24 - LA SOIRÉE FRISSONS

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 Un long week-end de quatre jours m'attendait pour réviser mon examen de français. J'espérais seulement qu'il serait moins ennuyeux que celui de la semaine passée.

Comme convenu, Chris passa me chercher dans la soirée, pour aller au cinéma. La séance commençait vers vingt heures quinze. Au bout de dix minutes, nous fûmes déjà sur le parking du centre commercial qui faisait face au cinéma. Ne trouvant pas de place libre, Chris décida de se garer plus loin, sur un autre parking. Le centre commercial fermait à vingt-deux heures, et manifestement, il y avait encore beaucoup de monde dans les galeries.

Très galant, Chris paya les deux places de cinéma et se montra aux petits soins avec moi. Il prit place près de moi et l'odeur enivrante de mon sang ne semblait pas autant le déranger que les jours précédents, puisque plus aucun flot ne s'échappait de mon corps. Il resta cependant le plus loin possible de moi, assis au fond de son siège, par précaution.

Mais je ne me sentis pas tranquille pour autant, non pas que je n'avais pas confiance en lui, car je savais qu'il sortirait de la pièce s'il sentait le danger. Je m'inquiétais plutôt au cas où quelqu'un remarquerait quelque chose qui compromettrait son secret, comme le changement de couleur de ses pupilles passant du vert émeraude à l'ocre, par exemple. Pourtant, je devais certainement m'inquiéter pour rien, car il avait bien réussi à vivre durant dix décennies sans que personne ne remarque quoi que ce soit avant moi.

Mais je me sentis toujours aussi nerveuse quand le film commença. C'était un scénario adapté d'un roman que j'avais lu, qui racontait l'histoire d'une ancienne société secrète menaçant l'existence de l'Église catholique. Il n'y avait rien de vraiment romantique dans ce film, mais je m'en fichais, du moment que j'étais avec Chris et que je pensais à autre chose qu'à mes problèmes...

En sortant du cinéma, une légère brume se dégagea du sol, due à la forte chaleur et à l'humidité de la journée. Le ciel s'assombrit par la tombée de la nuit. Il ne resta plus beaucoup de voitures sur le parking.

— Le film t'a plu ? me demanda Chris.

— Oui, c'était pas mal, dis-je en frissonnant.

— Tu as froid ?

— Un peu.

— Attends-moi dans le hall ! Je vais chercher la voiture. Je n'en ai pas pour longtemps.

— D'accord, dis-je en souriant.

Je savais qu'il lui fallait très peu de temps pour la rejoindre.

Il traversa le parking en trottinant pour ne pas paraître trop rapide si un humain le voyait, puis disparut dans la brume, derrière le bâtiment principal du centre commercial.

Soudain, quelqu'un me saisit le bras derrière moi.

— Anya, ça va ?

Puis, Samuel me contourna en me relâchant pour me faire face.

— Samuel ? Mais que fais-tu là ?

— C'est une longue histoire. Tu n'as rien ?

— Non. Pourquoi veux-tu que j'aie quelque chose ?

— Ne traînons pas ici, me dit-il en scrutant les alentours. Rentrons !

Puis, il me prit à nouveau par le bras et m'entraîna avec lui.

— Attends ! Je ne peux pas partir. Je suis venue avec Chris. Il ne va pas tarder, il est parti chercher sa voiture.

— Non. Ne restons pas là. Il est très dangereux.

— Quoi ? bredouillai-je. Et puis d'abord, comment m'as-tu retrouvée ?

— Allison t'a vu ici dans sa vision, continua-t-il en me tirant toujours par le bras.

AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant