AU-DELÀ DE LA LUNE - 1 : Songes (l'intégrale)

10 - LE PREMIER RENDEZ-VOUS

 Je me réveillai de bonne humeur, heureuse d'entamer ma seconde semaine de cours. Qui l'aurait cru ? Mon amitié avec Allison grandissait et je me rapprochais de plus en plus de Samuel. Ethan était un peu plus distant, et néanmoins très sympathique avec moi.

Samuel restait désormais mon voisin de table, et Allison et Ethan étaient également côte à côte à des tables près de la nôtre. Je me souvenais qu'Allison m'avait fait comprendre lors de notre premier repas à la cantine, qu'elle avait des vues sur Samuel et je ne voulais pas être un obstacle entre eux. Pourtant, elle ne semblait pas gênée de nous voir passer du temps ensemble. En même temps, je ne savais pas non plus ce que ressentait vraiment Samuel à son égard. J'espérais seulement que ça ne jouerait pas sur ma nouvelle amitié avec Allison.

Le rêve que je fis cette nuit-là fut agréable et très étrange à la fois. Pour la première fois, j'avais rêvé de Samuel. Nous nous promenions dans un parc boisé. Il s'était penché vers moi et m'avait embrassée. Et bizarrement, il avait disparu en courant vers un arbre et quelques secondes plus tard, l'immense loup que je voyais dans la plupart de mes songes était apparu.

En me réveillant le lendemain matin, cette image resta figée dans ma tête. Je ne comprenais pas pourquoi ce loup revenait sans cesse dans mes rêves. Apparemment, je ne me remettais toujours pas de la mort de mon père et de cet énorme chien qu'il semblait avoir vu juste avant.

La semaine suivante, Cédric m'appela pour m'inviter à son anniversaire. Je lui avais trouvé un cahier de partitions avec une reliure en cuir et des lignes de portées vierges pour écrire ses nouvelles compositions au piano.

Le samedi, ma mère me déposa chez Cédric. Elle descendit aussi de la voiture et m'accompagna jusqu'à la porte. Des bougies et des ballons de diverses couleurs étaient placés le long de l'allée. Quelques guirlandes multicolores étaient suspendues devant le porche. Les parents de Cédric, Hélène et Roland, se tenaient prêts à sortir, leur manteau sous le bras. Ils me saluèrent, puis s'engouffrèrent avec ma mère dans la voiture. Ils avaient prévu d'aller tous les trois voir un film au cinéma et de terminer la soirée au restaurant. Ma mère se faisait une joie de cette soirée depuis des jours.

De ce fait, nous avions la maison rien qu'à nous pour fêter l'anniversaire de Cédric.

En entrant dans la demeure, je fus surprise d'être la première arrivée. La salle était sombre, mais superbement ornementée. Hélène était décoratrice d'intérieur, alors forcément, ça ne pouvait qu'être magnifique. Un bouquet de ballons flottait dans chaque coin et recoin de la pièce. Une autre guirlande scintillait tout le long de la salle à manger. Près du piano blanc de Cédric, sur une table nappée de blanc, il y avait un petit tas de cadeaux enveloppés dans un dégradé de papier bleu. Sur une autre table, également nappée de blanc, se dressait le buffet, agrémenté de deux jolis vases en cristal remplis de belles roses blanches. À côté, il y avait un énorme gâteau au glaçage blanc, avec une inscription bleue sur le dessus. Au milieu de la salle à manger, trois grandes tables étaient alignées, des piles d'assiettes bleues, blanches et argentées étaient posées dessus. Apparemment, vu la longueur de la table, Cédric avait dû inviter beaucoup de monde.

À l'autre bout de la pièce, du côté salon, les canapés, qui étaient habituellement disposés près de la cheminée, étaient poussés contre les murs afin de dégager l'espace pour danser. Un bac rempli de CD trônait devant la chaîne stéréo.

Sortant de la cuisine, Cédric portait un plateau à la main, chargé de verres à pied. Il arborait un grand sourire.

— Il me semblait bien avoir entendu ta voix tout à l'heure. Les parents sont déjà partis ?

— Oui, à l'instant.

— Oh, zut ! Ma mère a oublié de me montrer comment fonctionnait le four pour cuire les mini-pizzas pour l'apéritif. Saurais-tu, par hasard, comment on fait ?