au sol.

Amour interdit et complicationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant