28 - LE PACIFISME

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 Après le départ de ma mère dans l'après-midi, je m'enfermai dans ma chambre pour suivre les conseils de Samuel. Je m'allongeai sur mon lit et tirai le dessus-de-lit pour me couvrir.

J'angoissais à l'idée de me retrouver seule dans la villa, avec des vampires à l'extérieur qui ne voulaient qu'une chose : mon sang. Mais je savais que Samuel patrouillait autour de la villa et qu'il veillait sur moi. Et je m'attendais même à le voir revenir dans les prochaines minutes.

Je pris mon lecteur MP3 dans le tiroir de mon chevet et fourrai les écouteurs dans mes oreilles. J'espérais que la musique me bercerait et m'aiderait à m'endormir. Je me plaçai sur le côté, dos à la baie vitrée, pour ne pas être dérangée par la lumière du jour.

Au bout d'une dizaine de chansons, je perçus une présence pénétrer dans la pièce et flairai un parfum qui m'était très familier. Les yeux toujours clos, je sentis une douce chaleur m'encercler et des lèvres chaudes papillonnèrent dans mon cou. J'entrelaçai mes doigts à ceux de Samuel et me blottis contre lui. Il resserra son étreinte et je pus m'endormir et rêver dans ses bras.

Il faisait noir dans mon rêve. Au loin, une silhouette avançait vers moi, trop loin pour que je puisse l'identifier. Alors, je m'avançai d'un pas rapide vers elle et reconnus Roland, en tenue de travail, avec un dossier à la main.

— Anya, j'ai une bonne nouvelle à t'annoncer, dit-il en souriant. Je sais qui a tué ton père.

Sa voix s'étendait comme un écho infini.

— Qui est-ce ? m'empressai-je de le lui demander.

Mais il ne me répondait pas.

— Je t'en supplie ! Dis-moi qui c'est, insistai-je.

Puis, sa silhouette s'éloigna, et je tendis ma main pour la rattraper, mais en vain. Roland n'était plus là.

Tous mes espoirs semblaient s'envoler, quand soudain, l'immense visage de Chris m'apparut, suivi de celui de Romaric, puis de Jérémy. Les trois visages se succédèrent à l'infini, dans la noirceur de mon rêve.

Brusquement, j'ouvris mes yeux et fixai le plafond de ma chambre. La pièce était encore lumineuse et je compris alors que je n'avais dû m'assoupir qu'une petite heure.

— Coucou, mon cœur ! chantonna Samuel, assis à mon bureau. Tu as finalement réussi à te reposer un peu ?

J'acquiesçai.

— Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je en me redressant contre la tête de lit, constatant que je n'avais plus mes écouteurs aux oreilles, cherchant mon MP3 sous les draps.

— Je l'ai posé sur ton chevet, ajouta Samuel, devinant ce que je cherchais. Tu gigotais tellement que j'ai eu peur que tu le fasses tomber.

Il prit avec lui mon journal et un calendrier, puis s'assit dans le lit, près de moi.

— J'ai comparé tes rêves sur le calendrier, en fonction des dates que tu as inscrites dans ton carnet. Et j'ai remarqué que tu faisais un rêve différent à chaque nouvelle lune. Durant toute cette lune, il peut t'arriver de faire plus ou moins le même rêve plusieurs fois. Mais la plupart du temps, ton rêve est toujours plus précis pendant la pleine lune. C'est à ce moment-là qu'il y a le plus de détails dans tes rêves.

— Donc, je ne pourrais faire qu'un seul rêve prémonitoire par mois ?

— À chaque changement de lune, apparemment.

Il me fallut quelques secondes pour digérer ces informations.

— Sauf si ton don se développe encore et que tu puisses en faire plusieurs par mois, voire par nuit, ajouta-t-il.

AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant