Chapitre 6 : Triste fin de journée

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HERMIONE

Toutes les personnes dans la salle levèrent leurs baguettes en silence, en hommage aux défunts et à cette bataille survenue en ces lieux il y a quelques semaines à peine. Ron voulu me consoler en voyant mon air triste, mais je le rejetais. Je ne voulais de personne et j'étais toujours aussi perturbée par sa demande. Après un long moment, je vis une larme qui roulait le long de la joue d'Abelforth et qui me fendit le cœur car elle était le symbole de toutes les émotions qui le traversait et qu'il s'efforçait de ne pas partager aux autres.

- Je vais laisser les préfets en chef des différentes maisons vous conduire à vos dortoirs. Obéissez-leur. Les préfets, je vous attends dans votre dortoir à onze heures précises, et pas de retardataires !

Je me levais pour me présenter en tant que préfète, et levais la main pour que la table des Gryffondor et surtout les première année, puissent me voir. Je croisais le regard de Malfoy qui me foudroyait, Nina qui me sourit gentiment et Louis, qui me souriait de son sourire le plus charmeur, ce qui me fis rougir. Même si je savais que je lui plaisais, et que je le trouvais mignon mais sans plus, j'étais amoureuse de Ron, alors je sortis tout ce petit monde de mes pensées pour dire à la foule derrière moi :

- Gryffondor, veuillez me suivre jusqu'au dortoir, affirmais-je d'un ton froid et autoritaire. Je m'adoucis pour glisser un mot à Ginny qui se tenait à mes côtés. Est-ce que je pourrais te parler un peu plus tard ? C'est important.

- Oui pas de soucis, mais dis-moi de quoi ça parle, tu m'inquiètes.

- C'est à propos de Ron et moi, chuchotais-je pour que personne ne puisse m'entendre.

- Je vois. Ce n'est pas trop grave, j'espère ?

- Non ne t'inquiète pas... Écoutez-moi tous ! Je m'adressais aux autres Gryffondors. Je vous rappelle que le mot de passe de cette année est Amortentia, ne l'oubliez pas ou vous ne pourrez pas accéder à vos dortoirs. Comme d'habitude, faites attention aux escaliers parce qu'ils n'en font qu'à leur tête et sur ce, je vous souhaite une bonne nuit. Les valises sont aux pieds des lits, avec les prénoms sur chaque porte de chambre pour vous indiquer où vous dormirez.

- Bonne nuit Mione, me dit Ron en me déposant un tendre baiser sur la joue.

- Bonne nuit Ron. Je dois te laisser il est bientôt onze heures, je ne veux pas être en retard. Passe la bonne nuit à Harry, je ne l'ai pas vu depuis la fin du repas.

- OK, fais attention à toi, et reste sur tes gardes avec Malfoy dans les parages.

Je partais en me dépêchant et en repensant à ce que Ron venait de me dire. J'avais complètement oublié le regard noir de Malfoy, et ses paroles qui me disaient que j'allais le payer cher, ce qui me faisait peur sachant qu'il avait été aux côtés de Voldemort durant la bataille. Je l'avais vraiment blessé, si seulement je m'étais tue... mieux vaut ne pas en parler à Ron. Une fois devant le miroir du cinquième étage qui masquait l'entrée dans mon nouveau dortoir, je récitais le mot de passe et entrais.

Il y avait un salon aux couleurs de l'emblème des quatre maisons, assez neutre. Je me tenais encore dans le demi ovale de l'entrée secrète creusée dans la pierre. Face à moi, une grande bibliothèque qui recouvrait tout un mur. À ma gauche, une large commode de bois avec deux larges tiroirs et suspendu au mur juste au-dessus, les portraits des quatre fondateurs. Sur le dessus de la commode, quatre porte-documents en métal chacun d'une couleur différente (vert, rouge, bleu, jaune) pour que les hiboux y lâche notre courrier en attente d'être lu ou posté. À la droite de la commode, juste un peu plus loin de moi, une large porte avec un logo de canard peint en blanc dessus. Elle donnait accès à un petit hall avec trois portes : la salle d'eau, les toilettes filles, les toilettes garçons. Dans ce petit hall, quatre paniers des quatre couleurs des maisons pour y mettre notre linge sale. Comme à notre habitude, nous le retrouveront le soir suivant propre et plié sur le lit. Le reste de la pièce principale, la salle commune, s'étendait sur ma droite, avec des fauteuils en cuir et un large canapé du même style le tout dispersé au centre de la pièce, avec de petits coussins de velours noirs et des plaids de la même couleur. Sur le mur de droite, quatre portes alignées, chaque poignée d'une couleur différente, pour correspondre aux maisons.

Je ne comptais pas aller voir les chambres des autres, par respect de la vie privée, mais une fois que j'aurais dit bonne nuit à tout le monde, je ne me gênerais pas pour aller admirer la mienne pendant des heures avant de me coucher. Pour l'instant, j'étais seule avec Nina, dont les cheveux blonds brillaient à la lueur du feu. Je m'asseyais à ses côtés et avant que je ne puisse prononcer un mot, le jeune Serpentard avança et me lança un regard noir, de ses yeux devenus gris de colère. Mon cœur battait si fort que je pensais qu'il l'entendrait. Abelforth entra suivit de Louis, et mon dieu qu'il était séduisant, avec ses cheveux noirs qui ondulaient.

- J'espère que cette salle vous convient. De toute façon, rit Abelforth, vous n'avez pas tant le choix puisque vous allez devoir y rester toute l'année, vos valises sont déjà dans vos chambres comme pour les autres élèves. N'oubliez pas de trouver un thème pour le bal. Aussi, le mot de passe pour mon bureau est Albus.

