Les prémices d'une nouvelle vie
Le contact brusque et inattendu de Legolas lui avait fait ressentir une nuée de picotements insensés le long de son bras, comme si la foudre l'avait littéralement frappée sans pitié et sans vergogne. Le timbre grave de la voix de l'elfe avait fait frémir ses oreilles et figé le sang dans ses veines, donnant l'impression que ce dernier avait cessé d'affluer dans son corps en entier. Les frissons malsains de la surprise s'étaient ensuite répandus d'un seul coup sur l'ensemble de son être, sans qu'elle ne puisse se servir du froid comme d'excuse convaincante.
Elle avait regardé le visage du prince penché au-dessus d'elle, proche du sien d'une façon inquiétante et son regard devenu soudainement profond, plongé dans le sien, lui ordonner de lui faire confiance sans en comprendre la raison. D'ailleurs, elle ne savait réellement pourquoi elle avait accepté par la suite, car il était pourtant clair à ses yeux que Legolas ne pourrait rien faire pour l'aider. N'importe qui, même la personne la moins lucide, l'aurait aisément compris.
Alors que la jeune femme tournait le dos à l'elfe et s'enfuyait d'un pas rapide rejoindre son frère qui avait disparu de l'autre côté des bois, elle osa à peine effleurer d'une main frémissante et hésitante l'endroit où son épiderme avait été faite prisonnière d'une poigne de fer elfique. Son poignet lui paraissait étonnamment brûlant, si chaud qu'il en était devenu moite, comme si le sang bouillonnait à présent à l'intérieur de son être tel un volcan en éruption.
Or la chasseresse ne ressentait rien de plus que de la confusion, pas la moindre espèce de crainte ou d'excitation. Seulement du doute, de l'indécision, qui la rendaient malade. Elle se sentait désespérément perdue, ne sachant vers qui se tourner et que penser de la situation et du comportement de l'héritier de Thranduil. D'ailleurs, même encore en cet instant, le verdict du Roi lui paraissait bien insensé, à tel point qu'elle se figurait que tout ceci n'était qu'un simple rêve et qu'elle se trouvait en réalité encore au fond de la cellule royale, mais si faible que la folie s'était emparée d'elle.
Ses idées étaient aussi poudreuses que du sable, aussi fragiles que du verre, bien loin d'avoir la solidité minérale d'autrefois – l'assurance qui l'avait animée n'était plus.
Cependant, ce n'était pas de cela dont Assylana aurait dû s'inquiéter, mais bien davantage de la façon dont elle devrait sous peu expliquer son retour.
Doran l'attendait immobile aux abords exacts du village couleur de brume, fixant ce dernier avec une appréhension certaine, là où la terre laissait place aux pavés cassés et où les arbres centenaires se retiraient au profit de demeures moins majestueuses, dénuées de magie et d'enchantement. Le visage du jeune homme tiqua puis laissa progressivement entrevoir une peur naissance, celle de devoir faire face à tout un monde, à celui qu'ils avaient trahi alors que celui-ci les avait vus naître, et dans lequel ils mourraient sans doute.
Il aurait été difficile pour Assylana de reprocher à son frère cet état d'impuissance et, peut-être plus implicitement, de lâcheté, car elle sentait grandir en elle la même chose, à mesure qu'elle s'avançait pour le rejoindre. Chaque pas la rapprochait ostensiblement d'un lieu familier mais hostile, et cette sensation de n'être plus à sa place en ces lieux était si palpable que la jeune femme avançait presque à reculons. Elle avait l'impression de ressentir l'aversion de la moindre pierre grise chaque fois que ses yeux en rencontraient une, les reproches de la moindre parcelle d'air chaque fois qu'elle inspirait et le regard lourd de sous-entendus de toutes les générations qui s'étaient succédées ici dès lors qu'elle cherchait un endroit où se cacher. Elle les avait déçus, assurément, et elle ne savait comment leur demander pardon si ceux-ci voulaient toujours bien lui prêter une oreille attentive.
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Prisonnière des bois [SDA] - Terminée
FanficLe roi Thranduil a autorisé les hommes à s'installer dans une partie de la forêt à la condition qu'ils se plient aux exigences et aux règles que le souverain a imposées : payer un impôt annuel et ne jamais dépasser les frontières. Mais les bois sont...