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Sur le trajet, Alice questionna:
- C'est Greg qui a appelé les secours, non ?
Amélie confirma d'un signe de tête.
- Comment savait-il que j'étais chez Kamel ?
- Il ne le savait pas. Alyzabeth le savait, mais elle ne nous avait rien dit. Sûrement pour ne pas que l'on s'en prenne à Kamel si elle se trompait.
- C'est pour ça qu'elle était chez lui ?
- Oui, elle voulait lui poser des questions, et il a voulu y répondre seulement si elle venait chez lui...
- Et il l'a tué parce qu'elle savait ?
- Je ne sais pas. Je crois pas, non. Quand les flics l'ont interrogé, il a affirmé, je cite ce qu'ils nous ont dit, "d'un ton calme et doux qui frôlait le démoniaque" qu'il avait tué Alyzabeth parce qu'elle l'a giflé lorsqu'il a voulu l'embrasser.
- Et dire que j'ai cru qu'elle sortait avec lui... regretta amèrement Alice.
- Tu ne pouvais pas savoir, la consola Amélie.
- Mais alors pourquoi Greg a appelé les secours s'il n'était pas au courant ?
- Je ne sais pas trop comment l'expliquer. C'est comme s'il avait ressenti ce qu'il se passait, un peu comme dans les films d'horreur où un personnage ressent que celui qu'il aime est en prise avec un esprit maléfique.
- Tu rapportes toujours tout au film d'horreur, sourit Alice. Mais c'est vrai que ça y ressemble...
- On l'a empêché d'aller chez Kamel, pensant qu'il devait délirer à cause de l'inquiétude. On n'aurait pas été là, elle serait peut-être sauvée...
- Vous ne pouvez pas savoir, dit Alice, reprenant l'argument que son amie lui avait donné.
Greg aussi était resté chez lui pendant plusieurs jours, mais lui avait accepté de continuer de voir ses amis. Il en avait besoin, même s'il ne participait pas aux conversations des autres. Il restait assis à les regarder, tournant régulièrement les yeux vers une photo, posée sur une étagère depuis plusieurs mois, où il était avec Alyzabeth. Dès qu'il était seul à un repas, il prenait son assiette et s'asseyait sur une chaise face à la fenêtre, regardant la rue au-dehors, avec toujours ce tic régulier de regarder vers la photo. Mais il était très peu seul, car les autres évitait de le laisser seul. Justement, comme personne travaillait ou n'avait quelque chose de prévu ce jour-là, Greg avait préparé un repas pour eux tous. Ils étaient assis sur le canapé et les fauteuils de la salle de séjour quand on frappa à la porte. Anaïs se proposa tout de suite pour aller répondre.
- Alice, ça fait longtemps ! s'exclama-t-elle en voyant les deux jeunes femmes qui étaient postées devant la porte.
Anaïs prit Alice dans ses bras et laissa les deux amies entrer. D'un même mouvement, Golan et Julien se levèrent, voulant tous les deux prendre Alice dans leurs bras, mais se souvenant comme une vieille souffrance que l'un comme l'autre l'aimait, ils se résignèrent et se contentèrent de la saluer. Amélie, qui avait déjà vu les autres, alla directement s'asseoir à côté de Florian. Alice se tourna vers Greg, qui avait baissé les yeux, n'osant pas la regarder, elle qui était plus ou moins à l'origine de toute sa souffrance.

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