6 - LE DÉMÉNAGEMENT

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 Une luminosité inhabituelle et une chaleur agréable sur ma peau me réveillèrent. J'ouvris les yeux sur une clarté jaune qui éclairait la pièce à travers les fenêtres. Je sautai du lit et me précipitai pour ouvrir l'une d'elles. Le soleil brillait au milieu d'un immense ciel bleu. Je pris une grande inspiration en fermant les paupières. Ça y est, nous y étions enfin ! Samedi 2 août 2008 : le premier jour de notre nouvelle vie. Je sortis de ma chambre en dévalant les escaliers, engloutis rapidement mon petit-déjeuner et remontai les marches quatre à quatre. J'attrapai un vieux jean troué et un cache-cœur rouge un peu usé dans mon armoire et fonçai dans la salle de bain. Je fis couler l'eau de la douche et m'y précipitai. Ensuite, je me brossai les dents et retournai dans ma chambre. En traversant le couloir, j'aperçus ma mère sortir de la sienne. Je lui fis un petit signe de la main sans m'y attarder davantage. Cependant, elle frappa à ma porte.

— Anya, je peux entrer ?

— Oui, maman.

— Eh bien, chérie ! Tu es bien matinale ! Tu aurais pu rester dormir encore un peu.

— Je sais, mais je suis trop excitée. Et j'ai pas mal de cartons à finir avant que les déménageurs arrivent.

Ma chambre était pleine d'emballages à peine remplis.

— J'ai commencé à en faire quelques-uns, mais maintenant, il faut juste que je trouve des choses légères à mettre dedans, sinon ils seront trop lourds.

— Tu n'as qu'à combler le reste avec les vêtements de ton armoire, me conseilla-t-elle.

Ma mère avait toujours plein de petites astuces à prodiguer, même si parfois, elles se révélaient être désastreuses.

— Ah, oui ! Pas bête, comme idée. Je n'y avais pas pensé, avouai-je.

J'ouvris le tiroir du bas de mon armoire, amassai mes chaussettes et mes sous-vêtements qui s'y trouvaient et remplis les cartons qui se tenaient près de moi. Je fis la même chose avec le deuxième contenant des ceintures, des foulards et d'autres accessoires.

— Bon, je te laisse, en conclut ma mère. Je vais finir d'emballer la vaisselle de la cuisine.

— D'accord. À tout à l'heure.

Ma mère s'apprêta à refermer la porte, quand je me souvins avoir oublié de lui demander un renseignement.

— Oh, maman ! repris-je précipitamment. Préviens-moi quand le camion arrivera.

— Oui, bien sûr ma puce.

Je fis un petit sourire à ma mère, puis elle s'éclipsa.

Une fois les tiroirs vidés, je m'attaquai à la penderie. Je fis un pliage succinct de mes vêtements et les disposai rapidement en comblant les trous dans les cartons. Ensuite, je me chargeai de l'ordinateur. Il fallait débrancher tous les fils et le remettre dans son emballage d'origine que j'avais gardé. Il en fut de même pour ma chaîne stéréo. Une fois remplis, je pris le gros rouleau d'adhésif, puis les fermai, en prenant soin de bien marquer au feutre sur chacun d'eux leur contenu.

Au bout d'une heure, les cartons furent terminés et entassés dans un coin de la pièce. Je revérifiai par sécurité qu'il ne restait rien dans les tiroirs et sur les étagères de mes meubles. Je pris un instant pour m'asseoir sur mon lit et regarder ma chambre une dernière fois. Ma petite chambre bleue. Eh oui ! Bleue ! Lors de l'échographie, le médecin avait annoncé à mes parents qu'ils attendaient un garçon. Ils l'avaient tapissée en bleu lavande. Mais finalement, surprise ! C'était une fille. Alors, pour mes trois ans, ils voulurent la repeindre pour lui donner un ton plus féminin avec des touches de rose, de-ci, de-là, et y créer un univers de « princesse ». Mais j'avais dû insister pour garder cette couleur. J'avais grandi avec et je l'adorais. Les seuls changements opérés par mes parents au fil des années furent de remplacer le berceau par un lit, puis ajouter un bureau. J'aimais ma chambre telle qu'elle était, et au bout de dix-sept ans, je ne m'en lassais toujours pas. Malheureusement, il n'était pas prévu d'emporter les meubles. Ils seraient mis en brocante. Ma mère avait souhaité m'en acheter des nouveaux. « Tu auras une vraie grande chambre », m'avait-elle dit. Mais elle voulait me faire la surprise. Alors, il fallait que je prenne mon mal en patience et que j'attende le soir même pour découvrir mon nouveau mobilier, quand nous serons à la villa.

AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant