•𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝟐𝟔•

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Une rose éclora aux creux de ma main. Si petite qu’on eût dit un bouton. Je fronçai des sourcils, me concentrai fort, très fort, mais elle fana instantanément au lieu de s’épanouir davantage. Poussant un râle de frustration, je m’essuyais rageusement les mains sur ma couverture pour en retirer les dernières poussières de magie. Je maugréai en silence. Je n’arrivais pas à croire que je n’étais toujours pas capable d’utiliser mon nouveau pouvoir ! Tout ce que je pouvais faire se résumait à me tuer accidentellement.

J’étais en colère. À quoi cela me servirait si je ne pouvais pas utiliser ma magie ? J’aurais mieux fait rester entièrement humaine et dans l’ignorance, tout aurait été plus simple… Oui, si simple…

Sentant un mal de tête apparaître, certainement dû à mes perpétuelles ressassements, je me laissai tomber dans mon lit de fortune, les deux mains sur mon crâne. C’était la première fois que le canapé sembla si dur sous mon poids.
Je maintiens les yeux clos une bonne dizaine de minutes, cherchant un sommeil qui ne venait pas. Mais, en les rouvrant, stimulée par des bruits de pas à proximité, je ne pus étouffer mon cri d’étonnement. Une silhouette se tenait à l’encadrement de la porte, et sa magie brillait dans le noir comme une flamme de bougie oubliée.

« Bon, p’tite morveuse, habille-toi. »

Il me fallut plusieurs secondes pour assimiler l’ordre de Papyrus. Il avait l’air sévère, mais pas énervé. Comme aucune réponse ne lui venait, il insista.

« Tu dors ?

- Peut-être bien.

- Lève-toi. Et plus vite que ça. On part faire un tour. »

Une seconde passa. Puis deux. Puis trois. Peut-être quatre. Je ne sais pas. Le temps s’était brusquement interrompu, et lorsque mon réveil interne se remit en route, il était déjà trop tard pour que mon cerveau se rende compte de mon automatisme. Je poussai la couverture sur le côté et me levai sans grande conviction, époussetant le reste de pétales sur mon pyjama. Mes gestes étaient soit infiniment rapides, soit infiniment longs. Edge me fixait, les bras croisés, les clefs de l’appartement au bout de l’index. Soit patiemment, soit avec lassitude. Un rapide coup d’œil vers l’horloge m’indiqua qu’il était presque minuit. Pour une fois que le Muschroom Dance était fermé, pourquoi n’ai-je pas le droit de dormir ?

« Pourquoi je devrais venir avec toi ? »

Il arqua un sourcil.

« Parce que c’est un ordre.

- Et si je refuse ? »

Je montrai mes crocs dans un rictus provocateur qui ne lui plut pas.

« Tu ne m’insultes pas ? Avant tu l’aurais fait. Est-ce que c’est mon stupide frère qui t’aurait radoucie ? se moqua-t-il avec méchanceté. »

Mon sourire s’effaça.

« Hein ? fis-je bêtement, incapable de trouver quoi répliquer, me rendant compte au dernier moment qu’il avait réussi à me clouer le bec. »

Edge ricana amèrement et me jeta un sac à dos noir, que je ne reconnus pas, à mes pieds.

« Laisse tomber. Enfile ça et dépêche-toi, je n’ai pas toute la nuit. »

Après instant, piquée par mon éternelle curiosité, je posai le genoux à terre et dézippai la besace. Il y avait, là-dedans, des vieux vêtements. Lorsque je les sortis, Papyrus s’était déjà éclipsé pour que je me change. Un soupir m’échappa alors. J’avais en ma possession une salopette de chantier version miniature – sur l’étiquette était spécifié qu’il s’agissait d’une combinaison pour les monstres adulte de petite taille – très foncée, avec des vieilles baskets et un bonnet noir en laine.

La pire des Familles 【𝓤𝓷𝓭𝓮𝓻𝓯𝓮𝓵𝓵】(Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant