Division par zéro

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(ou: « Les dépressifs pleurent les vendredis soirs »)


Je ne comprends pas.

Je ne comprends définitivement pas.


Qu'est-ce que je gagne à reproduire toujours ce maudit schéma ?

A éprouver des sentiments qui me font penser que je suis amoureuse soit de lui, soit de toi ?

Est-ce que je m'en aperçois, déjà ? Tout le problème réside là...

Mes émotions s'embourbent dans ma compassion, et font grandir trop vite mon affection.

Pourquoi celle-ci revêt un masque d'amour factice et m'entraîne dans un artifice ?

Je crois t'aimer, et je t'aime effectivement durant un certain temps,

Mais au final, quand la réalité me rattrape, je réalise que j'suis tombé encore une fois sur un os à moelle,

Que j'ai crié au bonheur beaucoup trop vite, alors qu'en vérité, ton passé a juste trop ému mon cœur sensible.

Et comme toute chose ne peut être simple, je regarde ma vie et la tienne successivement,

J'culpabilise et j'm'enferme dans un bunker étouffant,

J'rumine comme un bovin, et j'm'enfile parfois trop d'bouteilles de vin,

En dramatisant sur tes réactions quand tu comprendras les causes de mes actions,

Mais plus encore quand j'me rends compte que j'ai pas changé depuis tout ce temps.


J'me suis oubliée toute ma vie sans penser à ce que je désirais vraiment.

J'ai pensé qu'en te tendant la main, à toi comme aux autres,

J'finirais par être heureuse et que j'vous guérirais de vos maux.

En pauvre mère Térésa que je ne suis pas, j'ai cru pouvoir t'aider,

Au point que j'me suis beaucoup trop projetée, à me dire que je t'aimais,

Que ça durerait longtemps, que l'avenir avec toi me plairait,

Mais finalement c'est toujours la même chose.


Ça commence sérieusement à me peser comme situation.

J'te jure, c'est beaucoup trop pour quelqu'un dont le fardeau pèse plus lourd qu'une maison.

Ça fait beaucoup trop d'années que j'suis divisée entre mon cœur et ma raison,

D'autant plus que ceux-ci sont toujours en contradiction.


J'ai beau vous faire à tous des poèmes en prose, je ne peux me complaire dans ce que tu me proposes.

Pourquoi me demandes-tu ? Parce que ça fait des années que mon véritable désir s'est tût,

Que je me résigne en pensant que l'homme que j'aime vraiment ne sera jamais mon amant,

Alors que finalement, mon cœur pour lui bat tout autant, au rythme de toutes les chansons que j'écoutais avant,

Toutes ces odes à l'amour, ces guitares électriques grondant, qui faisaient danser mon quotidien déprimant,

Qui égayaient mes journées de solitude par des rimes harmonieuses pour apaiser mes incertitudes,

Qui me montraient toute la vérité, malgré le masque d'illusions que je me forçais à porter.

L'insomniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant