8. L'Épreuve de l'Étranger

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Une semaine. Une semaine est passée. Je n'ai pas pu passer une seule journée de plus avec lui. Il consacre son temps QUE pour Marlène. Ça me gonfle.
Je me réveille sur mon bureau. J'ai dû m'endormir en écrivant mes notes... Je me lève de ma chaise et craque chaque partie de mon corps avant de laisser sortir un bâillement de ma bouche. Je me dirige dans la salle de bain. Oliver y est.
   — Tiens, Elio, tu descends ? Le déjeuner est prêt.
   — Non merci. Je voudrais prendre une douche maintenant.
   Je me faufile jusqu'à la baignoire et fait couler l'eau.
   — Tu m'en veux, c'est ça ?
   — Oh, pourquoi je t'en voudrais, mon cher Oliver ?
   — Je ne sais pas. Tu agis bizarrement, c'est tout.
   C'est tout ? Il est débile, plus que je le pensais.
   — Maintenant, j'aimerais que tu sortes, j'ai des choses à faire.
   — Je ne peux pas rester pour regarder ?
   — Non.
   Ce devait être une blague, mais j'en aurai bien envie, mais d'un côté, je veux l'ignorer pour m'avoir ignoré et passé son temps avec Marlène. Elle a quoi de plus que moi ?
   Il sort. Bon débarras ! Enfin, je pense... Je saute dans la douche et me lave pendant un bon moment. Je sors, la serviette autour de la taille. Je me regarde dans le miroir. J'ai de plus en plus de poil. J'espère que plus tard, j'aurais une barbe aussi belle que celle d'Oliver. Je sors enfin de la salle de bain, prends un maillot et l'enfile. Je descends en bas et me prends une pomme.
   — Non hai intenzione di mangiare con gli altri ? (Tu ne vas pas manger avec les autres ?), me demande Mafalda.
   — Io non voglio. (Je n'en ai pas envie.)
Je pars dans le jardin, bronzer sur la chaise qui longe la piscine. Je pense à ce que fait Marzia. Je suis triste qu'elle ne m'ait toujours pas reparlé. D'une façon, je la comprends finalement, j'ai agi comme un con. Est-ce que je l'ai fait avec elle, car je m'imaginais que c'était... Oliver ?
   — Hey !
   Je gigote de peur sur ma chaise. Je me retourne et comme toujours, ce doit être Oliver. Je me remets en place et lui sors un bruit en guise de réponse.
   — J'ai acheté des cassettes de musiques, tu veux en écouter avec moi ?
   Ça m'intéresse. Je le regarde les yeux mi-clos à cause du soleil qui tape sur mon visage.
   — Viens.
   Je soupire et me lève. Je veux lui donner l'impression qu'il m'oblige. Pourquoi ? Je ne sais pas. Pour lui montrer que je suis indépendant ?
   Il me montre son walkman et quelques cassettes. Scorpions, Madonna, Phil Collins, Prince, Foreigner, il y a de tout. Que des chansons américaines.
   — Je me les ai achetés juste avant de venir, pour te faire écouter plus de musique d'où je vis.
   Il branche le casque et me fait écouter pour commencer Still Loving You de Scorpions. Je ne comprend pas tout le sens des paroles, mais elle est très belle. Je m'assois tranquillement sur le sol jusqu'à m'allonger complètement dans l'herbe. Oliver fais de même.
   Pendant une bonne trentaine de minute, j'écoute ses chansons, mais là, ça me fatigue. J'enlève le casque et lui redonne.
   — Et puis ?
   — C'est pas mal.
   — Oliver !!
   Nous nous redressons. Marlène court vers nous.
   — Je te cherchais partout. La mère d'Elio à besoin d'aide pour cueillir les petits fruits pour faire une gelée. Tu viens ?
   — J'arrive !
   Il s'en va, ne me regardant pas une seule fois. Mes poings se serrent. Quelle est l'utilité de venir ici si il m'abandonne et m'ignore complètement ? C'est une perte de temps. Je me lève, me secoue pour enlever l'herbe qui colle sur moi et part en direction de mon vélo.
   Je ne sais pas quoi faire.
