Nouveaux voisins (Camren).

30.

Ce que Camila m'a avoué hier me trotte dans la tête depuis ce matin en me réveillant. A vrai dire je n'ai pas arrêté d'y penser depuis que je l'ai quitté. Je suis dans une impasse, nous sommes dans une impasse, car je n'ai aucune idée de comment arranger la chose. Je compte en parler aux filles et à ma famille qui pourront être de bons conseils, du moins je l'espère.

Nous avons décidé de nous remettre ensemble bien qu'elle avait peur que je n'accepte pas après ce qu'elle m'avait fait mais comme je lui ai dit, je ne lui en tiens pas rigueur dans la mesure où rien n'était de sa faute. Nous allons devoir vivre une relation cachée, qui va sûrement nous faire du mal mais qui paraît plus simple sachant que nous vivons à côté, le temps de régler ce problème.

J'arrive dans la pièce centrale de la maison qui semble vide. J'entends Taylor et Chris parler dans le jardin donc je décide de m'y rendre. L'air dehors est chaud à la limite de l'étouffant ce qui est assez embêtant , même au bout de dix-huit années de vie ici je ne m'y fais pas et ne m'y ferais probablement jamais.

La scène devant laquelle je tombe me fait rire, et pour cause ma sœur et mon frère se disputent la seule bouée crocodile que nous avons sous prétexte qu'elle est bien pour s'y installer correctement. Je les vois tirer l'un par la tête et l'autre par la queue, encore heureux que ce crocodile est solide.

-Quand je vous dis que vous êtes des enfants assuré-je alors qu'ils arrêtent leurs gestes laissant la bouée entre eux deux.

-C'est lui qui ne veut pas me la donner râle Taylor.

-Pourquoi vous ne faites pas un chifoumi proposé-je voulant en voir un ronchonner, ma sœur de préférence.

-D'accord ajoute Chris, une manche gagnante. Ils s'envoient un regard de défi comme s'ils se battaient pour une noble cause ou quelque chose de sérieux.

Ils mettent une de leurs mains dans leur dos avant de dire en chœur «pierre-papier-ciseaux». Je remarque la grimace de ma sœur quand elle a perdu me faisant rire. Elle tape sa main contre l'eau créant des éclaboussures dans le visage de mon frère qui lui est fier d'avoir gagné. Il la nargue en croisant ses jambes et mettant ses mains derrière sa tête alors qu'il vient de s'allonger sur la bouée.

-Puisque c'est comme ça je sors de la piscine dit Taylor en montant les marches pour se retrouver sur le sol.

-Tu n'es pas croyable rigolé-je accompagné par Chris. Ma sœur s'allonge sur un transat pendant que moi je plonge mes pieds dans l'eau. Nous sommes tous les trois dans nos songes.

Il serait sûrement judicieux de ma part de leur parler de ma visite à Camila hier et du déroulement de celle-ci, je pense que cela les ravirait de savoir ce qu'il s'est passé et que nous sommes à nouveau ensemble. Je décide de lancer la chose directement.

-J'ai revu Camila hier. Ils tournent en même temps leur tête vers la mienne me faisant sourire.

-Raconte ! s'exprime Taylor ayant toute son attention portée sur ma personne.

Je me mets à leur narrer comment cela s'est enchaîné en commençant par mon arrivée dans sa chambre la trouvant dos à moi, en passant par son aveu quant au comportement de sa mère puis en terminant par notre réconciliation. Pendant mon récit je vois plusieurs émotions passer dans leurs yeux leur faisant avoir quelques mimiques amusantes, bien que le sujet ne s-y prête pas.

-Je suis partagé entre la surprise d'apprendre ça, la joie de savoir que vous êtes en couple de nouveau et la colère de savoir le rapport de Sinuhe à l'homosexualité. Je pince les lèvres aux dires de mon frère.

-Il faut faire quelque chose Lau, une relation cachée ce n'est pas bon.

-Je sais Tay, mais quoi faire ?

Cette sensation d'être abattue, de ne rien pouvoir faire, d'impuissance, m'enlève toute la volonté de recouvrer ma relation d'avant avec la brune. Cette relation qui, bien qu'elle ne faisait que de débuter, me rendait heureuse. Libre, c'est le mot que j'aimerai pouvoir employer à nouveau pour décrire notre union. Libre de s'aimer,d'être heureuse.

-Il faut lui parler, la raisonner. Si vous lui montrez comment vous êtes ensemble peut être qu'elle changera d'avis propose Chris alors que je hausse les épaules.

-Je ne pense pas qu'elle ait envie de me voir débarquer dans son salon pour m'entendre vanter les mérites de notre relation.

-Vous trouverez une solution, j'en suis certaine Lau. Je hoche la tête très peu sûre que ce soit le cas.

~

Sa tête posée sur mon épaule, Camila semble apaisée. Je l'ai rejoint dans sa chambre après qu'elle m'ait invité à le faire quand sa mère est partie faire des courses il y a quelques minutes. J'ai passé ma main sous son t-shirt et m'amuse à lui faire des caresses sur le dos lui provoquant quelques frissons que je parviens à sentir.

-Tu as froid ? lui demandé-je pour l'embêter. Elle me donne un coup d'épaule comme elle le peut m'arrachant un rire discret. Je ferme ensuite les yeux pendant que je la sens lever sa tête, que je ré-ouvre quelques secondes après en sentant son regard sur moi. Pourquoi tu me regardes ? dis-je avec un sourire en coin. Elle continue de m'observer quelques temps avant de prendre la parole.

-C'est interdit ?

-Je ne crois pas non assuré-je.

-Tant mieux alors parce que je compte te regarder encore longtemps. Je memets à rire.

-Pourquoi tu deviens niaise tout à coup ?

-Je disais juste ça parce que je vais devoir m'habituer à ta mocheté. Je lui tire la langue.

-Moi je m'y suis déjà acclimaté à la tienne pourtant renchéris-je toujours joueuse. Un blanc s'en suit pendant lequel nous nous regardons. Elle est tellement belle.

Je lève ma tête vers la sienne dans le but de l'embrasser alors qu'elle la recule doucement tout en souriant. Ne voulant pas perdre à ce jeu, je tire sur le col de son haut pour enfin poser mes lèvres sur les siennes me réjouissant à cette sensation. Elle se retrouve avachie sur moi pendant que mes bras l'entourent. Nos langues jouent ensemble tout comme ses mains placées dans mes cheveux qui ne doivent plus ressembler à rien. Au moment où je glisse mes doigts sous son t-shirt un raclement de gorge nous sort de notre moment.

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Mon dieu quel suspens ! Bref trêve d'ironie, merci à vous