Lettre à Henry M. Bond

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Tu sais, ça commence à être long et difficile de vivre avec ton absence... 


J'ai beau avoir des gens autour de moi, des amies, un copain, tout ce que je n'avais pas avant, mais même si durant ta vie tu m'as pourri l'existence, j'aimerai de temps en temps retrouver ta présence. Celle de l'homme que tu étais, de celui dont la vie m'a privée trop tôt, de la seule présence masculine qui ne m'aurait jamais abandonnée... 

Tu me manques toujours un peu plus chaque année, et ça fait toujours aussi mal. Ton absence me rappelle à quel point je suis moi même la seule personne à pouvoir incarner à la fois un rôle féminin et masculin pour m'en tirer. Je suis devenue malgré moi le seul rocher sur lequel je peux m'appuyer. À la fois un homme et une femme pour pouvoir affronter la dure réalité, les épreuves de la vie, la première rencontre avec la mort, tout ce qu'il peut être insupportable pour une personne normale. 

La mort d'un père est insupportable. Il est impossible de trouver quelque chose ou quelqu'un qui puisse nous protéger autant que lui l'aurait fait. Et c'est lorsqu'il disparaît que l'on réalise que c'était lui qui nous forgeait aux épreuves les plus cruelles de l'avenir.

Je ne peux pas te demander de revenir, mais je peux te dire que même après tout ce que tu as fait, tu restes mon père, tu me manques toujours autant après tant d'années, 

et je t'aime toujours comme dans mon enfance innocente...  


à Henry M. "Bond", parti trop tôt, le 12/04/2009

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