chapitre 33

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solène.

je pose mon plateau en même temps que valentin alors que des pongistes nous rejoignent. parmi eux, une fille, une seule. elle s'installe dans ma diagonale, m'envoie un sourire tellement gentil que je crois que ses joues se déchirent face à tant de gentillesse en un seul regard.

- je m'appelle astrid, 25 ans, toi c'est solène, 26 ans ? elle demande toujours souriante.

je hoche la tête, en me questionnant sur sa façon de se présenter elle et les autres mais récupère sa main qu'elle me tend par dessus le plateau de valentin. il commençait à s'impatienter. mon téléphone vibre et mon coeur se serre durement.
je n'ose même pas regarder l'écran dans ma poche et je ne bronche pas quand il vibre pour la seconde fois étant donné que je ne l'ai pas lu. foutu iphone.

alors je reprend mon activité, manger pour me remplir le ventre vide depuis trois heures déjà.

une fois ma soupe engloutie, je commence à manger ma pomme. je sais que ça ne facilitera pas mon sommeil, même si traîner à attraper mon train alors que la fatigue pourrait s'échapper à flot de tous les pores de ma peau me semble ahurissant, j'ai besoin de sucres.

- wow t'avais faim, remarque valentin alors que brice m'observe en souriant.

je me contente d'hocher la tête et de mâcher précisément ma nourriture savourant le goût sucré de ma pomme rouge.

après le repas, plutôt que de monter dans ma chambre comme une asociale à toute vitesse, ce que j'avais prévu de faire, astrid m'a hélé alors que je montais les marches de l'internat.

- ca te dit de venir avec nous au baby-foot ? elle demande en étirant ses lèvres.

comment peut on être aussi souriante ?

je croise le regard de brice. je me dis que j'avais déjà la chance d'être tombée sur des gens que je connaissais et qu'il ne fallait sûrement pas forcer non plus.

alors j'ai placé un sourire sur ma fichue tête fatiguée et sûrement fade et tout de suite je me suis sentie mieux dès l'instant où astrid a sauté un peu trop haut une fois ma réponse parvenu à elle.
c'est une fois debout en face du baby foot face à paul, un tennisman, que ma fatigue s'est évaporée.

anne n'est pas loin, elle sourit avec son regard bienveillant et j'ai l'impression d'être retournée plus de sept ans en arrière.

- ne tardez pas à vous coucher les enfants, sourit t-elle.

qu'importe. paul crie qu'il est le meilleur alors qu'astrid l'apostrophe que c'est elle.

mon sourire s'agrandit un peu plus.

22h, je suis face à ma porte de chambre accompagnée d'astrid qui dort à l'étage au dessus, l'étage des pongistes et tennismans ainsi que les nageurs, ainsi que des deux cousins qui se chamaillent encore pour un truc qui me dépasse.

- tu manges avec nous demain matin ? demande astrid en lançant un regard aux deux garçons.

- ne nous la vole pas ! s'exclame valentin.

je souris et hoche la tête.

- tu fais bien d'accepter parce que je crois que je ne t'aurais pas laisser le choix ! finit elle par dire en riant.

je lève les yeux en l'air et de suite, comme si ce geste me faisait directement penser aux garçons, à ken, je me souviens que j'ai complètement zappé mon téléphone.

astrid me salue une dernière fois, valentin et brice aussi et je rentre dans ma chambre.

je ne sors pas immédiatement mon portable comme mon cerveau aimerait le faire mais écoute mon coeur et me faufile dans mon lit directement une fois ma toilette du soir faite pour parer la chute toujours un peu plus douloureuse de la non réponse de mon copain qui me manque atrocement alors que je lui ne veux encore un peu.

ça me fait bizarre de me l'avouer.

de : antoine

- salut gamine, la tournée déchire grave et j'avance de fou sur mes sons, je t'envoie une piste audio demain tu m'en diras des nouvelles !

de : mohamed le meilleur après ken (et mon doudou)

- yo, j'espère que ta spaghetti préférée te manque

je souris aux messages mais mes yeux se ferment doucement en constatant que même si les garçons pensent encore à moi, ken n'a pas l'air d'être du même avis.

une larme roule et je renifle. c'est bien la première fois que je me trouve stupide, vraiment de croire qu'il changerait son habitude de laisser son téléphone sur la table en sortant et ça me fait d'autant plus mal lorsque je ferme l'application message, une fois un bref message envoyé aux garçons, et que sa bouille apparaît en fond d'écran.

d'autre coté, je n'avais rien à lui dire de plus, si ce n'est que j'attendais encore les explications et qu'il me manquait malgré ça. peut être que c'était la même pour lui.

je repose mon téléphone face contre matelas et soupire en essuyant mes joues tout en les frottant contre l'oreiller.

mon téléphone vibre et si au départ je pensais que c'était une réponse de sneazz, lorsque la vibration se prolonge je comprend que c'est un appel. je renifle en me disant que je ne suis pas prête mais attrape tout de même mon téléphone.
mon coeur se serre. ken.

je décroche avec précipitation et je me rend compte que je ne sais même pas par quoi commencer.
j'entends distinctement son souffle et ses pas et j'imagine qu'il marche.

- ken ? je finis par demander en me disant qu'il n'a peut être pas fait exprès de m'appeler.

- oui bébé ?

- pourquoi tu m'appelles ? je demande en me redressant.

- parce que j'avais envie de te parler mais aussi parce que je voulais répondre à ton message de ce matin.

je le laisse parler vite et sa respiration se laisse entendre davantage avant de ralentir doucement. je me doute qu'il s'est trouvé un coin où s'asseoir.

- bien sur que je t'aime même et ça même si t'es dure avec moi.

 c a r e e r s  II. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant