Épilogue - LE CAUCHEMAR

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 Durant le week-end qui suivit, je n'avais pas eu de nouvelles de Chris. Il ne répondait pas sur son portable. Il était parti pour de bon. Romaric était venu me rendre visite pour voir si je savais quelque chose sur son départ précipité.

— Il m'a juste laissé une lettre me disant qu'il devait faire le point, m'informa Romaric, alors que nous nous promenions le long de l'allée de la villa, à l'ombre et à l'abri des oreilles indiscrètes. Ce n'est pas dans son habitude de partir sur un coup de tête. Que s'est-il passé entre vous ?

— Ton frère est parti pour m'oublier, lui répondis-je. Nous ne ressentons pas la même chose l'un pour l'autre et il l'a compris.

— Oui, je suis au courant. Votre relation le tourmentait sans cesse. Mais il s'était fait une raison. Ce que je ne comprends pas, c'est que vendredi, avant la bataille, il allait très bien. Il était impatient d'être avec toi. Et c'est quand il t'a ramené chez Samuel qu'il t'a avoué qu'il désirait partir, n'est-ce pas ?

— Oui. Au départ, il prétextait que c'était pour retrouver une autre pierre. Mais ensuite, il m'a avoué que c'était pour s'éloigner de moi.

— Alors, il a dû se passer quelque chose durant la bataille qui lui a fait prendre cette décision. Tu ne vois pas ce que ça pourrait être ?

Je réfléchis un instant. À part lui avoir sauvé la vie en le faisant s'abreuver de mon sang, je ne voyais pas ce qui avait pu lui faire prendre une telle résolution. Et c'était peu probable que c'en soit la raison.

— Non, je ne vois vraiment pas. Mais peut-être qu'une fois qu'il aura voyagé quelque temps pour retrouver de nouvelles pierres et qu'il aura fait le vide, il reviendra par là ?

— La notion du temps, pour un vampire, est totalement différente de celle d'un humain. Pour nous, partir quelque temps peut représenter des années.

— Donc, je dois m'attendre à ne jamais le revoir, alors ? en déduis-je, toute penaude.

Romaric ne put que réprimer une petite moue pour me répondre.

— Il reviendra bien un jour, mais certainement pas durant ton existence.

Ses mots provoquèrent une immense tristesse en moi. Je ne pouvais imaginer un seul instant que je ne le reverrai peut-être plus jamais. Je repensai aux moments que nous avions partagés, à nos promesses...

— Il m'avait promis de m'aider à gérer mes nouveaux dons, ricanai-je mélancoliquement. Je comptais vraiment sur lui. Mais comme il ne reviendra pas, peut-être que toi, tu pourrais t'en charger ? demandai-je à Romaric avec un peu plus d'enthousiasme.

Il me regarda un instant puis fronça les sourcils.

— Ce serait avec plaisir, mais j'ai peur de ne pas savoir me contrôler si...

— Mon sang ? compris-je en hochant la tête.

— J'arrive tout juste à supporter celui d'un humain. Si jamais tu te blesses au cours d'un entraînement, je ne crois pas que je résisterai à son arôme. Je suis désolé !

— Ça ne fait rien, je comprends parfaitement.

— Mais, demande aux mutanimalis, me suggéra-t-il. Ils ne seront pas aussi rapides qu'un vampire, mais ils pourront tout au moins t'apprendre quelques règles de base.

— Je vais y réfléchir, dis-je en ramassant une branche dans le milieu de l'allée avant de la lancer sur le bas-côté. Ton frère va sûrement te manquer, je présume ?

— Il me manque déjà. Nous n'avons pas l'habitude d'être loin l'un de l'autre. Nous sommes vraiment très proches. Peut-être par rapport à ce que nous avons vécu après la mort de notre famille. Et maintenant que le clan de Jérémy est décimé, je n'ai plus personne, dit-il tristement.

AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant