3. Réconciliations

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Je me réveille sur le sol dans les mêmes habits que je portais le soir précédent. Je me frotte les yeux et me lève avec difficulté. J'imagine que je me suis endormie de fatigue après la dispute entre moi et Oliver.
Je regarde l'heure : dix heure et demi.
Je me prend un t-shirt propre et un autre maillot et les enfile. Je me dirige vers les toilettes. J'ouvre la porte tranquillement pour évitez de rencontrer Oliver. Personne.
Étrangement, aucun bruit ne résonne dans la chambre d'Oliver. J'entre et personne est là. Je reviens dans la salle de bain et me lance un peu d'eau au visage pour me donner un peu de couleur. Je me regarde dans le miroir et je remarque une note sur celui-ci : "Sois adulte. Rejoins-moi à la rivière à midi".
Sois adulte, je me répète avec un rire en coin.

Je suis déjà en route, une pêche à la main en guise de collation.
Arrivé sur le rebord de la rivière, je laisse mon vélo gésir sur le bord de l'autoroute de terre. Je descends et remarque Oliver qui trempe ses pieds dans l'eau.
— T'es venu à pied ?
Il se retourne. Il rit légèrement et hoche la tête.
Je le rejoins, mettant moi aussi mes pieds dans l'eau.
— Content que tu sois venu.
Il regarde ma pêche.
— Tiens, tu as apporté ta vieille amie, dit-il d'un ton moqueur.
Je rigole en silence. Je la finis et jette le noyau un peu plus loin.
Je regarde mes pieds. Je ne sais même pas pourquoi je suis ici. Peut-être parce que j'avais pitié pour lui si je ne serais pas venu et qu'il aurais attendu pour rien. Ou peut-être car je ne peu résister à l'envie de le voir.
Je lui en veux pour hier, mais ça ne sert à rien d'être en colère contre lui. Tôt ou tard, je finirai par céder et lui parler de toute façon. C'est déjà le cas, en fait.
— Je croyais que tu ne voulais plus me parler, dit-il, réjouis.
— La ferme, je dis, un sourire en coin en le bousculant. Peut-être trop fort, car il se retrouve dans l'eau.
Je reste choqué, je n'aurais jamais cru que je pouvais pousser une aussi grosse masse dans l'eau.
Il se regarde et me regarde, puis se regarde et me regarde. Il éclate de rire. Moi aussi, je ris. Quel sentiment étrange. Rire avec lui me fait un bien fou.
— Si je suis dans l'eau, tu viens aussi, me dit-il en me tirant par les pieds.
Conclusion : nous sommes les deux trempés dans l'eau glaciale des montagnes. Nous nous arrosons comme deux enfants.
Après quelques minutes de rigolades trempé de la tête jusqu'aux pieds, je réalise que, en faite, je suis en train de tout "gâcher", comme il dit. Ce que je fais en ce moment, lui parler, l'approcher sera suivis de gestes déplacés, je sais de quoi je suis capable, je sais ce que je pourrais faire. C'était une idée idiote de venir ici. À quoi je pensais ?
Je m'arrête.
— Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il, essoufflé.
Je hausse les épaules.
— Hé...
Il s'approche de moi.
— Je... je dois y aller.
Retiens-moi, dis-moi de ne pas partir.
— Non, reste.
Il me saisit le poignet.
— Lâche-moi.
Ne me lâche pas, s'il te plaît.
— Non.
Je le regarde intensément.
— Tu ne gâche rien, ne t'inquiètes pas.
Comment a-t-il su ? Il a toujours le don de lire dans mes pensées ?
Il m'étreint dans ses bras. Je réagis aussitôt : je le serre contre moi d'une force incroyable, tirant sur sa chemise.
Nos haut collant notre torse se touchent comme si aucun tissu nous recouvrai, comme si je sentais sa peau contre la mienne. Un spasme de frissons me traverse le corps. Je ne me suis jamais autant bien sentis dans ses bras. Ça me rend heureux.
— Que veux-tu faire aujourd'hui ? je lui chuchote dans l'oreille
— Tout ce que tu veux.

Again, Please, Call Me by Your Name [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant