Hiro les avait déposés sur la côte ouest, à deux centaines de kilomètres au sud de leur destination. Le Marteau d'arme avait fait un détour en longeant le littoral pour éviter de survoler les postes avancés ennemis. Depuis la nacelle, entassés les uns sur les autres, ils avaient aidé Le Rat à disperser, dans l'air, des bandelettes de feuilles d'étain que le jeune homme appelait « windows ». Les paillettes, tels des confettis, avaient virevolté sur le ciel d'encre, dans leur sillage, en assurant le brouillage des radars au sol ou embarqués à bord des sentinelles maritimes.
Pour repartir, Hiro devait suivre la côte est en volant le plus vite possible. Il serait sûrement repéré avant d'atteindre les murs mais, avec de la chance, son tracé resterait énigmatique et personne ne soupçonnerait leur approche. Lorsqu'ils s'étaient séparés, lui et Eren avaient échangé une poignée de mains des plus chaleureuses. Hiro ne lui avait jamais paru si angoissé et, si ses camarades ne les entouraient pas, le sergent se serait certainement permis une étreinte amicale pour le rassurer. Seulement, ses amis avaient tous un besoin aigu de concentration et se laissaient trop facilement distraire. Il n'avait pas envie de justifier sa relation avec le blond, même s'il ne s'agissait que d'amitié. Si ses comparses avaient bien tenu compte de leur complicité, des gestes trop intimes, alors qu'ils se connaissaient depuis moins longtemps que Mikasa et Armin, le conduiraient irrémédiablement à l'interrogatoire.
Désormais, ils voyageaient à bord de l'Halftrack conduit par Vass, flanquée du Rat comme co-pilote qui s'emmêlait dans une vaste carte sous les réclamations de la blonde quant à la direction à suivre. Le reste du commando se tassait à l'arrière, assis sur les deux rangs de sièges qui se faisaient face. Le lieutenant Vassnoïvitch avait pris deux hommes de son régiment avec elle. Ils étaient donc onze à s'empiler au-dessus des chenilles, et devaient se serrer avec tout le matériel qu'ils avaient emmené. La plus grande partie avait été rangée dans les coffres, sous les banquettes, et le reste s'amoncelait dans le passage central entre leurs jambes.
Cela faisait une heure qu'ils roulaient, traversant un relief de plus en plus accidenté et grimpant. Le nord de l'île était montagneux, formé d'anciennes vallées érodées par les dégels successifs, de vestiges de crêtes aplanies par les vents et de cirques glaciaires où les dernières neiges perduraient malgré la venue du printemps. L'air était vif et vigoureux. Les soldats du Bataillon avaient abandonné leurs uniformes pour des tenues appropriées aux climats plus extrêmes. Celles-ci se composaient de parkas d'un vert boueux, doublées de fourrure claire, ainsi que des pantalons de cuir imperméabilisés et des brodequins remontants, également fourrés.
L'ambiance était lourde et aucun d'eux n'était très bavard. Ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils découvriraient en atteignant les confins de leur territoire, pas plus qu'ils ne savaient s'ils en reviendraient. Certains avaient passé leurs capuches et méditaient, le regard caché sous la toison écrue qui les bordait, agitée par le vent mordant. Chacun s'accrochait comme il pouvait, à son voisin ou aux montants qui leur servaient de dossiers, tandis qu'ils étaient secoués comme toute une pruneraie.
Eren regardait le paysage défiler, entre Glenn et Levi. Celui-ci, à l'extrémité de leur rangée, était accoudé à la ridelle arrière et faisait tournoyer distraitement, entre ses doigts agiles, un couteau papillon confisqué à Conny, un peu plus tôt, alors que celui-ci avait manqué de se blesser avec après l'avoir déniché dans l'un des coffres de bord. Le bruit cadencé que faisait la lame en girouettant entre ses phalanges, valsant d'une intercalaire à l'autre cependant que les deux manches voltigeaient autour de sa main, devenait hypnotisant et de plus en plus agaçant. Malheureusement, l'homme ne semblait pas s'en rendre compte et contemplait, lui aussi, les décors qu'ils laissaient derrière eux d'un air absorbé et imperceptiblement crispé.
Eren le sentait : Levi était anxieux. De toute évidence, les anciens de la 104ᵉ – qui jetaient à leur supérieur des coups d'œil en biais de plus en plus irrités – devaient, eux aussi, commencer à s'en rendre compte. Vass et Le Rat rompirent soudainement le silence depuis l'avant du véhicule :
VOUS LISEZ
Dernière Guerre Pour le Paradis.
Fanfic[Fanfiction, L'Attaque Des Titans / Shingenki No Kyojin. Fin alternative, post-ellipse du Chapitre 90. ErenxLevi.] An 854 : Eren a enfin percé le mystère que renfermait la cave de son père. En quatre ans, il est devenu un homme accompli, mais, désor...