Les valises ! J'étais tellement retournée par notre dernière dispute, avec Draco, que j'avais totalement oublié d'en parler avec McGonagall. Lorsque le nouveau directeur parti enfin, je me précipitais dans ma chambre. Le nom de Albus avait secoué tellement de choses en moi, que je m'effondrais sur mon très grand lit à baldaquin rouge et or. Quelques heures passaient et je me déshabillai pour revêtir un short aux couleurs de Gryffondor et un t-shirt blanc banal, un pull violet par-dessus. Je défis mes bagages, et j'entendais des bruits étouffés sur la chambre de droite. Je n'avais pas eu le temps de savoir à quelle chambre j'allais toquer que je poussais la porte timidement. Mon cœur battait la chamade, mon visage prit feu, je ne savais pas ce qui avait autant d'effets sur moi. Je regrettais tout de suite ma curiosité en découvrant la chambre verte et argent du Serpentard car les bruits que j'avais entendus s'avéraient être Malfoy. Avec une fille. Qui fila en courant de gêne après que je les ai surpris.

Il me fit son pire regard, alors je voulu m'enfuir dans ma chambre mais il me rattrapa par le poignet, et il m'installa sur son lit.

- Qu'est-ce que tu veux, Malfoy ? lui dis-je sur un ton glacial, pour ne pas qu'il aperçoive la peur qui se dessinait dans mes yeux.

- C'est plutôt moi qui devrait te le demander, tu es entrée dans ma chambre sans autorisation, alors même question, Granger !

- Très bien, vas-y, fait-le moi payer pour qu'on en finisse !

- Non.

- Mais pourquoi ?! je m'exclamais.

- Je ne te ferais pas de mal pour une nana, je la rattraperais plus tard.

- Laisse-moi sortir alors ! dis-je d'un ton implorant en regardant la porte.

- Non, maintenant que tu es là j'ai envie de parler.

- Très bien je reste, mais dans ce cas tu vas dans le canapé.

- OK.

Il se déplaça jusque dans son canapé en cuir d'un vert si sombre qu'au début je le pensais noir et il s'y assit. J'enlevais mon pull et m'installais dans son lit à baldaquin vert bouteille et blanc, avec des touches argentées. Je me lovais sous les couvertures afin de cesser de frissonner. Au final nos chambres sont les mêmes, la différence est juste dans les couleurs choisies pour celles-ci.

- Je t'écoute, murmurais-je. Je vis alors un caleçon noir au sol, et remerciais Merlin que la seule lampe allumée soit à la portée de ma main, car j'éteignis la lumière immédiatement pour ne plus avoir à le regarder.

- Pourquoi tu éteins ?

- Laisse tomber. Alors, de quoi veux-tu parler ?

- Oui bref. Je ne vais pas m'excuser pour ce que je suis, j'ai toujours été comme ça et je ne peux pas totalement le changer. J'ai mes défauts, comme tout le monde. C'est mon éducation donc tu ne peux pas m'en vouloir pour ce que je suis, alors oui je t'envoie deux piques quand tu m'en envoies un, et j'espère que je t'emmerde Granger.

- Je ne t'en veux pas, tu m'exaspères juste et j'ai un peu pitié de toi sur les bords, c'est différent.

- Tu crois que je suis un homme sans cœur, mais sache que j'ai conscience que tout ce qui est arrivé à Poudlard est en partie de ma faute. Je le sais et je m'en veux énormément. Tu crois que je ne pense pas à tous ceux tués par Voldemort ?

DRACO

J'avais passé des nuits entières à penser à tous ceux que j'avais tué, à vouloir mourir moi-même, à venger les morts en me punissant seul, physiquement. Grâce à la magie ma mère avait fait disparaître les cicatrices de ma tentative de rejoindre Dumbledore de l'autre côté pour le supplier de m'excuser de ne pas avoir réussi à m'affirmer face à mon père, d'avoir provoqué leurs morts, pour me pardonner d'avoir fait partie de ceux dont je ne cautionnais pas les actes mais auxquels j'étais obligé d'appartenir.

À présent, je souhaiterais faire table rase du passé, faire mon deuil de cette vie qui n'était pas la mienne, et soigner mon hypocrisie en partageant aux autres mon vrai moi, le Draco qu'ils n’ont jamais connu.

HERMIONE

Je pris vraiment beaucoup de temps pour lui répondre, mais à la seconde où je prononçais les quelques mots, il me mit à la porte de sa chambre, mon pull mauve sur l'épaule.

Je pense que tu es une personne qui se remet suffisamment en question pour évoluer dans le bon sens. Ça n’excuse pas tout, mais tu fais bien de saisir ta chance.

- Ce n'est pas drôle, Granger.

C'était là qu'il me déposait au pied de sa porte, un baiser sur la pointe de mon nez. Encore heureux qu'il ait fermé la porte, sinon il m'aurait vu rougir même dans le noir complet, tel une luciole. Il était très énervé, mais il avait embrassé mon nez. Pourquoi ? Il avait vraiment changé, il était différent du blond platine que je connaissais des années précédentes, mais je ne l'admettrais jamais publiquement, et encore moins devant lui. Une fois dans mon lit je repensais à ce baiser, qu'il avait volé à mon nez. Ce qu'il avait fait me tourmenta, je ne pouvais dormir. Décidément, cette journée fût riche en émotions.

Après la guerre - DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant