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11h12,
Parc d'attractions,
Lucas.

Ça fait au moins trois bonnes heures que je suis en compagnie d'Amalia et de son fils dans ce gigantesque parc.
Tout est plus grand qu'ailleurs, c'est vraiment impressionnant.
Et puis on ne va pas se mentir, partager un moment en compagnie d'une personne comme Amalia c'est toujours plaisant.

Amalia: je vais vite aux toilettes. Noha tu as besoin d'y aller?
Noha: non.
Amalia: vous m'attendez ici alors?
Moi: comme il y a beaucoup de queue on va t'attendre un peu plus loin vers la bas!

J'y lance un bref clin d'œil, espérant qu'elle comprenne ce que je comptais faire.
Elle sourit en guise de réponse et me donna son petit sac à mains que je brandis, puis je fis de même avec la main de son fils.

Moi: la bas il y a une espèce de bateau avec des animaux dans l'eau, ça te dit? En plus il n'y a personne presque, ça ira vite!
Noha: OUI!

Nous nous installons alors dans le petit bateau lorsque vient notre tour.
Noha a l'air assez intéressé par les animaux qui l'entourent, pourtant je vais bien devoir mettre fin à sa contemplation.

Moi: alors bonhomme. Parle moi de toi.
Noha: bah... toi d'abord.
Moi: d'accord. Alors que veux tu savoir d'interessant hein?
Noha: maman elle te plaît?

    Okey.
Ne panique pas Lucas.
Tu vas lui parler et lui expliquer les choses calmement comme tu as promis à Amalia que tu le ferais.

Moi: t'sais Noha... dans la vie on fait et on n'a pas toujours ce qu'on veut. Par exemple ça arrive que quelqu'un tombe malade ou se met à ne plus supporter quelqu'un d'autre sans le vouloir. Et bah aimer c'est pareil. Ça se contrôle pas, ça fait partie des choses de la vie qui nous tombe dessus et qui peuvent faire très mal.
Noha: donc tu aime ma maman.
Moi: je n'ai pas dit ça. Certes ta maman est jolie gentille et tuti cuanti mais elle n'est pas « malade » d'amour pour moi, comme moi je ne suis pas « malade » d'amour pour elle.
Noha: je sais, elle est encore malade de mon papa français. Enfin c'est tonton Sneazzy qui l'a dit, moi je répète juste hein...
Moi: d'ailleurs en parlant de ça...







11h21,
Parc d'attractions,
Noha.

    J'ai l'impression de parler avec parrain.
Lui aussi il parle calmement et il fait un peu le maître d'école quand il m'explique des choses, comme Lucas.
Sauf que ce que me dit Lucas je le sais, il ne faut pas être bête pour voir que ma maman elle est encore malade de mon papa français.

Lucas: d'ailleurs en parlant de ça...
Moi: tu sais, c'est pas grave si tu veux pas être mon papa des États Unis hein, j'en chercherais un autre. C'est juste que toi tu avais l'air gentil et tout ça, et puis tu es fort comme mon papa français...
Lucas: c'est pas que je ne veux pas Noha. C'est que c'est impossible. Quand un bébé naît, le ciel lui offre une seule maman et un seul papa. Et même si cette maman et ce papa ne se parlent pas, ils aimeront quand même de toute leur force leur bébé qui va devenir un enfant. C'est comme ça que ça marche.
Moi: sauf que moi c'est pas comme ça. Mon papa il m'appelle jamais et maintenant que maman elle est encore plus énervée contre la faille de Paris elle veut même plus me laisser à la maison de papa tout seul comme avant...

    Je pleure.
Peut être parce que je suis un petit garçon et qu'on petit garçon ça a encore le droit de pleurer, mais mes yeux pleurent beaucoup.
J'en ai marre de ne plus voir ma famille et mon papa, j'en ai marre de me faire presque taper à l'école parce que je n'ai pas de papa.
L'autre jour si le maître n'était pas arrivé au bon moment, j'étais bon pour finir la tête dans la terre, tout ça parce que j'ai dis à Dylan que je le détestais parce qu'il avait dit que mon papa était pourris.
Lucas me prend dans ses bras.
J'aime tellement voir que je suis important pour quelqu'un d'autre que maman...

Lucas: quand j'avais 8 ans, mes parents aussi ne s'aimaient plus. Sauf qu'eux c'était vrai, ils n'étaient vraiment plus du tout amoureux. Ils se bagarraient tout le temps alors je dormais avec mon grand frère chez ma grand mère, et c'est lui qui décidait de quand est ce que j'allais pouvoir voir mes parents ou pas. On y allait souvent, et un jour on a ouvert la porte et mon papa était entrain de boire, énormément boire. Il ne tenait presque plus debout et avait du mal à parler. Mon frère disait qu'il ne savait même plus qui nous étions. Alors on est retourné chez ma mamie et il m'a promis que plus jamais je ne reverrais mon papa.
Moi: et tu l'as revu?
Lucas: oui. Une fois. A son enterrement. J'étais très triste, je pleurais beaucoup. Et depuis ce jour là je vais voir sa tombe le plus souvent possible, et je m'en veux toujours. Et tu sais pourquoi je m'en veux?
Moi: non?
Lucas: parce que je me laissais toujours faire, c'était toujours à mon frère de décider ce que j'allais faire. Et résultat: je n'ai jamais revu mon papa. Alors si tu veux revoir le tien, et revoir toute ta famille, dis le à ta maman. Dis lui jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et qu'elle t'emmène à Paris, comme avant.
Moi: d'accord je le ferais. Merci boucoup Lucas!

    J'y fais un immense câlin puis nous finissons notre tour.
Maman nous attendait devant les toilettes.

Lucas (a voix basse): c'est un secret ce que je t'ai dit hein?
Moi (a voix basse): promis!

Instagram//Framal tome2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant