chapitre 108

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solène.

même mon full in je ne le réussissais plus. les passages pour savoir quels changement serait opérés pour l'équipe de france qui sera présentée aux jo arrivent bientôt, j'ai pas la force. je monte les escaliers en compagnie de brice et valentin, exténuée de ma journée. ils me laissent à ma chambre après avoir convenu qu'on se retrouverai au baby-foot pour aller manger et je m'assois à mon bureau pour souffler un bon coup.

ma porte s'ouvre et mon frère rentre sans attendre que je l'y autorise. je ne peux même pas lui en vouloir n'ayant plus la foi de lui arracher les yeux.

- écoute ça, il me lance en me jetant une clé.

- non j'écouterais pas.

- écoute jte dis. c'est important. et fais moi le plaisir de te nourrir avant de faire un malaise.

il sort de ma chambre en refermant la porte sans la claquer et j'observe la clé quelques instants avant de la glisser sous mon oreiller avec celle d'avant et le petit mot que j'avais gardé.

je suis partie à la douche rapidement pour rejoindre les garçons après celle ci. ils m'ont accueilli en souriant et j'ai tenté de faire de même.

je n'ai encore pas fini mon assiette et le regard que brice m'a lancé m'a fait froid dans le dos. je ne pouvais juste pas me forcer sous peine de tout ressortir dans la seconde qui allait suivre.

- tu manges pas plus ? me demande valentin.

- plus faim, je souris doucement.

il hoche la tête et on termine le repas rapidement avant de remonter dans nos chambres.

- tu veux venir ? demande brice.

je secoue ma tête.

- je vais aller me coucher. merci.

- bonne nuit, lance valentin et brice hoche la tête.

je referme ma porte et récupère la clé pour resserrer ma main dessus. je l'ai rapidement inséré dans la prise usb et j'ai lancé la lecture sans attendre. il n'avait aucun moyen de savoir si j'avais écouté la musique mais je sais qu'il savait que je le ferais. il me connaissait un peu trop bien.

est-ce que tu t'es d'jà fait rabaisser par celle que t'aimais secrètement ?
gentille en privé mais, d'vant les gens, cruelle et légère
est-ce que t'as d'jà tapé quelqu'un juste pour qu'on te respecte ?
sans excuse, est-ce que t'as d'jà regretté au point d'ber-ger ?
est-ce que tu t'es d'jà dit : "faut qu'j'me secoue, j'ai plus 16 ans" ?
n'être plus qu'une âme perdue, errer et rôder des heures

j'écoute attentivement la suite. c'est calme et sa voix m'apaise encore un peu plus.

est-ce que t'as d'jà ressenti l'ivresse en t'imaginant la tristesse
de ceux qui te connaissent si tu t'faisais sauter la cervelle ?
est-ce que t'as d'jà ressenti la nature, au point qu'ça en soit douloureux ?
aimerais-tu partir en souhaitant bonne chance à tous les reufs ?
est-ce que tu t'es d'jà menti à toi-même ?

je ressens sa peine et au lieu de me lever pour vomir, j'ai pleuré.

victime du seum et du stress qui détruit nos organes

et j'réponds aux questions du morceau d'avant par l'affirmatif
personne pour alléger nos peines, tu f'rais quoi à notre place ?
y'a des choses qu'on doit faire seul, personne pourra lécher nos plaies
à notre place, parcourir la ville avec mes chats crevés
partager chaque grain, noyer notre chagrin dans chaque rre-ve
trempés jusqu'aux os sous l'averse, des chats de gouttière
dans cette vie sans saveur, on cherche les goûts d'hier

je comprend qu'il parle de moi. qu'il parle d'eux.

obligé d's'enterrer dans l'son, trouver une putain d'raison d'vivre
j'ai frappé dans les murs, mais ça résonne vide

entrer dans ce monde plat nous dessert ; j'plane, est-ce le désir ?

j'emmerde l'horloger, tu f'rais mieux de réfléchir

et puis j'ai rendu la seule qui m'aimait triste
celle qui s'était éprise de mes tristes débris
et mes regrets m'étripent car j'ai vu depuis
mes écrits la détruire, la déprime l'amaigrir
quand l'amour rend aigri, ça t'vient fatalement
comme la fin d'un monde où l'soleil mourant est gris

humanoïde.

j'ai explosé. j'ai chialé comme jamais je ne l'avais fais auparavant. il savait où toucher.

 c a r e e r s  II. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant