1 - LE PIQUE-NIQUE

95 9 1
                                    

 Après une semaine bien chargée, mes parents avaient décidé de pique-niquer ce samedi après-midi. Cette journée de la fin du mois d'avril 2008 était exceptionnelle. Nous atteignons bientôt les 22 °C, ce qui était extrêmement rare pour la saison, dans notre petite région de Normandie. Il y avait un magnifique ciel bleu et pas un brin de vent.

— Anya, Térésa, vous êtes prêtes ? s'impatienta mon père dans l'entrée.

— Les sandwichs sont faits, Victor ! Tu peux les mettre dans la glacière ? lui demanda ma mère depuis la cuisine. Anya, dépêche-toi, si tu veux que nous profitions de cette belle journée !

— Oui maman, répondis-je depuis ma chambre, à l'étage. Mais je ne trouve pas mon petit haut blanc, celui que vous m'avez offert à mon anniversaire, continuai-je en descendant les escaliers.

— Regarde dans la lingerie, intervint ma mère en me rejoignant au bas des marches. Il me semble l'avoir repassé hier.

Après avoir enfin trouvé mon débardeur, je pris mon gilet noir qui traînait sur la chaise de la cuisine et mis mes lunettes de soleil.

— Je suis prête !

— Tu es magnifique, mon ange ! me complimenta mon père, fier d'avoir lui-même choisi ce débardeur en magasin.

Une fois dans la voiture, nous roulâmes en direction du nord-est de la ville, afin de rejoindre la campagne.

Après avoir quitté la pollution, je contemplai le paysage afin d'apprécier la végétation. Le charme des herbages verdoyants et vallonnés, qui se dessinaient à l'horizon, donnait envie de s'enivrer de leurs parfums naturels. J'ouvris la fenêtre et pris une grande inspiration. Que c'était bon de respirer l'air pur !

Mon père gara le véhicule sur le bas-côté d'une petite route de campagne, à l'ombre du soleil. C'était un endroit où nous avions l'habitude de venir pour pique-niquer l'été. Nous empruntâmes un sentier qui menait vers une clairière, à une dizaine de minutes de marche. Elle était ensoleillée, à l'abri du vent.

Ma mère installa une grande nappe jaune, couvrant des pâquerettes et des boutons-d'or, et y déposa le nécessaire du repas.

Je m'allongeai sur le sol, cueillis un brin d'herbe et le mis à ma bouche. J'espérais pouvoir consacrer uniquement cette journée à me vider la tête et à profiter de mes vacances de Pâques. Durant ces derniers jours, j'avais pensé à ce que je voulais faire à la rentrée de septembre. Je devais faire un choix. Il fallait cependant que je me décide vite et que je donne ma réponse à mon professeur principal une fois la reprise des cours. Malheureusement, je n'avais aucune idée concrète en perspective. J'étais plutôt bonne élève, mais cette année de 1re scientifique avait été assez difficile. Je me demandais si cette orientation correspondait vraiment. J'hésitais entre deux solutions : entreprendre une formation dans le commerce et quitter la 1er S. ou bien continuer tant bien que mal dans ma lancée et tenter le baccalauréat l'année prochaine. J'étais toujours indécise. Mais pour le moment, je voulais profiter de cette belle journée.

Une fois le repas terminé, ma mère et moi bronzâmes un peu allongées sur l'herbe. Mon père, supportant très peu la chaleur, alla faire un tour à l'ombre, dans les environs des bois.

Le silence !

Pas un bruit de voiture ou de cyclomoteur strident, ni même les marteaux-piqueurs de la rue en travaux près de notre maison.

Le calme !

On pouvait y entendre le pépiement des oiseaux, ainsi que le léger bourdonnement des abeilles.

Ah, comme c'était agréable !

— Tu sais, ma chérie, s'exclama soudainement ma mère, j'ai réfléchi à la formation dont tu m'as parlé l'autre jour...

AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant