AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)

21 - CHRIS

 Avec tout ça, j'avais besoin de changer d'air, de voir d'autres visages.

Le lendemain, je pris mon téléphone pour faire défiler la liste de mes contacts, mais je ne savais pas qui appeler. Puis, en regardant sa coque nacrée, le visage de Chris m'apparut. Il y avait toujours ce côté étrange chez lui, presque inhumain, qui me fascinait. Je ne savais pas ce que c'était exactement. Peut-être était-ce cette incroyable beauté pâle qui attirait sans arrêt mon regard ?

Alors, je décidai de composer aussitôt son numéro.

— Anya ! Ton appel me fait plaisir, m'adressa la voix au bout du fil, avant même que je ne puisse me présenter.

— Chris, c'est toi ?

— Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Tu appelles sur mon portable, je te signale.

Comment avait-il deviné que c'était moi ? Encore une des nombreuses énigmes à résoudre le concernant.

— Oui, c'est vrai. Je suis juste étonnée que tu saches que c'est moi.

Je l'entendis rire au bout du fil.

— C'est parce que ton numéro et ton nom se sont affichés, voyons.

— Oh, oui, bien sûr ! soupirai-je en m'empourprant.

Maintenant qu'il me l'avait dit, ça me paraissait tellement évident. Pourquoi allais-je encore chercher une explication irrationnelle, alors que c'était tout simplement logique ?

— Je voulais savoir si tu étais toujours d'accord pour faire une petite sortie.

— Quand tu veux, ma belle !

— Pourquoi pas cet après-midi ? Tu serais libre ?

— Pas de souci. Je passe te chercher. Je serai chez toi dans... quinze minutes, ça te va ?

— Parfait ! Je t'attends.

Aussitôt le téléphone raccroché, je me ruai dans le dressing pour y dénicher une tenue un peu plus habillée, mais pas trop sexy. Il était hors de question de m'enticher d'un troisième prétendant !

J'optai donc pour un débardeur légèrement transparent, à manches longues, dans un dégradé de rouge orangé, marron et beige, puis une jupe courte noire.

Je descendis à la cuisine grignoter un peu avant de partir. Au même moment, un vrombissement résonna et des pneus chuintèrent dans l'allée. Je jetai un œil à la fenêtre. Une magnifique voiture noire, aussi sportive que élégante était garée sur le parking. Je m'empressai de déposer mon assiette dans l'évier et me dirigeai dans l'entrée. En ouvrant la porte, j'aperçus Chris descendre de la voiture, dans des gestes souples qui n'appartenaient qu'à lui, quand il s'accouda au toit du bolide.

— Salut, me dit-il en ôtant ses lunettes de soleil. Puis-je t'emmener faire un tour dans mon carrosse ? ajouta-t-il d'un geste de tête, tout en arborant un sourire ravageur.

Je refermai la porte derrière moi et descendis les marches jusqu'au parking.

— Quelle belle voiture ! Elle est à toi ?

— Oui, répondit-il fièrement.

— Je ne savais pas que ton métier te rapportait autant.

— J'ai beaucoup économisé pour me l'acheter.

— Je vois ça ! C'est quoi au juste, comme voiture ? demandai-je en caressant la carrosserie chauffée par le soleil.

— Une Maserati Cambiocorsa. Une petite italienne !