Les déblatérations n'avaient pas encore réellement débuté que Levi s'emmerdait déjà profondément. Lui, Hanji et la 104ᵉ, étaient sagement agglutinés derrière les dignitaires des armées et les représentants populaires. Démocrates et aristocrates s'étaient rués dans l'arène, et toute la Grande Galerie du Levant était surpeuplée, en effervescence, telles les entrailles d'un nid de frelons. Le raffut était intenable, sans compter que la salle allongée, et haute de plus de dix mètres entre les voussoirs centraux de ses plafonds peints, offrait une résonance acoustique des plus désagréables. La presse avait été conviée et ses journalistes se massaient aux premiers rangs avec leurs calepins, bousculant les nobles – eux-mêmes forcés à se tenir debout – tout en brandissant leurs porte-mines. Les tables dressées pour le dîner somptueux qui aurait dû avoir lieu avaient été poussées contre les murs, hormis la plus imposante derrière laquelle se tenait Eren en compagnie de Pit. Les chefs militaires n'avaient pas été invités à y siéger – à l'exception d'Armin Arlelt qui souffrait encore de son amputation récente, mais qui avait fermement refusé – et restaient alignés derrière eux. Seuls les individus dénommés par le peuple et les porte-paroles des corporations les plus représentatives s'étaient réunis autour d'elle.
L'adjudant Jäger était entré dans l'antre du diable d'un pas conquérant en saluant, de façon odieusement courtoise, toute l'aristocratie qui l'attendait déjà, prévenue des événements et de son arrivée. Il s'était emparé des lieux sans la moindre violence, l'escorte de l'Union des Pays Libres et de ses soldats suffisant à faire pression sur les récalcitrants alors que les Brigades Spéciales étaient déjà soumises à sa volonté. Les hommes, leaders martiaux et civils qui le suivaient, s'étaient mis à leurs aises comme s'ils avaient été des hôtes attendus. Le jeune et séduisant ambassadeur s'était, alors, déclaré « recteur » de l'assemblée constituante qui allait avoir cours, devant les visages décomposés et indignés des oligarques. Depuis, la réunion improvisée tentait de prendre forme.
Levi avait fini par avoir des crampes à force de porter Naïcha, et l'avait finalement cédée à Conny qui, toujours aussi inattentif malgré la gravité des événements, ne cessait de faire mumuse avec le lardon pour passer le temps :
« Oh, elle tétouille ! s'esclaffa-t-il en admirant la petite qui lui ventousait l'index.
— Arrête de lui enfoncer tes doigts cradingues dans la bouche, elle va attraper des maladies ! le réprimanda Levi.
— Springer ! piloria Hanji à son tour. Tu pourrais arrêter de jouer avec ce bébé et te concentrer sur ce qu'il se passe ? Merci ! »
Si Levi se demandait si un nourrisson avait bien sa place ici, il lui suffisait d'observer la centaine de personnes d'extraction populaire qui avait réussi à s'introduire dans la galerie. Des vieillards, des femmes et des enfants de tous âges, étaient entrés et se tassaient pour ne rien perdre de la messe. La foule continuait sous les portes ouvertes et même au-delà, baignant toute la place d'armes, le pont et les rues adjacentes. On n'avait jamais vu pareil rassemblement de toutes les strates sociales confondues.
Le Culte Des Murs était là, lui aussi, personnifié par ses douze archidiacres, ses trois pontifes d'enceinte et le Pontife suprême. Ceux-là ne rataient jamais une occasion de lécher les bottes de la haute, leur donateur le plus généreux. Il y avait longtemps que le Culte ne prélevait plus de taxe au petit peuple, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir du pouvoir et de s'enrichir en reniflant des culs, ses clercs et vicaires étant tous plus intéressés et sournois les uns que les autres. Les bigots avaient toujours été particulièrement nombreux au sein de la noblesse, adoratrice du mysticisme, et toutes ces grenouilles de bénitier disposaient d'une fortune si honteuse qu'elles n'hésitaient même pas à la gaspiller dans des futilités occultes dont se gavaient leurs hiérophantes, congréganistes et autres suppôts de leur secte. Intérieurement, Levi souriait de les voir soudain si discrédités. Les murs n'étaient plus, et il en serait bientôt de même pour leur religion infondée et manipulatrice. Eren avait raison de détruire ce vieux régime autocratique qui, au-delà du manque cruel de justice équitable, était pourri jusqu'à la moelle à cause de tous ces cartels économiques, souterrains et dictatoriaux, qui avaient toujours eu l'ascendant sur le bien commun. C'était un système révolu, inopérant, qui ne pouvait survivre aux décennies glorieuses sur le seuil desquelles ils se tenaient. Le monde s'était trop agrandi pour les réactionnaires.
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Dernière Guerre Pour le Paradis.
Fanfiction[Fanfiction, L'Attaque Des Titans / Shingenki No Kyojin. Fin alternative, post-ellipse du Chapitre 90. ErenxLevi.] An 854 : Eren a enfin percé le mystère que renfermait la cave de son père. En quatre ans, il est devenu un homme accompli, mais, désor...