12 - NOËL

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 Nous étions le 24 décembre. Il était seize heures quinze à la pendule de la salle à manger. Ma mère était dans la cuisine en pleine préparation du repas de Noël. De délicieuses odeurs se dégageaient de la cuisine, pénétraient jusque dans la salle à manger et s'entremêlaient à celle du sapin. Des chants d'une douce mélodie résonnaient dans la pièce pour l'occasion. Ma mère avait insisté pour mettre un CD, afin de nous mettre dans l'ambiance.

Dehors, le temps était couvert. Des nuages gris, presque bleu foncé, annonçaient les premiers flocons de neige. Je me réconfortai à l'idée que nous pourrions passer un Noël blanc. Puis, mes yeux s'arrêtèrent à travers la fenêtre, sur un oiseau posé sur le garde-corps. Il était tourné dans ma direction. C'était un magnifique corbeau arborant un plumage noir d'un éclat métallique. Il me semblait plus imposant que tous ceux que j'avais pu croiser dans ma vie.

— Que regardes-tu ? me demanda ma mère qui avait fait irruption dans mon dos.

— Il y a un énorme corbeau dehors, répondis-je. C'est étrange d'en voir encore en cette saison. Habituellement, ils migrent vers l'est à partir de septembre, récitai-je, me remémorant un article lu autrefois par mon père dans un magazine.

L'oiseau poussa un croassement, puis s'envola.

— Je vois que l'une des nombreuses passions de ton père t'a laissé quelques traces ! releva ma mère avec un sourire légèrement triste. Au fait ! se rappela-t-elle en se retournant avant de sortir de la pièce. Peux-tu surveiller le four pendant que je vais chercher ma commande chez le pâtissier ? La dinde doit bien rester dorée. Je ne voudrais pas que ça grille de trop.

— Bien, chef !

Puis, ma mère attrapa son manteau et se dirigea vers la sortie.

Je me réjouissais de pouvoir passer Noël avec Samuel. Il me manquait. Je n'avais pas l'habitude de me séparer de lui aussi longtemps. Peut-être était-ce un tort ? Mais je savais que nos retrouvailles n'en seraient que plus intenses. Et j'avais hâte d'être à ce soir.

Je m'affairai à décorer la table de la salle à manger. Je disposai le long de la nappe rouge un joli chemin de table fait de branches de sapin et de houx, ainsi que des bougies dorées, et quelques perles au rouge et au jaune scintillants. Je plaçai les assiettes blanches aux liserés or sur des sets de table verts. Je sortis les couverts en argent de la précieuse mallette que mes parents avaient eu en cadeaux de mariage, puis les disposai de part et d'autre de chaque assiette et y alignai les verres à pied devant. Je composai également une cascade de coupes de champagne sur la table attenante au mur de l'entrée de la salle à manger.

Je jetai tout de même un coup d'œil dans le four avant de monter me préparer dans ma chambre. Je pris rapidement une douche, puis coiffai mes cheveux avec le fer à lisser que j'avais emprunté à ma mère dans sa salle de bain, pensant qu'un peu de changement me ferait du bien. Mes cheveux étaient ondulés d'origine, et je voulais une coiffure différente pour les fêtes. J'enfilai le pantalon noir taille basse, acheté quelques jours auparavant avec Samuel, ainsi qu'un top rouge pailleté à dos nu lacé dans le dos, et chaussai mes escarpins ornés de petits strass sur les lanières. Je pris le temps de me maquiller et de me parfumer avant de redescendre à la cuisine.

Ma mère était déjà rentrée. Elle se dépêcha de terminer la préparation de son entrée et monta dans sa chambre après m'avoir annoncé que ma tante Emma et ma cousine Judith étaient en route pour la maison.

Les autres invités devaient arriver qu'une heure après. Je finissais d'installer les gâteaux apéritifs quand on sonna à la porte. Au même instant, ma mère dévala les escaliers.

Elle portait une robe blanche en laine, descendant au-dessus du genou et un long gilet noir un peu plus court que sa robe.

— Pile poil ! me lança-t-elle avant d'ouvrir la porte.

AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant