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La flamme jaillit de mon briquet que j'apporte jusqu'à ma cigarette pour l'allumer. Posée sur un transat devant ma piscine j'inspire la fumée que je recrache lentement. Je suis actuellement seule chez moi, les filles étant parties plus tôt dans la journée, j'ai passé la matinée avec mon frère et ma sœur avant qu'ils ne sortent chacun de leur côté. Le soleil tape surtout mon corps qui finalement prend des couleurs peu à peu me ravissant énormément.

Je ne sais pas ce que je compte faire aujourd'hui n'ayant rien de prévu avec personne mais je pense que passer ma journée à ne rien faire peut me plaire, surtout que la fac devrait commencer dans un mois environ, donc autant continuer à profiter de mes vacances. En pensant à la fac un sentiment de joie mélangé à la peur se glisse en moi. J'ai vraiment hâte d'y aller, surtout que normalement toutes les filles seront en ma compagnie, mais en même temps ça sera tout nouveau et ça a un aspect inquiétant. De plus je vais quitter ma famille, et les laisser en allant aussi loin d'eux me peine énormément.

Depuis toute petite je rêve de grand, de partir loin pour continuer mes études, arrivant à vivre seule tout en étant indépendante. J'ai toujours voulu accéder à une école d'art, depuis aussi longtemps que je me souvienne j'ai toujours aimé la photographie, capturer les instants présents, saisir les émotions qui peuvent se dégager des personnes ou même des paysages. Malheureusement je trouve que la photo a perdu de sa valeur depuis que tout le monde s'amuse à prendre tout et n'importe quoi, mais bon pour moi cela reste un art que j'affectionne tout particulièrement, et j'aimerai en faire un métier, bien que pour certains exercer dans l'art n'est pas une vraie profession.

Le bruit de la sonnette me sort de mes pensées. J'écrase ma cigarette dans le cendrier puis me lève et pars ouvrir la porte après avoir mis un paréo autour de moi, ne sachant pas qui vient me voir. N'attendant personne je me demande bien qui peut venir me voir, peut-être que ce n'est rien d'important. Arrivée devant la porte je l'ouvre et tombe sur la dernière personne à laquelle j'aurai pensé. Elle est là, devant moi, me regardant étrangement, tandis que moi je reste debout, n'arrivant pas à bouger.

-Qu'est ce que vous faites là demandé-je froidement. Je n'aime pas la voir ici, elle n'a rien à y faire. Vous venez pour m'insulter, ou bien me défendre de voir votre fille ?

-Bonjour Lauren, j'aimerai simplementte parler. Pourrais-tu me laisser entrer s'il-te-plaît ? Méfiante mais résignée j'ouvre ma porte en grand pour lui faire comprendre de venir.

Je la vois m'attendre pendant que je ferme la porte avant de l'inviter par un geste, à me suivre dans la cuisine pour l'écouter me parler. Me posant sur une chaise en face d'elle je reste toujours choquée mais ne le montre pas, préférant aborder cet air et ce regard froid lui faisant comprendre, je l'espère, qu'elle n'est pas la bienvenue.

-Je vous écoute mais je n'ai pas tout mon temps donc si vous voulez bien vous dépêcher. Mon ton glacial n'a pas l'air de la surprendre mais en même temps comment cela serait-il possible ? Elle joue avec ses doigts comme si elle était stressée me faisant froncer les sourcils.

-Je voulais m'excuser commence-t-elle simplement alors mes yeux s'agrandissent. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris pour être honnête. Quand j'ai appris cette relation que toi et Camila entreteniez j'ai vu rouge. Je ne voulais pas que ma fille sorte avec une fille parce que pour moi c'est quelque chose d'étrange et que je n'aime pas forcément ayant été élevée dans une famille très croyante et homophobe. Mon mari m'a parlé, pendant la soiréede hier, et je n'ai pas dormi de la nuit en réfléchissant à ce que j'ai fait subir à ma fille et toi également. Tout cela n'était pas mon but, j'étais simplement aveuglée par votre relation et mon propre bonheur, faisant de moi une égoïste.

Je ne sais pas comment réagir parce que je n'aurai jamais imaginé la voir débarquer chez moi pour s'excuser du mal qu'elle a fait autour d'elle. Je ne compte pas lui pardonner parce que je trouve cela beaucoup trop simple, après les propos qu'elle a tenu et la douleur qu'elle nous a causé, seulement j'entends ses paroles.

-Vous acceptez notre relation alors ? Je reste vraiment sceptique.

-En quelque sorte. J'admets que ne pas vous voir vous embrassez devant moi pourrait m'arranger mais je ne vais plus rien dire ou vous empêcher de vous voir et d'entretenir votre couple. Je ne veux plus voir ma fille aussi abattue qu'elle était pendant que vous n'étiez plus ensemble, parce que bien évidemment je sais que vous êtes de nouveau en couple.

Je ne sais pas quoi penser. Je n'aime pas vraiment ce qu'elle me dit parce que bien qu'elle ne se mettra plus en travers de notre chemin, elle reste blessante dans ses dires. Je ne vois pas quel serait le problème à ce que j'embrasse Camila devant elle, ou lui tienne la main. Nous ne comptons pas coucher ensemble sous ses yeux non plus.

-C'est déjà un bon début j'imagine. Ne vous attendez pas à ce que je vous saute dans les bras, que je vous sourie grandement dès que vous passez devant chez moi. Je vous remercie juste d'essayer d'accepter notre relation parce que je pense que cela doit faire plaisir à Camila. Elle me lance un fin sourire.

-Je sais que tu as du mal à me croire mais je suis désolée, et même si j'ai encore du mal à accepter parce que ça ne se fait pas en seulement quelques heures, je suis prête à voir les choses autrement. Je lâche un petit rire contre ma volonté.

-Le truc voyez-vous, c'est que vous ne devriez même pas à avoir à réfléchir sur une éventualité de tolérance envers notre couple ou même envers les autres personnes homosexuelles. Je suis contente de votre effort que je prends forcément en compte mais vous m'avez blessé, tout comme votre fille, et ne comptez définitivement pas sur moi vous vous pardonner aujourd'hui.

-Je comprends, ne t'en fais pas. Je hoche la tête en pinçant mes lèvres. Bon je vais te laisser, je pense que ma fille ne devrait pas tarder à venir te voir. Elle se lève et je la suis jusqu'à la porte que j'ouvre pour qu'elle passe. Bonne journée Lauren me dit-elle avec un signe de tête.

-Merci. Je ferme la porte après un dernier regard pour Sinuhe.

Je souffle en me posant sur le canapé. Quelle conversation. Je suis vraiment partagée entre le soulagement et l'énervement. Je sais pertinemment que cette situation va ravir Camila qui a sûrement du tomber dans les bras de sa mère après qu'elle lui ait dit ça mais je n'oublie malgré tout pas ce qu'elle a fait qui reste, selon moi, quelque chose de difficilement pardonnable.

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Quelle connerie ces homophobes. Bref j'ai vu avoir dépassé les 2k votes sur cette histoire ainsi que les 14k de lectures, que dire à part merci beaucoup, surtout qu'elle ne les vaut pas vraiment, mais bon. Merci ❤.


Nouveaux voisins (Camren). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant