•𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟏•

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Il y a des années de cela, humains et monstres vivaient en paix et en harmonie. Pourtant, un jour, une guerre éclata entre les deux camps, une guerre sanglante et sans merci. Sang et poussière coulaient à flot, mais aucun des deux opposants ne gagna la troisième guerre mondiale. Ne trouvant d'autre compromis, ils durent continuer à cohabiter ensemble, dans le racisme et la haine.

200 ans plus tard.

La sonnerie retentit, donnant l'ordre à tout le monde de quitter l'établissement scolaire. Dehors il faisait nuageux, pas trop chaud, pas trop froid, mais légèrement venteux quand même. Le vent rappelait le mois d'octobre, mois d'automne où les arbres se dénudent de leurs feuilles couleurs chaudes voltigeant en toute liberté dans le ciel gris. Une troupe d'adolescents entrèrent dans un bus jaune, d'autres se dirigèrent vers les parkings. Il n'y avait que moi, jeune fille de quatorze ans et demi, qui serpentais les rues de la ville, tête baissée sur mes bottines bordeaux. Pas un seul regard vers les passants, pas un seul regard devant moi tout court. Je connaissais le chemin par cœur, je pourrais le parcourir les yeux fermés si quelqu'un me rendait subitement aveugle en m'arrachant les yeux avec une petite cueillère à café, ou à la fourchette, pourquoi pas. Une fourchette ferait bien plus souffrir la victime, tout le monde le savait. Tout le monde sait aussi qu'un couteau est encore mieux. Mais rien ne vaut un bon revolver face à une vulgaire arme blanche pour couper le pain du petit-déjeuner... C'est ce qu'on apprenait à l'école. Entre un couteau ou une arme à feu, prends l'objet que tu sauras le mieux manier. Mais le pistolet peut tirer loin et effrayer quiconque avec son bruit sonore, mais les couteaux, c'est plus discret. Et après le meurtre, on pourrait même aller se faire une tartine.

Quelques pâtés de maisons plus loin, j'arrivai devant une porte en bois, vieux comme la préhistoire ou quelque chose de ce style là. Ou en tout cas qui s'en rapproche. Je m'apprêtais à ouvrir la lourde porte lorsqu'un inconnu me renversa sur son passage, peut-être par accident, peut-être par plaisir. Je me redressai et observai la personne s'éloigner, d'un regard noir. C'était un monstre, comme il y en avait beaucoup dans notre ville. Les humains et les monstres se haïssaient, mais j'ignore encore pourquoi nous continuons à cohabiter ensemble. Moi je dis qu'on ferait mieux de les enfermer dans une montagne, au moins je ne mènerais pas cette vie là... D'ailleurs on y était à deux doigts. Mais une guerre qui a mal tourné ne peut qu'empirer les choses... Tout les meurtres de nos aïeux, tous seront gravés dans la mémoire des hommes à jamais. C'était comme pour la première et la seconde guerre mondiale, une histoire de racisme, une histoire d'injustice, une histoire de territoire. Je haïs les monstres pour ce qu'ils nous ont fait.

Quelques injures plus tard, je me relevai et m'engouffrai à l'intérieur de la vieille bâtisse de béton. Les vieux escaliers qui grinçaient sous mes pas, les vieilles photos sinistres et tristes accrochés au murs, rien ne me plaisait dans cette maison. Tout étaient juste poussière et malheur.

- Maître... ? tentai-je d'articuler, esquivant les canettes qui jonchaient le sol par centaine. Maître, je suis rentrée.

Je cherchais le vieille homme barbue armé de sa cravache dans toute la maison, en vain. Il ne restait plus que sa chambre à inspecter, seule pièce de la maison où l'on m'avait interdit l'accès depuis mon arrivée ici. Je toquai, mais aucune réaction, aucune réponse. À mes risques et périls, j'ouvris l'ouverture de bois et passai ma tête par l'entrebâillement.

Un corps. Un corps inanimé gisait sur le parquet dur et froid de la pièce, derrière le lit. Lentement, d'une main tremblante, j'empoignai le téléphone fixe de la chambre et composai le numéro des secours...

Voila la fin d'une vie de torture, suivie rapidement par une nouvelle. Après qu'on ait embarqué le corps décédé de mon tuteur, qui s'était éteint avec l'âge (ce sale alcoolique maltraîteur d'enfants...) la police me recherche pour me mettre dans une seconde famille d'accueil. Je refuse, j'ai déjà passé neuf longues années avec cet ignoble personnage ne jugeant que par violence et esclavagisme infantile. Je ne désirais qu'une chose, être assez âgée pour vivre seule, et qu'on me laisse la liberté.

La pire des Familles 【𝓤𝓷𝓭𝓮𝓻𝓯𝓮𝓵𝓵】(Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant