1. La nouvelle

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Été 1984

Comme chaque matin, le soleil qui entre par ma fenêtre et qui m'éclaire le visage me réveille.
Je regarde ma montre : dix heure.
Je prends le premier t-shirt à ma disposition et un maillot. Je descends les escaliers et dis un bonjour à Mafalda qui passe le balais suivis d'un baiser sur la joue. Je rejoins mes parents qui sont déjà assis à la table dehors. Mon père lit le journal tandis que ma mère boit un thé.
— Tiens, salut mon chéri, me dit ma mère.
Je les embrasse les deux. Je me prends un œuf à la coque et m'assois. Je le casse et le mange tranquillement. Je me retourne vers mes parents. Il s'échange des regards bizarres.
— Quoi ? je demande.
Ma mère me regarde et se retourne pour une énièmes fois vers mon père. Celui-ci décide enfin de parler.
— Elio, tu te souviens de l'étudiante qui devait venir cet été ?
Je lui réponds en hochant la tête.
— Eh bien, elle ne viendra pas. Récemment, elle a appris que sa mère était mourante d'un cancer. Elle a préféré rester auprès d'elle et de continuer ses études à ses côtés.
Je baisse la tête. Quelle personne malchanceuse. Je me dis que un jours, j'aurai probablement un cancer, ou même ma mère, mon père, Mafalda, Anchise, qui sait ? C'est trop facile dire ça, mais il y a des morts chaque année, tous finiront par en avoir un.
J'aurais aimé la connaître. D'après ce que disait mes parents, elle leur avait l'air d'une fille très charmante et généreuse. Dommage que je l'aurai vu qu'en photo.
Je demande enfin :
— Qui viendra ? Un autre étudiant ?
Mon père regarde de nouveau ma mère et revient sur moi.
— Ce seront deux personnes.
La tension est haute, un piège se prépare.
— Oliver et sa femme seront les invités. Ils passeront six semaines avec nous.
Je crache ma bouchée d'œuf.
— Tu sais Elio, me parles enfin ma mère, Oliver était très heureux à cette idée. Nous ne faisons pas ceci pour ton mal, ça te fera un grand bien de le revoir. Ton dernier contact avec lui était l'appel où il t'annonçait qu'il se mariait ce printemps. Tu verras, ça t'enlèvera beaucoup de poids sur les épaules.
Je me lève et quitte la table.
Je me dirige à l'intérieur et monte les escaliers, me dirigeant vers ma chambre. Dire que je devrai changer encore de chambre et dormir sur un lit de roche.
J'entre et la traverse comme si cette pièce était un nouvel endroit. Je m'assois sur mon lit et pose ma main sur le matelas. Je me rappel de tout. Quand nous faisions l'amour, quand nous avions des conversations très tard, quand nous nous embrassions sous les bruits des criquets le soir. C'étaient les moments qui me rendaient heureux, le gamin le plus heureux sur terre.
Je reste assis comme un piquet sur le lit, puis un objet attire mon attention : la chemise qu'Oliver m'avait offerte quand il est parti sur un cintre accroché sur la poignée de mon armoire que j'ai appelé Billowy. Je la prends et la sens. Je ne l'ai jamais relavé, son odeur est plus ou moins imprégnée dans le tissu, mais il reste une petite odeur. Je la remets à sa place et me dirige vers mon lit pour me laisse tomber la face première dans celui-ci. Pourquoi je dois le revoir ? Je n'en fais plus de cauchemar, mes pensées ne sont pas bousculé par lui, et je dois lui refaire face ?
Quelqu'un toque. Je fais un gémissement étouffé par mon lit. La porte s'ouvre.
— Elio...
La voix de ma mère résonne dans la pièce. Elle s'assoit sur mon lit.
— Ça te fera du bien de le voir.
Tu parles ! Mieux mourir.
Je ne réponds pas. Sur ce, elle me caresse encore quelques secondes puis se lève et quitte ma chambre en fermant la porte.
Je lâche un long soupire.
Je reviens à table à l'extérieur après quelques minutes.
— Excusez-moi, je lâche en ramassant ma bouchée d'œuf qui est resté au milieu de la table.
Je me rassois. Le silence règne. Je le cède en demandant :
— Donc, il vient quand ?
— Dix heure demain matin, dit mon père.
Je hoche la tête.

Après avoir eu un déjeuner silencieuse, je vide mon assiette et vais me réfugier dans ma chambre.
— Elio ?
La voix de Marzia se fait entendre dans le couloir. Je sors de ma chambre et la salut.
— Dis, tu veux faire quelque chose ? me demande-t-elle.
— Ouais. Allons nous baigner au lac.

Again, Please, Call Me by Your Name [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant