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- C'est tellement silencieux ici, murmura Charlie.

Ils descendaient dans le noir, épaule contre épaule, et osaient à peine parler.

- On y est, lâcha Camille.

- Comment tu le sais ? demanda Charlie. Comment tu peux être sûr qu'on ne s'est pas trompé quelque part, qu'on a pris le bon chemin ?

Leurs lampes-torches pendaient à leurs poignets. Elles faisaient balancer les ronds de lumière en venant heurter quelques fois leurs cuisses, pavant le sol de furtifs éclats.

- Parce que c'est celui qu'on a choisi. C'est peut-être pas le plus important, que ce soit le bon.

Les ténèbres devant eux semblèrent tout à coup immensément vides. Leurs souffles ne résonnaient plus.

Ils levèrent leurs lampes dans l'abîme. Et l'abîme se remplit. Des surfaces lisses se refermèrent sur eux, les isolèrent dans un espace gigantesque. Des dizaines d'arêtes formant un volume circulaire les enserrèrent. Le vide s'était replié sur lui-même et ils se trouvaient maintenant au centre, entourés de quatre monolithes.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Rebecca en contemplant les courbes des quatre grandes pierres qui se tendaient vers le centre.

- Reculez ! cria Charlie en attrapant les deux autres afin de les entrainer en arrière.

Ils se rattrapèrent en dehors du carré que formaient les monolithes. Ils attendirent, un peu hébétés, qu'il se passe quelque chose.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Camille.

- Je... Rien. J'ai cru entendre un br...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Un bruit sourd résonna dans toute la salle pendant plusieurs secondes : celui d'une lourde pierre qui tombait.

- L'entrée ! hurla Rebecca. Elle a été refermée !

- Vite, il faut en trouver une autre ! ordonna Charlie.

Ils se précipitèrent vers les autres extrémités de la salle, espérant trouver une sortie à temps, avant qu'elle ne soit aussi refermée. Mais leurs mains avaient beau palper la pierre froide, ils ne trouvaient rien. Il n'y avait aucun autre passage.

- On est bloqués ici, lâcha Rebecca. Merde !

- Il y a forcément une autre sortie, tenta de la calmer Charlie. On va la trouver.

Une heure passa. Une heure durant laquelle ils tâtèrent chaque interstice dans les murs, guettèrent chaque courant d'air. Et puis Rebecca demanda :

- Vous avez regardé s'il y avait des dessins ?

Et ils comprirent ce qu'ils avaient loupé. Depuis que Charlie les avait tirés des monolithes, ils les contournaient consciencieusement, au point de ne pas avoir cherché au milieu.

Ils se retrouvèrent donc vers les imposants pics, et hésitèrent un instant avant de pénétrer dans l'enceinte qu'ils formaient.

- C'est bien là, dit Camille.

Il y avait un seul grand dessin. Il représentait un gigantesque serpent qui avait la gueule grande ouverte. Son corps s'enroulait encore et encore et sur ses plis gisaient des plumes et des poils, et des morceaux de feuilles déchirés.

- Il doit avoir gobé les silhouettes, murmura Charlie.

- C'est quoi au-dessus de lui, regardez, montra Rebecca.

- Des oiseaux, dit Camille. Ils doivent attendre pour manger les restes...

Ils fixèrent le dessin, pétrifiés par ce qu'il signifiait.

Le chant du colibriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant