Grim Reaper

Chapitre 4

" ° Habitant de Temporia ! Ici la NKGR, police criminelle assurant protection, sécurité et mort !
Habitants de Temporia ! Nous invitons tous les sujets qui ont entre 24h et 12h à vivre, à se rendre au commissariat le plus proche.

° Cher Habitants, si votre date de mort est fixée dans les 24h et que vous n'avez toujours pas adressé de souhaits à réaliser, veuillez au plus vite vous rendre au bureau des réclamations de fin de vie.

Il en va de votre paix intérieure avant votre décès. La police décline toute responsabilité en cas de désobéissance à la règle.

° Si vous n'avez toujours pas fait don de vos biens à vos proches, nous vous invitons à le partager aux générations futures et à ceux qui ont les espérances de vies les plus longues.

Information :

° Vous êtes invité cet après midi à l'exécution de Monsieur Francon. Celui-ci souhaite pour son décès être décapité en publique sur la place du marché. Nous vous invitons dans la dignité de cet acte, à être présent.

> Information : Ceux qui souhaitent quitter la ville et qui ont plus de 30 ans et qui ont une espérance de vie de deux semaines, sont invités à se rendre au commissariat.

° Bonne journée à tous et joyeuse mort à tous. Reposez en paix ! "

Le vent vient gelé le bout de mes oreilles. On est en automne ici. Tout les jours, tout les jours à 8h, ce sont ses baffles de la tour que l'on entend. Des baffles assourdissants et bourdonnants qui nous rappelle tout les jours où est la mort.
Pas loin.

Autour de moi, le monde fait comme-ci il n'a rien entendu. Chacun relit rapidement sa date sur son bras, histoire de se rassurer que ce n'est pas aujourd'hui, certains font mine de parler d'autre chose, d'autres parlent de ceux qui sont morts et de ce qu'ils ont fait et d'autres même portent leurs écouteurs dès que les baffles commencent.

Je ramasse une pierre et la lance dans le vent.
Franchement, je nous trouve écœurant.
Je sais qu'on ne peut pas faire autrement. En vrai, j'en suis sûr que tout le monde a peur de mourir. Mais comme c'est la tradition, qu'ici le jour de la mort est un jour heureux et un jour que l'on doit chérir, tout le monde, sans s'en rendre compte à commencer à se voiler la face .

C'est quand même le jour où logiquement on aura tout fait dans notre vie !

Logiquement... Heuresement donc que certains meurent à 10 ans !
Foutaise...

" Issac! On va être en retard ! "

Purée. À force de penser à la mort, j'ai carrément oublié de vivre . Une jeune silhouette est en train de s'approcher de moi, avec ses cheveux rouges qui se balancent dans le vent.

Je pince immédiatement mes lèvres. Je ne cherche pas à résister, je sais que mon cœur commence à péter un câble. Cette beauté qui arrive c'est Gisèle.
C'est mon ami d'enfance selon l'histoire et c'est celle que j'aime selon mon cœur.

Je ne dirai pas que je suis amoureux d'elle, ce serait peut être trop de dire ça tout de suite. Je sais juste que je suis content quand je la vois. Ça me fait pensé à autre chose et je me sens vivre quand elle est là.
C'est de l'amour ce truc-la ?

" T'as pas l'air en forme Issac... Me dit-elle en faisant la moue.

- Tu vas pas me dire ça tout les jours Princesse ?

- Bah disons que t'es  jamais vraiment de bonne humeur non plus.. "

Je lève ma tête à ses mots et je découvre qu'elle est en train de me sourire. Son sourire me fait mordre la lèvre, j'ai l'impression qu'elle m'envoûte avec sa bouche. Elle a tellement de charme cette fille. J'en oublie presque qu'elle va mourir dans 100 ans elle, qu'elle est bien trop jolie pour moi et que je serai certainement "mort" avant elle.

En bref, je ne me mets même pas en tête que je peux lui demander de sortir avec moi. C'est triste comme constat, ça m'agace...

Elle m'attrape soudain la main sans savoir à quoi je pense, se rapproche de moi jusqu'à coller sa poitrine généreuse sur mon torse. Toujours avec son sourire mesquin.

"Allez ! Ne me regarde pas comme ça ! On dirait que tu vas me dévorer des yeux !

-Si tu savais...

- Hein ?

- Je disais qu'on va être en retard ! Allez Princesse ! Dis-je en me dégageant de sa prise.

- Bon... Je te suis. "