   Je monte sur celui-ci et pédale.
   Je ne sais pas où je vais.
   Je pédale jusqu'à arriver au centre-ville. Je regarde un peu tout autour de moi. La bibliothèque ! Je dépose mon vélo à l'entrée en le cadenassant sur un poteau et entre dans la biblio. La bibliothécaire m'accueille.
   — Eh bien, dis donc, Elio ! Quelle surprise !
   — Bonjour, madame Burton.
   Elle est très gentille. Quand j'étais petit, je passais des journées à venir lire des histoires en sa compagnie.
   — Qu'est-ce qui t'amène ici ?
   — Je ne sais pas, je m'ennuie à la maison. J'ai pensé que je pourrais emprunter un livre pour passer le temps.
   — Tiens donc, Elio, j'ai un nouveau livre qui est sorti il y a quelques mois.
   Elle s'éloigne vers une étagère et en revient avec un livre à la main.
   — L'Épreuve de l'étranger. C'est très intéressant.
   Je l'inspecte. Bon, tant qu'à y être :
   — Je vais le prendre !
   — Tant mieux !
   — Je devrais y aller. Merci beaucoup !
   — Reviens quand tu veux, Elio.
Je sors de la bibliothèque et reprends mon vélo. Je repars, pédalant rapidement pour commencer le livre au plus vite. Arrivé à la maison, je laisser gésir mon transport sur le gazon et accours dans ma chambre pour finalement me jeter sur mon lit et commencer à lire.
   Une heure de passée que pendant personne n'est venue me déranger, j'ai lu une centaine de pages. Ce livre est vraiment intéressant. J'ai eu ma dose de lecture. Je dépose le livre sur ma table de nuit et me lève pour m'étirer. Je me dirige vers la porte, tourne la poignée, puis tombe nez à nez sur Oliver.
   — Tu m'as entendu ? me demande-t-il.
   — Non, je sortais juste au même moment.
    Je le devance.
   — Elio.
   — Quoi ? je lui réponds en continuant de marcher, ne sachant pas où aller.
   — Pourquoi tu me fuis ? il me dit en commençant à me suivre.
   — Je ne te fuis pas.
   — Regarde-moi.
   Je ne réponds pas. Je commence à descendre dans les escaliers. Une main se tend sur moi et me retient. Je me retourne : Oliver me serre le bras.
   — Regarde-moi.
   — Pourquoi... je dis, l'attention ailleurs.
   Il prend mon visage avec son autre main.
   — Qu'est-ce qui cloche ?
   Je marmonne d'un ton très bas :
   — Tu ne t'occupe pas de moi...
   — Quoi ?
   J'essaie de faire en sorte que sa main me lâche, mais elle reste agrippée comme une sangsue.
   — Dis-moi.
   Il tire mon bras vers le haut, n'ayant plus le pouvoir de me débattre. Un faux pas et je pourrais débouler de l'escalier. Il me fixe comme un lion qui chasse une gazelle.
   — Tu ne t'occupes pas assez de moi... je redis d'un ton un peu plus fort.
   — J'avais compris, je voulais juste que tu le dises une deuxième fois, dit-il en riant.
   Je prends cette opportunité pour me débattre une seconde fois. Je gagne. Il a lâché prise.
   — Et pourquoi tu ne me le dis pas à la place d'éviter ?
   — Parce que Marlène.
   Il reste bouche-bée. Je le regarde enfin.
   — Oups, désolé, je ne devrais pas parler comme ça de ta "fiancée", je dis, ironiquement.
   Il me donne une claque au visage. Je manque de tomber, mais la rampe m'a aider pour le coup. Je suis fou de rage. Il a osé me gifler ? Je vois dans ses yeux de la colère, on aurait presque dit qu'il y a des flammes. Je n'aurais jamais pensé qu'il pourrait me faire une chose pareille. Je baisse la tête pendant qu'une larme prend son chemin sur ma joue. Il me dépasse et s'en va comme si de rien était. J'ai envie de crier, crier toute la haine que m'a donner cette claque. Je fuis dans ma chambre et m'enferme pour pleurer. Je ne le pardonnerai jamais.

Again, Please, Call Me by Your Name [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant