New York
Alec, accoudé au bar du tikie's, regardait l'écran de télévision d'un air morose. Il n'était pas en colère, non. Il était juste déçu. Une partie de lui aurait pensé que Magnus aurait adopté une attitude différente, qu'il lui aurait montré qu'il regrettait un minimum ce qu'il avait fait. Mais au lieu de ça, il se pavanait devant les journalistes, faignant la tristesse, mentant encore et encore. A coup de petits sourires aux journalistes qui bavaient devant lui, il racontait son enfance à vivre sous les coups d'un père violent et manipulateur. Alec secoua la tête. Encore des mensonges. Il n'y avait pratiquement rien de vrai dans ce qu'il racontait. Les journalistes lui posaient des questions sur sa blessure au bras et il leur répondait en riant qu'après tout ce qu'il avait traversé, c'était une chute toute bête qui avait bien failli le tuer. Venait ensuite la question qui dérangeait le plus Alec : « Que ressentez-vous face à la mort affreuse dont a été victime votre père ? La colère que vous ressentez envers lui vous empêche-t-elle de ressentir de la peine ? ». Alec ne l'aurait jamais cru capable de mentir avec une telle facilité sur ce sujet, pourtant, il répondait avec un faux visage triste, qu'il aurait aimé qu'il vive pour pouvoir lui pardonner. La mort lui avait enlevé ce droit .
- Triste histoire, hein ? Ce garçon fait tellement preuve de courage. Je l'admire... Lui fit la barmaid.
Alec leva les yeux vers elle.
- Pas vous ? Lui demanda-t-elle.
- Je trouve cette histoire sordide. Répondit-il froidement.
- Oui, c'est sûr. Mais quand même, quel courage ! Je ne sais pas si j'aurais le cran de raconter cette histoire à sa place. Pauvre petit...
- Ouais...
La barmaid se détourna de l'écran, et continua à essuyer le comptoir avec son chiffon sale. Alec, lui, n'arrivait pas à détacher son regard de l'écran de télévision, bien qu'il montrait à présent une carte du pays annonçant une vague de froid dans la nuit.
- Je vous sers autre chose ? Lui demanda la barmaid en revenant vers lui.
- Non...
Il se leva et déposa un billet sur le comptoir.
- Gardez la monnaie ! Lui fit-il avant de quitter le bar.
Il remonta le col de sa veste et enfila ses gants. La vague de froid était déjà là, pensa-t-il. Abruti de journalistes... Il marcha pendant ce qui lui semblait des heures, errant sans but. Il n'avait pas envie de rentrer. Surtout qu'il savait ce qui l'attendait : les remontrances, les reproches de sa mère. Il avait interdiction de sortir sans protection, et il avait désobéi. Il n'avait pas la moindre envie de supporter Raj toute la journée. D'ailleurs, il ne voulait supporter personne. Il voulait rester seul. Il s'assit sur un banc dans Central Park. Devant lui, de jeunes enfants jouaient, courant dans tous les sens, leurs rires se répercutant en écho dans le parc. Leurs parents les regardaient d'un œil attendri, serré l'un contre l'autre, s'embrassant pudiquement de temps en temps. Il eut un sourire triste. A une époque, il avait osé s'imaginer avoir lui aussi des enfants qu'il regarderait jouer, lové dans les bras de celui qu'il aime. Malheureusement, tous ses rêves venaient de partir en fumée. Il était temps qu'il passe à autre chose... Puis de toute façon, il était certain que l'idée de fonder une famille avec lui n'avait jamais ne serait-ce qu'effleurer l'esprit de son ancien amant. Il lui aurait probablement ri au nez, et aurait changé de sujet comme il le faisait tout le temps. Il ne lui demandait pas d'être romantique, non, mais de faire un petit effort, de lui montrer qu'il l'aimait. Il l'avait fait une fois, ravivant en Alec l'espoir qu'un avenir entre eux était possible. Mais tout ça s'était effondré à nouveau. A présent, il y avait trop de morts entre eux, trop de secrets, trop de mensonges. Il fallait qu'il l'oublie, mais la tâche se révélait encore plus dure que ce qu'il ne pensait. Magnus récupérait ses biens petit à petit, et ne se cachait pas de le faire savoir à la terre entière, ce qui n'aidait vraiment pas. De loin, Alec le voyait prendre progressivement la place de son père, en haut de la société. Il avait beau faire tous les efforts du monde, il ne comprenait pas sa décision, ses choix. Ils auraient pu faire tomber les membres du Cercle, mais Magnus semblait plus vouloir se venger de son père que d'autres choses. Enfin, non, ce n'était pas tout à fait exact. Il voulait se venger de ceux qui s'en étaient pris à Raphaël. Valentin Morgenstern, qui avait été la main qui avait injecté le produit mortel à l'espagnol, avait, à l'image de Robert, disparut. Magnus lui avait juré qu'il ne ferait pas de mal à Robert, mais Alec n'en était plus tout à fait certain. Il n'arrivait plus à le croire. Il se demandait même si Magnus l'avait vraiment aimé ou s'il s'était servi de lui...
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Amoureux du fils de mon ennemi
FanfictionLorsque que Magnus revient à New York pour s'occuper d'affaires pour le moins dérangeantes, il est loin de se douter que le jeune homme avec qui il a passé la nuit la veille, est le fils de ceux qu'il hait le plus au monde: les Lightwood. Hors univ...