J'en ai marre d'être "différente".Oui, j'ai les cheveux violets, je suis anarchiste, j'aime le Metal, et j'aime avoir mon look à moi, j'aime me faire remarquer, j'aime sortir du lot, être différente, mais sans guillemets.
J'aimerais pouvoir manger ce qu'on me sert à la cantine comme tout le monde, sans entendre dans la foule:
« Pourquoi elle a une glace différente ? »J'aimerais bien ne pas avoir cette chose dans le corps qui peut me clouer au lit quand elle veut. J'aimerais pouvoir manger une bonne glace au café, faite avec du vrai lait. Sans avoir à tester nombre de laits végétaux pour avoir une glace sans lactose, qui ne réveillerait pas ma douleur intérieure. J'aimerais tellement ne pas avoir à fouiller les rayons sans gluten pour trouver des spaghettis auxquels je ne suis pas allergique. J'aimerais tellement redécouvrir le goût des yaourts aux fruits que je mangeais quand j'avais dix ans. Pouvoir croquer à plaines dents dans un pain au chocolat comme quand j'étais en maternelle, déguster des petits écoliers avec mes amis pour le goûter, acheter des gaufres en sortant du lycée et les manger sur le chemin tout en discutant. Rajouter de la crème chantilly sur tous mes desserts jusqu'à en vider la bombe, commander des cafés liégeois plus gros que moi et faire le concours de celle qui en mange le plus avec ma mère, faire des milk-shakes aux mille et un goûts différents et les partager avec toutes mes copines. Dévorer le poulet du dimanche et savourer chacune des frites bien grasses qui l'accompagnent. Me goinfrer de bonne choses à la période de Noël, déguster du boudin blanc avec de la compote de pommes chaude, et reprendre quatre fois de la bûche, à chaque repas, jusqu'au Nouvel An. Aller chercher la galette des Rois chez le boulanger, regarder à travers les coupures de chaque part où se trouve la fève pour obtenir la couronne, et une fois finie, en redemander encore. Pouvoir goûter juste un bout de la baguette de pain quotidienne en sortant du boulanger, et la dévorer sur le chemin du retour. Dessiner sur le glaçage de mes pâtisseries, décorer mes assiettes avec les aliments de manière à former à magnifique tableau. Ajouter des tonnes de vermicelles au chocolat sur mes parts de gâteau, et des pastilles de sucre en forme d'étoiles multicolores dans ma crème anglaise, accompagnées d'éclats d'amandes grillées et de nougatine. Ne pas demander ma crêpe sucrée avec de la pâte au sarrasin au restaurant, et à la place commander le supplément "boule de glace, chocolat, chantilly, crème de marron" sans me dire que c'est pas raisonnable. Ne pas passer mon temps au milieu du supermarché à éplucher la composition de tout ce que j'achète pendant des heures, et ne pas avoir à me poser la question si ce que je consomme contient du lactose ou du gluten à chaque instant. Vraiment. Tu peux pas savoir à quel point mon ancienne vie me manque. Cette vie dans laquelle je pouvais manger joyeusement ce qui me faisait plaisir sans que cela ne me rende malade.
« Toute façon, s'il y a du gluten dans les frites, C, elle sera malade, et elle reviendra plus à la colo de musique. »
T'imagines pas à quel point ça fait mal d'entendre ça. De se revoir un an auparavant clouée dans son lit à se tordre de douleur, à ne pouvoir rien faire d'autre que dormir et pleurer en entendant tous ses amis jouer du piano, alors que toi, tu n'es capable de te lever que pour faire un aller-retour entre ton lit et tes chiottes. D'avoir envie de toucher le clavier, d'agiter les doigts, d'écouter chaque note pour composer la mélodie, et d'en être physiquement incapable. Et ce qui fait le plus mal, c'est d'entendre cela sortir de la bouche d'une petite fille de même pas douze ans. J'sais pas, je sais que j'ai pas toujours été gentille dans mon enfance, mais j'ai pas souvenir d'avoir dit des choses comme ça, alors qu'est-ce-que j'ai fait de mal dans ma vie pour recevoir ça de la part d'une gamine ? Adoptée en plus ? Apparemment, elle est pas restée assez longtemps dans son Vietnam pour comprendre à quel point ça fait mal de pas pouvoir manger comme on veut...
Tu peux m'expliquer pourquoi dans la vie, c'est toujours les gentils qui s'font baiser en premier ?
J'sais bien que j'ai pas toujours été un ange, j'ai fait des erreurs, j'ai été parfois méchante, j'ai jamais prétendu être une lumière, j'sais bien que j'pourrais jamais être parfaite, mais dis moi, sérieux, qu'est-ce-que j'ai fait pour mériter ça ? Déjà quand j'étais gosse, tout le monde me rejetait. Parce que j'étais "différente". Et alors que je commençais à m'intégrer, Life, t'as décidé de creuser entre eux et moi un nouveau fossé ? J'ai toujours su que t'étais une pauvre salope, la preuve, mes amis, j'suis allée les trouver sans te demander de m'aider. J'm'en suis toujours sortie sans l'aide de personne, sans toi et tes bénédictions tellement j'ai compris à quel point t'étais qu'une menteuse en qui j'peux pas avoir confiance. Tu verras, dans un futur proche, je serais toujours debout, l'épée à la main, nous nous retrouverons face à face, je te regarderais dans les yeux, et je te dirais:« Tu vois ? Tu n'as pas été gentille avec moi, tu m'as fait beaucoup de mal, tu as voulu m'empêcher de réaliser mes rêves, mais voilà, je suis là. Ca n'a pas été facile, mais malgré tout
J'ai réussi. »
VOUS LISEZ
L'insomniaque
PoetryJe parle très souvent d'amour. Parfois trop. Je crois trop aux contes de fées, et cela m'a valu quelques baffes venant de la Réalité. A ce propos, elle m'a donné un cadeau empoisonné qui tous les jours tente de me pourrir la vie. J'en ai connu des c...