15 - LE CHALET

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 Le trajet dura deux heures et demie avant le premier arrêt. Nous nous arrêtâmes sur une aire de repos pour prendre un café et grignoter. Gribouille semblait supporter le voyage, jusqu'à présent. Elle avait dormi durant une grande partie du chemin sur mes genoux.

Nous fîmes un arrêt toutes les deux à trois heures durant le voyage. Ma mère avait préparé des sandwichs pour le midi et une salade de pâtes pour le soir, au cas où nous arriverions tard au chalet. Dans l'après-midi, elle et Patrick se relayèrent pour conduire. Patrick reprendrait le volant une fois que nous arriverions du côté de Genève.

Samuel, Ethan, Allison et moi passâmes notre après-midi à jouer à différents jeux de cartes et Samuel reprocha sans arrêt à Allison et Ethan – faisant équipe ensemble – de tricher. On aurait dit qu'ils devinaient en permanence les cartes que nous avions entre les mains. Patrick éclatait de rire à chaque fois, mais avait fini, en prenant un air plus sérieux, par leur demander de jouer dans les règles. Du coup, les parties de jeux devinrent équitables.

Après avoir quitté l'autoroute aux abords de Genève, ma mère céda sa place à Patrick. Il avait pris soin, auparavant, de mettre des chaînes sur les pneus du fourgon, afin d'accéder plus facilement aux routes qui étaient encore enneigées. Nous arrivâmes au chalet vers vingt heures trente, sous la neige. Le faible vent nous permit de décharger le véhicule rapidement, puis Patrick le gara dans un hangar sur le côté du chalet.

L'ambiance de notre lieu de vacances était chaleureuse. Comme tout chalet, il était constitué en grande partie de bois, mais aussi de pierres. J'aimais beaucoup la décoration de notre nouvel habitat pour nos vacances. L'entrée comportait un comptoir pour accueillir les clients venant y séjourner, quand le frère de Patrick et sa femme ouvrirent le chalet en chambre d'hôte. Le chalet contenait dix chambres sur deux étages sans compter celle des propriétaires qui se situait au rez-de-chaussée. Le salon et la salle à manger ne faisaient qu'une seule et unique grande pièce. Deux grandes cheminées habillaient chaque pignon. Au-dessus de l'une d'elles étaient accrochées deux carabines, et sur l'autre l'incontournable tête de cerf. La cuisine et l'arrière-cuisine se situaient au sous-sol, ainsi qu'une grande cave à vin.

Je m'occupai de ranger les affaires de Gribouille et de lui donner à manger. Ma mère rangea rapidement les sacs de nourriture dans l'arrière-cuisine et se hâta de nous préparer des boissons chaudes. Elle semblait être dans son élément et trouvait facilement ce dont elle avait besoin.

Tous épuisés par cette longue route, la soirée s'acheva rapidement et nous rejoignîmes nos chambres. Samuel s'occupa de monter nos valises dans la nôtre pendant que je m'assurai que Gribouille ne manquait de rien au sous-sol. Ma mère m'assura qu'elle se chargerait de la prendre avec elle pour la nuit. Elle reviendrait la chercher plus tard dans la soirée.

À présent rassurée, j'empruntai les escaliers jusqu'au palier et m'arrêtai un instant devant la porte de notre chambre. J'appréhendais un peu la nuit que Samuel et moi passerions ensemble à partager de nouveau le même lit. Je savais que nous voulions tous les deux prendre notre temps, mais serai-je assez forte pour résister à la tentation ? Ma mère m'avait pris un rendez-vous la semaine précédente pour que le médecin me prescrive la pilule, de peur qu'un accident arrive.

En entrant dans la chambre, Samuel était déjà en pyjama et m'attendait, allongé sur le lit, en train de lire.

— Qu'est-ce que tu lis ?

Il referma son livre et le posa sur le chevet.

— « Les Liaisons dangereuses » pour le cours de français.

— C'est bizarre ! Ce n'est pas la même couverture que mon livre, constatai-je.

— Oui, c'est parce qu'il n'y avait plus le même exemplaire que le tien, quand je suis allé à la librairie, la semaine dernière. J'ai finalement dû l'acheter dans une autre édition.

AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant