24.

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La pierre sous leurs pieds, et tout autour, était si lisse qu'ils glissaient parfois. Ils marchaient donc très proches pour pouvoir se rattraper. Ils arrivèrent dans une salle carrée, un cube de verre aux arêtes moussues. Les dessins ne couvraient que le sol ; les murs et le plafond étaient nus.

- Où sont les silhouettes ? demanda Rebecca après qu'ils aient fouillé chaque surface.

- Nulle part, confirma Charlie.

- Et ça ?

Camille s'était baissé pour ramasser une touffe de poils. Il y en avait partout, et des morceaux de feuilles, et des plumes également.

- On dirait que des animaux se sont battus ici, murmura Rebecca en éclairant les huit coins de la salle tour à tour.

- Je pense plutôt que ça a été déposé là, argua Camille. Tout est disposé assez régulièrement.

- Deux passages, de nouveau, les coupa Charlie en pointant vers les découpes droites qui ouvraient sur les ténèbres.

Elle s'adossa à une des faces de la pièce et sentit dans son dos l'étonnante douceur de la matière froide. Un frisson la parcouru cependant, et elle remarqua qu'il en fut de même pour ses amis qui venaient s'appuyer près d'elle.

Ils restèrent ainsi en silence. Charlie sentait le contact glacé du mur dans chacun des points qui touchait son dos. Le froid remontait le long de sa colonne vertébrale en l'entourant d'une brûlure, et pourtant la sensation lui plaisait.

- Là, parterre, fit Rebecca. Je crois que ce sont les silhouettes.

- Humaines, à nouveau, observa Camille. On dirait qu'elles tirent quelque chose qu'elles ont sur elles.

- Et là-bas, tout autour de la salle au pied des murs, indiqua Rebecca. J'ai d'abord cru à de la décoration mais ça a un début et une fin. C'est...

- ...un serpent, termina Camille. Qui entoure ce qui gît sur le sol.

Ils avaient dit tout cela en chuchotant. Charlie s'était tue et écoutait en respirant doucement. Ces échanges de mots semblaient l'entourer de leur étrange vibration, comme lorsque quelqu'un vous murmure un secret dans l'oreille. Sur sa peau bleue, les poils étaient hérissés.

- Un passage monte et l'autre descend, dit Rebecca.

Ils ne prirent pas tout de suite de décision. Leurs respirations calmes emplirent le cube de verre, les surfaces lisses collèrent à leur peau. Ils jouèrent avec ce qui était posé sur le sol, firent courir les plumes, la fourrure, les feuilles sur leurs bras.

Ils sentirent les fourmis envahirent leurs articulations, s'en accommodèrent. Ils sentirent que la surface froide dans leur dos était devenue tiède, et alors seulement ils se relevèrent. Doucement.

Si les trois amis décident d'emprunter le passage qui monte, rendez-vous à la partie 22.

S'ils décident de descendre, rendez-vous à la partie 25.

Le chant du colibriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant