13. Révélation

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J'ai passé ma journée avec Marzia. Je lui ai montré de nouvelles compositions que j'ai créé, nous avons écouté nos chansons favorites et parler de n'importe quoi.
— Que faisons-nous maintenant ? Il est quelle heure ?
— 22 h 13.
— Merde, je dois y aller ! Ma mère m'a dit de rentrer tôt. Salut Elio !
Elle me donne un baiser sur la joue et quitte aussitôt ma chambre sans attendre ma réponse. Je me laisse tomber sur mon lit et rêvasse. Je finis par m'endormir...

   — Elio.
   Je me réveille par une voix.
   — Hein...
   — Viens, allons faire un tour.
   Ma vue s'éclaircit. Oliver est devant moi.
   — Où ça... je dis en me frottant les yeux.
   — Suis-moi.
   Il me prend par le bras et m'entraîne hors de ma chambre.
   — Lâche-moi ! Tu me fais mal...
   Il ne m'écoute pas. Nous dévalons les escaliers tels des éclairs juste avant que le tonnerre fasse ses rugissements.
   — Dis-moi juste où nous allons !
   Encore aucune réponse.
   Il m'attire dehors juste attend pour la pluie qui se préparait. Il pleut des cordes que je ne vois même pas où nous nous dirigeons. Après un long moment, il s'arrête et me lâche. Je suis trempé de partout, aucune parcelle n'est intacte de la pluie foudroyante.
   — Que veux-tu à la fin ? Il pleut et tu m'apportes sous la pluie sans me dire un mot ? T'es devenu cinglé ? Je vais être malade !
   Toujours tourné dos à moi, il murmure :
   — Oui, je crois devenir cinglé, Elio.
   — Huh ?!
   Il se retourne enfin vers moi.
— J'en suis incapable.
— Que dis-tu à la fin ? Crache le morceau !
— Je ne sais pas, je...
— Bah, alors qu'est-ce que je fais ici... je lui dis en le coupant.
Je commence à marcher vers le chemin de la maison, mais il se lance sur moi et retient une seconde fois mon bras.
— Tu m'en veux ?
— T'es le roi des cons ? Tu es si naïf que ça ? Bien sûr que oui !
Mais qu'est-ce que j'ai dis ?!
— Désolé...
Soudain, je le sens me prendre dans ses bras.
— C'est moi qui suis désolé.
Oliver ? S'excuser ? On aura tout vu.
— Et pourquoi tu t'excuses ?
Il me repousse doucement. La pluie coule sur son visage.
— Marlène prend le train demain.
— Quoi ? Pourquoi ?!
— C'est n'est pas ce que tu veux ?
— Non, ce n'est pas ce que je veux, pas pour toi !
— Ça m'est égale.
Qu'est-ce qui lui prend tout d'un coup ?
— Oliver ? Ça va ? Pourquoi tu me dis tout ça ?
— Non... Pas vraiment...
— C'est ma faute ?
— En partie, oui..
Je ne l'ai jamais vu aussi déprimé que ça.
— Qu'est-ce que j'ai fait ?
Il ne parle plus. Je m'attends au pire. Je stresse. Je stresse tellement que j'en ai les larmes aux yeux. J'espère que ça ne se remarque pas à cause de la pluie.
— Elio... pourquoi tu existes ?
Un coup de couteau en plein dans mon estomac. Comment peut-il dire ça ?... Je n'ai plus aucun contact avec lui, il ne me regarde pas.
— Je ne savais pas que tout allait basculer comme ça en revenant ici...
   J'en peux plus.
— PUTAIN, MAIS DIS-MOI CE QUI TE PREND BORDEL DE MERDE !
J'ai envie d'exploser.
Il m'approche de lui.
— Dégage !
Malgré que je me débats, il reste le plus fort. Je sens ses lèvres se coller à mon oreille.
— Oliver...
Il est en plein délire ou quoi !?
— Tu as bu ?
— Peut-être un peu...
— Ridicule. Rentrons.
J'essaie une seconde fois de remarcher sur mes pas.
— Je lui ai dit de partir parce que...
Je m'arrête.
— Parce que quoi ?! Tu m'ignores comme si j'étais rien pour toi, un sac à merde !
— Justement, je ne voulais pas...
Il s'approche de moi et je le repousse.
— Comment ça ? Sois claire, bon sang !
— Je fais comme la première fois.
— La première fois ? De quoi parles-tu ?
— Tu te rappelle pourquoi je t'évitais à notre premier été ensemble ?
Tout devient flou autour de moi.
— Ha ha, qu'est... qu'est-ce que tu racontes, ha ha... je dis d'un rire malaisé.
— Je t'ignore parce que je ne voulais pas retomber en amour avec toi. Maintenant, j'imagine qu'il est trop tard.
La tête me tourne. J'ai juste envie de gerber. Je ne comprends plus ce qui se passe. Pourquoi je ne suis pas content ? Pourquoi je ne lui saute pas dans les bras ? Suis-je fâché ? Mes yeux voient que du vide, mon esprit est totalement perdu dans mes pensées. Je suis angoissé au maximum.
— Dis quelque chose...
Aucun mot sort de ma bouche. Je suis paralysé. Mon corps devient de plus en plus faible.
[Flash-back]
Putain, on a perdu tellement de temps... je lui dis.
Nous sommes assis sur une décoration dans le jardin à regarder les étoiles.
— Pourquoi tu ne m'as pas donné un signe ? je lui demande.
— Mais je l'ai fait !
— Ah ouais ? Quand ?
— Tu te rappelles quand on jouait au volley-ball, et que je t'ai touché le dos, histoire de te faire voir.. que tu me plaisais beaucoup, me dit-il en m'embrassant le cou. T'as quasiment réagi comme si je venais d'abuser de toi.
Il rigole.
— Je suis désolé, excuse-moi.
— Non, ça fait rien, j'ai seulement décidé de me tenir à distance... J'ai peut-être eu tord...
[Fin du Flash-back]
— Tu n'as pas eu tord, Oliver... je dis enfin avec difficulté.
Il me regarde intensément.
— Tu aurais dû te tenir à distance...
Je détourne la tête.
— C'est ce que tu veux ? me demande-t-il.
Je ne réponds pas, en fait, après tout ce qui s'est passé, je veux répondre "non". Je sais que je ressens une chose indescriptible pour lui, mais je ne veux pas l'admettre. J'ai peur.
Il prend mon visage dans ses mains et s'approche de plus en plus de mon visage.
— Je sais que ce n'est pas ce que tu veux.
Et il m'embrasse. Enfin. Des larmes cachées par la pluie coulent sur mes joues. J'attendais depuis la première seconde que je l'ai revu. J'avais envie de ce baiser, l'embrasser comme je l'aurais jamais fait avec quelqu'un, sentir son souffle chaud contre mon corps, le laisser me toucher comme il l'a fais quand c'était notre première fois. J'entre ma langue dans sa bouche et parcours celle-ci, les larmes ne cessant de couler. Je n'ai jamais autant aimé embrasser quelqu'un de ma putain de vie merdique. J'aimerais que ces baisers ne finissent jamais...
La pluie commence à cesser.
— Rentrons.
Je lui souris et prends sa main.
— Oui, rentrons.
Nous rebroussons notre chemin, main dans la main, pendant plusieurs minutes jusqu'à la porte d'entrée où nous nous lâchons.
— Soyons discret.
— Attend Oliver.
Il se retourne vers moi.
— Qu'as-tu dit à Marlène ?
— Qu'elle devait partir et que je lui expliquerais tout à mon retour.
— Qu'est-ce qu'elle a répondu ?
Il ignore ma question et entre dans la maison. Je le suis sans poser de questions. Nous montons les escaliers et allons dans ma chambre en fermant bien la porte. Il me fixe enfin.
— Pourquoi tu ne me dis pas ce qu'elle a dit ?
— On s'en fou...
— Moi, je ne m'en fous pas !
— Depuis quand tu en as de quoi à foutre de toute façon ? C'est ce que tu veux Elio, je le sais.
— Mais je veux que tu sois heureux aussi, ne pense pas qu'à moi..
— J'ai envie de penser qu'à toi maintenant...
Il s'approche tranquillement et m'embrasse encore et encore.

Again, Please, Call Me by Your Name [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant